Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Recueil des plus beaux vers mis en chant

Ouvrage collectif français, publié en 1661 par le libraire Sercy. Le musicien Bénigne de Bacilly (vers 1625-1690) s'était chargé de la notation des mélodies. Parmi les 518 pièces rassemblées, on note des œuvres de Malherbe, Benserade, Boisrobert, Ménage, Scarron, Voiture, Quinault. Molière aurait aussi participé à ce recueil, qui fut souvent copié et imité.

Réda (Jacques)

Poète français (Lunéville 1929).

Après des études de droit restées inachevées, il s'installe en 1953 à Paris, où il exerce plusieurs métiers, collabore à Jazz Magazine à partir de 1963 puis aux Cahiers du chemin (dirigés par Georges Lambrichs) à partir de 1967. Membre, quelques années plus tard, du comité de lecture des éditions Gallimard, puis rédacteur en chef de la Nouvelle Revue française (1987-1995), il reçoit en 1993 le grand prix de l'Académie française pour l'ensemble de son œuvre. Celle-ci commence véritablement avec Amen (1968, prix Max Jacob), qui, avec Récitatif (1970), présente plusieurs des aspects qu'on retrouvera dans la suite : Réda pratique une poésie de la promenade et des lieux, servie par une érudition discrète, aux accents parfois élégiaques, dans une versification à la fois libre et rythmée. S'il n'abandonne pas le vers régulier (Hors les murs, 1982 ; le Livre des reconnaissances, 1985 ; Lettre sur l'univers et autres discours en vers français, 1991), la prose apparaît dans la Tourne (1975) et plus encore dans les Ruines de Paris (1977), toujours conduit selon les hasards de la flanerie. L'herbe des Talus (1984, prix des Critiques), Recommandations aux promeneurs (1988) puis le Sens de la marche (1990) forment une trilogie de plus en plus ouverte aux digressions de l'écriture elle-même, mêlant descriptions, souvenirs et anecdotes, dans une prose poétique volontiers capricieuse. Aller aux mirabelles (1991) évoque surtout l'enfance lorraine, tandis que la Liberté des rues (1997) et le Citadin (1998) reviennent à l'errance parisienne. Son écriture, dont Celle qui vient à pas légers (1985) propose un art poétique, entend allier « les mots de tout le monde » au « léger décalage de la musique » : c'est celle d'un passionné de jazz (l'Improviste, une lecture du jazz, 1980), qui en retient, pour ses vers ou sa prose, le chaloupement et la maladresse savante.

Redol (António Alves)

Écrivain portugais (Vila Franca de Xira 1911 – id. 1969).

Premier représentant de la tendance néoréaliste au Portugal (Gaibéus, 1940 ; la Barque aux sept gouvernails, 1958), il ne sacrifie pas l'esthétique au documentaire.

redondilla

Mot espagnol désignant un quatrain d'octosyllabes à rimes embrassées (abba), une des formes les plus anciennes de la poésie castillane, peut-être originaire du Portugal (redondilha). Les redondillas sont parfois groupées par deux dans la poésie lyrique, et, dans les dialogues de théâtre, forment souvent de longues séries, en particulier dans les tirades narratives.

Redonnet (Martine L'hospitalier, dite Marie)

Écrivain français (1948).

Des poèmes (le Mort et Cie, 1985) et des contes (Doublures, 1986) exposent les obsessions que développent ses romans, notamment le triptyque Splendid Hôtel, Forever Valley et Rose Mélie Rose (1986-1987). Des voix de femmes y sont saisies dans le souvenir et l'attente angoissée d'un désastre hérité et imminent, dans des lieux qui se vident (îles, vallées, digues, frontières, hôtels, phares...). Des phrases courtes, précises, informatives, dépourvues de pathos, orchestrent la montée d'une angoisse innommée, tandis que répétition et circularité narratives entraînent inexorablement vers la catastrophe. Son théâtre (Tir et Lir, 1988 ; Mobie-Diq, 1989 ; Seaside, 1992) se réclame de Beckett.

Reed (Ishmael)

Écrivain américain (Chattanooga, Tennessee, 1947).

Avant tout satiriste, Reed a commencé sa carrière littéraire par des poèmes (Magicien, Poèmes choisis 1963-1970, 1972) dont les thèmes principaux sont l'individu, les problèmes raciaux et la politique. Violents dans leurs revendications, ses poèmes, comme ses romans (de Mumbo-Jumbo, 1972, à Japonais avant le printemps, 1993) sont comparables, selon lui, à un « match de boxe sur le papier ». En quête d'une langue et d'une forme spécifique à la littérature afro-américaine, il assimile l'écriture à une forme de sorcellerie ancienne, incompatible avec les cultures occidentales. La poétique de Reed est intentionnellement une poétique de l'agression.

Reed (John)

Journaliste et écrivain américain (Portland 1887 – Moscou 1920).

Il collabore aux revues libérales The Seven Arts et The Masses, puis rend compte de la révolution mexicaine (Mexique insurgé, 1914), de la guerre mondiale (la Guerre en Europe de l'Est, 1916) et de la révolution soviétique (Dix Jours qui ébranlèrent le monde, 1919). Membre du parti communiste américain, personnellement lié aux dirigeants bolcheviques, il a été le témoin et le porte-parole de la gauche américaine naissante.

Reeve (Clara)

Femme de lettres anglaise (Ipswich, Suffolk, 1729 – id. 1807).

Auteur de romans sentimentaux et moraux (les Exilés ou Mémoires du comte de Cronstadt, 1788), elle est surtout un des initiateurs du roman noir, avec le Vieux Baron anglais, histoire gothique, d'abord intitulé The Champion of Virtue (1777). Reprenant la veine du Château d'Otrante de Walpole, elle s'en distingue en développant, à travers le surnaturel et l'évocation du passé, un « roman familial » optimiste qui légitime la quête des origines et débouche sur une identité valorisante pour le héros. Elle se démarque en cela de la tonalité générale du roman noir.

Régio (José Maria dos Reis Pereira, dit José)

Écrivain portugais (Vila do Conde 1901 – id. 1969).

Il est l'auteur de poèmes (Poèmes de Dieu et du diable, 1925 ; le Cantique interdit, 1968 ; la Révolte du soir, 1971), où apparaissent les thèmes principaux de son œuvre : le conflit entre Dieu et l'homme, entre l'esprit et la chair, entre l'individu et la société, que l'on retrouve dans son théâtre (Jacob et l'Ange, 1940 ; le Salut du monde, 1953), ses romans et ses nouvelles (Colin-Maillard, 1934 ; la Vieille Maison, 1945-1966 ; les Racines du futur, 1947) d'une grande acuité psychologique. L'un des fondateurs de la revue Presença, il est l'auteur d'essais (Autour de l'expression artistique, 1940 ; Essai d'interprétation critique, 1964).