Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Robert (Shaaban)

Écrivain tanzanien de langue swahili (1909 – 1962).

Né sur la côte de l'océan Indien près de Tanga, il fait une carrière modeste dans l'administration coloniale et se fait connaître par ses poèmes dans la presse et enfin par une autobiographie (Maisha yangu, [Ma vie], 1936), texte composite dans lequel il mêle des réflexions sur sa vie familiale et sur la situation de l'écrivain pendant la période coloniale. Il publie un recueil de ses textes en 1947. Sa poésie qui suit les modèles arabes est un commentaire politique et moral de l'actualité sociale, détachée des textes classiques de la littérature islamique swahili. Militant nationaliste associé au parti de Nyerere, il est nommé président du Comité est-africain pour l'aménagement du kiswahili. Il donne des romans de politique-fiction et de critique sociale (Adili et son frère, 1951 ; Kusadikika, 1951) et une biographie de la chanteuse Siti Binti Saad. Son œuvre variée est remarquable par l'effort qu'elle représente pour donner en kiswahili une expression aux problèmes liés au nationalisme, en inventant une nouvelle écriture de la prose, pratiquée sous la forme de l'essai. Son nom est associé à la promotion du kiswahili comme langue officielle de la Tanzanie et moyen de communication régional en Afrique de l'Est.

Robert de Blois

Poète français (milieu du XIIIe s.).

Il composa un roman « breton », Beaudous, un roman d'aventures, Floris et Lyropé, et des œuvres didactiques en octosyllabes : le Chastoiement des dames, qui a contribué à un enseignement laïc pour les femmes, et l'Enseignement des princes, constitué d'une série de développements juxtaposés (le premier est appelé dans certains manuscrits l'Honneur des Dames). Ces deux ouvrages fournissent aux dames et aux chevaliers un code de conduite courtoise.

Robert de Boron

Écrivain français (XIIe-XIIIe s.).

Il est l'auteur d'un roman du Graal (le Roman de l'Estoire dou Graal) en vers, écrit vers 1200. Élucidant les origines du Graal, restées mystérieuses chez Chrétien de Troyes, Robert assimile le « vaissel » à la coupe dans laquelle Joseph d'Arimathie aurait recueilli le sang du Christ et que le Christ lui donne en garde après la Passion, tout en lui révélant les « secrets » du Graal. Joseph est ensuite chargé de choisir le futur gardien du Graal (son beau-frère Bron), qui devra emporter la « relique » en Grande-Bretagne, dans les « vaux d'Avalon » (lieu qui désigne l'abbaye de Glastonbury). Le texte de Robert de Boron, qui combine les données de textes apocryphes comme l'Évangile de Nicodème et le Livre de la destruction de Jérusalem, christianise définitivement le Graal, devenu relique de la Passion du Christ et support de miracles qui rappellent les miracles du Christ. Il met aussi en place une nouvelle conception de l'espace-temps arthurien, fondé sur le transfert d'Orient en Occident de la relique et du lignage des Rois Pêcheurs, qui en assureront la garde, et sur un temps ternaire, à l'image de la Trinité : la Table du Graal reproduit la table de la Cène et a été ensuite comprise comme préfiguration de la Table ronde. La quête sera achevée par le troisième homme, le fils de Bron, Perceval, dans les textes inspirés de ce roman des origines. L'histoire complète prendra la forme d'une trilogie. Robert de Boron, en effet, est également l'auteur d'un Merlin en vers dont il ne reste qu'un fragment. Lui sont attribués un Merlin en prose et un Perceval en prose par lequel se clôturent la quête du saint Graal et l'histoire du monde arthurien.

Roberts (Keith)

Écrivain anglais (Kettering, Northamptonshire, 1935 – Salisbury, Wiltshire, 2000).

Son premier roman, les Furies (1966), s'imposa comme un classique du roman cataclysmique. Pavane (1968), situé en 1983 dans une Angleterre régie par la papauté après que l'Invincible Armada ait triomphé en 1588, est un bel exemple d'uchronie et constitue une réflexion originale sur les mécanismes de l'histoire. Les Géants de craie (1974) mêlent l'exercice de style au récit initiatique, comme Molly Zero (1980), ouvrage entièrement rédigé à la deuxième personne du singulier et qui décrit les errances d'une femme dans une Angleterre morcelée à la recherche d'un nouvel essor. Roberts a rassemblé ses meilleures nouvelles dans les Seigneurs des moissons (1976).

Robida (Albert)

Écrivain et dessinateur français (Compiègne 1848 – Neuilly 1926).

Après des débuts dans le Journal amusant (1866), il collabora à la Vie parisienne (1871), puis fonda la Caricature (1880), y exerçant ses talents conjugués de dessinateur et d'écrivain. Son œuvre est très diversifiée : illustration de nombreux récits, ouvrages d'architecture (la Vieille France), vulgarisation historique, caricatures, romans d'anticipation (le Vingtième Siècle, 1883 ; la Guerre au vingtième siècle, 1887 ; la Vie électrique, 1890 ; l'Ingénieur von Satanas, 1919), où voisinent fantaisies technologiques et développements sociaux étonnants. Il publia aussi une parodie des romans de J. Verne, Voyages très extraordinaires de Saturnin Farandoul (1879).

Robin (Armand)

Poète français (Plouguernevel, Côtes-du-Nord, 1912 – Paris 1961).

Il mena une vie d'errance, voyageant à travers les pays (Russie, Allemagne, Scandinavie, Espagne), les langues (breton, russe, finnois, suédois, arabe, chinois, hongrois) et les livres (il traduisit notamment Maïakovski, Pasternak, Blok et Essenine dans Quatre Poètes russes, 1949), cherchant à y saisir une identité toujours fuyante (Ma vie sans moi, 1940). Éditant à partir de 1936 un bulletin qui rendait compte des nouvelles radiodiffusées en provenance de divers pays du monde et qui le conduisit à réfléchir sur le langage des médias (la Fausse Parole, 1953), abordant la vie politique et notamment la réalité bretonne par le biais de l'anarchisme (le Temps qu'il fait, 1942 ; Poèmes indésirables, 1946), il désespéra de faire passer le réel dans la poésie (Poésie non traduite, 1953-1958) et de rassembler un univers éclaté dans un langage qui fût le sien (le Monde d'une voix, 1968).

Robinet (Jean-Baptiste)

Écrivain français (Rennes 1733 – id. 1820).

Issu d'une famille de magistrats, il publia un essai, De la nature (1761-1764), où il développait un panthéisme à la limite du matérialisme. Il rejoignit en 1768 la société typographique de Bouillon, composa un Parallèle de la condition et des facultés de l'homme avec la condition des autres animaux (1769), collabora au Supplément de l'Encyclopédie et au Journal encyclopédique. Il édita les Affaires de l'Angleterre et de l'Amérique (1776-1778) et le Dictionnaire universel ou Bibliothèque de l'homme d'État (30 volumes, 1777-1783).