Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
O

Onetti (Juan Carlos)

Écrivain uruguayen (Montevideo 1909 – Madrid 1994).

Ses premières œuvres (le Puits, 1939 ; Terre de personne, 1941) préfigurent le nouveau roman français et trouvent leur aboutissement dans la Vie brève (1950), roman des métamorphoses du personnage traditionnel de la littérature qui finit par être réduit à l'état de simple pronom. Dans cette œuvre apparaît la ville – Santa María –, lieu privilégié des fictions postérieures d'Onetti. Les Adieux (1954) est un long récit dont les thèmes sont l'amour, la recherche de l'identité et la mort. En 1959 paraît Une tombe sans nom, parabole sur le travail de l'écrivain à travers une succession de récits le plus souvent autonomes. Avec le Chantier (1961), roman de la solitude, du désespoir et de l'absence de Dieu, complété par Trousse-Vioques (1964), Onetti poursuit ses recherches expressives. Dans la Mort et la fillette (1973) et Laissons parler le vent (1979) culmine le « cycle de Santa María » (les Bas-Fonds du rêve, 1959-1976).

Õnnepalu (Tõnu)

Écrivain estonien (Tallinn 1962).

Après avoir débuté par une poésie méditative centrée sur la nature (la Maison au bord de la rivière, 1985 ; Ithaque, 1988 ; Sur cette terre, 1990), il connaît la célébrité grâce à un roman (Pays frontière, 1993, sous le pseudonyme d'Emil Tode) analysant les rapports ambigus d'un intellectuel est-européen avec le monde occidental. Ses romans suivants (le Prix, 1995 ; Princesse, 1997) explorent avec minutie l'univers intérieur de personnages en quête d'identité qui mènent une vie errante dans différents pays d'Europe.

Onofri (Arturo)

Écrivain italien (Rome 1885 – id. 1928).

Ses poèmes publiés dans la Voce de 1914 à 1917 s'inspirent de Pascoli. Son œuvre postérieure, plus intimiste (Trompettes d'argent, 1924 ; Vaincre le dragon ! 1928 ; Zolla ritorna cosmo, 1930), se rapproche de l'hermétisme (Aprirsi fiore, 1935).

Ooka Makoto

Poète et critique japonais (Shizuoka 1931).

Fils d'un poète, il commença à publier des poèmes dès le lycée. Après avoir été journaliste pendant dix ans, il enseigne la littérature à l'université à partir de 1965. En 1955, il participa à la revue Kai, avec Tanikawa et Ibaragi, en inaugurant un cercle de recherches surréalistes. Il fonda également la revue Wani en 1959 avec Kiyooka et Yoshioka. Parmi ses très nombreux ouvrages, citons la Mémoire et le présent (1956), son premier recueil ; Capitale de l'eau (1981) ; Messages à l'eau du pays natal (1989), ainsi que ses critiques : le Surréalisme et le lyrisme (1965) ; la Lignée des prodigues (1969, prix Rekitei) ; Kino Tsurayuki (1971, prix Yomiuri) ; Pont sur la poésie (1977) et la série Poème de tous les jours, petit commentaire d'un poème ancien ou moderne publié chaque matin depuis 1979, et dont le recueil forme déjà une dizaine de volumes.

Ooka Shohei

Écrivain japonais (Tokyo 1909 – id. 1988).

Sensibilisé très tôt à l'univers de Baudelaire et de Rimbaud, découvrant Valéry, Gide et Proust – lors de ses études (1929-1932) à l'Université de Kyoto –, il éprouve, en 1933, un choc décisif à la lecture de la Chartreuse de Parme. Dès lors, il se fait connaître comme spécialiste et traducteur de l'œuvre de Stendhal. Mobilisé en 1944, il est envoyé aux Philippines. Fait prisonnier en janvier 1945 par l'armée américaine, il passe presque un an au camp de Leyte. Cette expérience de la guerre et de la captivité constitue le point de départ de sa création littéraire. Lauréat du prix Yokomitsu Riichi en 1948 pour sa première nouvelle, Journal d'un prisonnier, il va s'attacher à dépeindre, dans d'autres ouvrages, la guerre des Philippines : les Feux (1951) ; Chronique de la bataille de Leyte (1967-1969). Par ailleurs, dans la Dame de Musashino (1950), ou l'Ombre des fleurs (1958-1959), il tente de transposer dans le climat du Japon d'après-guerre le roman psychologique français. Auteur d'essais et de critiques (notamment sur le poète Nakahara Chuya, 1974), ainsi que de récits autobiographiques (l'Adolescent, 1975). Son œuvre révèle sa véritable personnalité, mélange harmonieux de lucidité et d'humanisme.

Opatoshu (Yosef Meyer Opatowski, dit Yosef)

Écrivain de langue yiddish (Mlawa, Pologne, 1886 – New York 1954).

Installé en 1907 aux États-Unis, il débute par des récits d'inspiration naturaliste (Roman d'un voleur de chevaux, 1912). L'américanisation de l'immigrant juif et les conflits qu'elle entraîne constituent l'un des thèmes dominants de son œuvre (Hebrew, 1917 ; Autour de Grand Street, 1929). On lui doit aussi des romans historiques (Dans les forêts de Pologne, 1921; Un jour à Regensburg, 1933).

Open Theatre

Groupe théâtral américain fondé par Joseph Chaikin à New York. De 1963 à 1973, il renouvela la technique dramatique en refusant les contraintes du réalisme et en définissant la représentation par la « collision dramatique » qui est au centre de chaque scène, par la mémoire affective, qui, distincte de la mémoire du texte, commande la sensibilité de l'acteur, par l'analyse du texte considéré en lui-même, par l'inspiration que reçoit l'acteur du metteur en scène. Le répertoire s'attache à la violence meurtrière du monde contemporain volontiers exposée sous forme de paraboles, notamment : la Cuisine d'Odets (1964) de Claude Van Itallie ; Fin de partie (1970) de Beckett ; Terminal (1971) de Roberta Sklar.

Opéra-Comique

C'est une forme de spectacle qui unit les dialogues parlés, la musique et le chant. L'origine de ce genre remonte aux spectacles des foires parisiennes Saint-Germain et Saint-Laurent, au début du XVIIIe siècle. L'interdiction faite aux acteurs forains (due à la malveillance de la Comédie-Française) de donner des pièces dialoguées et parlées favorisa l'essor du chant et de la danse. Lesage, Piron, Fuzelier et d'Orneval baptisèrent leurs productions « opéras-comiques ». Ce genre mixte et parfois burlesque se maintint dans sa forme primitive à peu près jusqu'en 1762, date de la fusion entre le théâtre forain et la Comédie-Italienne, qui devait prendre le nom d'Opéra-Comique en 1780. Dès lors, le genre se perfectionna sous l'action de quelques librettistes, comme Favart ou Sedaine, et de musiciens, comme Duni, Philidor (Blaise ou le Savetier, 1759), Grétry (Richard Cœur de Lion, 1784), Monsigny (le Déserteur, 1769) et Dalayrac. On observe, dès le milieu du siècle, deux tendances dans l'évolution de l'opéra-comique. Sous l'influence de l'opéra italien (cf. la querelle des Bouffons) et des partisans français de la Servante maîtresse de Pergolèse (représentée en 1752), comme Rousseau (le Devin de village), naissent des œuvres caractérisées par un ton sérieux et l'expression dramatique des sentiments qui annoncent, au-delà du mélodrame, l'opéra-comique du XIXe siècle (Carmen). D'autres œuvres conservent leur légèreté burlesque, qui préfigure l'opérette d'Offenbach, de Meilhac et d'Halévy ou les vaudevilles de Labiche et de Feydeau.