Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Démocrite

Philosophe grec (Abdère, v. 470 (vers 360 av. J.-C.).

Personnage donné par la tradition comme un grand voyageur, écoutant Socrate à Athènes, sans révéler qui il est, comme l'homme qui rit de tout, dont ses concitoyens craignent qu'il ne soit fou tandis qu'Hippocrate reconnaît sa sagesse (Lettres d'Hippocrate, 10-18 et 20, apocryphes), Démocrite est l'auteur d'une œuvre encyclopédique, conservée par fragments. Il a donné avec Leucippe la théorie de l'atomisme, posant seulement le vide et les atomes, imperceptibles, toujours en mouvement, qui forment les conglomérats sensibles et éphémères des mondes de l'univers. L'éthique du philosophe, qui traite de la « tranquillité de l'âme » (euthymiè), laisse voir à la fois les thèmes de la sagesse grecque et ceux de la philosophie hellénistique.

Demolder (Eugène)

Écrivain belge de langue française (Molenbeek 1862 – Essonnes 1919).

Membre de la Jeune Belgique, il s'en sépara pour fonder le Coq rouge (1895). Son œuvre se veut la récapitulation dramatisée de la Flandre picturale : la Légende d'Yperdamme (1897) transpose les anachronismes naïfs des peintres des XIVe et XVe siècles ; la Route d'émeraude (1899) reconstitue la vie des artistes flamands et hollandais au XVIIe siècle ; les Patins de la reine de Hollande (1901) s'inspirent de Jérôme Bosch et de Bruegel. Il écrivit en collaboration avec A. Jarry le livret de Pantagruel, opéra-bouffe mis en musique par C. Terrasse (1911). On lui doit aussi des critiques d'art et des impressions de voyages (l'Espagne en auto, 1906).

Démosthène

Orateur grec (Athènes 384 – Calaurie 322 av. J.-C.).

Fils d'un riche fabricant d'armes, orphelin à 7 ans, il intenta un procès à ses tuteurs qui avaient dilapidé l'héritage paternel et l'emporta (363). Élève d'Isée, orateur le plus connu du canon des dix orateurs attiques, il fut d'abord logographe, puis « rhètor », à un moment où le terme paraît désigner le « politique » de métier (L. Canfora). Un peu plus de trente discours judiciaires, plaidoyers civils (Discours 27-59) ou plaidoyers politiques (Contre Androtion et Contre la loi de Leptine, 355 ; Contre Timocrate et Contre Aristocratès, 352 ; Contre Midias, 347 ; Sur les forfaitures de l'ambassade, 343 ; Sur la couronne, 330 ; Contre Aristogiton I et II, 325) sont conservés sous son nom, avec les Harangues, deux discours d'apparat, des Prologues, des Lettres et des fragments. Engagé dans la lutte contre Philippe de Macédoine, Démosthène prononce les discours Sur les Symmories (354), Pour les Mégalopolitains (353), Pour la liberté des Rhodiens (351), où il traite de réforme financière, de la question des rapports d'Athènes avec la Perse, avec Sparte, avec Thèbes, et prône la défense des régimes démocratiques. La Première Philippique (351) ouvre une série de discours où l'orateur exhorte ses concitoyens à prendre les mesures nécessaires contre Philippe ; suivent les trois Olynthiennes (349-348), la Deuxième Philippique (344), après le Sur la paix (346) – exception de circonstance –, les discours Sur l'Halonnèse (343) et Sur les affaires de Chersonnèse, la Troisième Philippique (341), la Quatrième Philippique dont l'authenticité a été contestée. En même temps, Démosthène attaque Eschine (Sur les forfaitures de l'ambassade, 343). Après la défaite des Grecs, pourtant unis, à Chéronée (338), il continue de s'opposer à la domination macédonienne et pousse les Thébains à une révolte que réprime Alexandre, après la mort de Philippe (336) ; menacé, il est sauvé grâce à Démade. Il justifie sa politique et sa vie dans le discours Sur la couronne (330) : Ctésiphon avait proposé de couronner Démosthène au théâtre lors des Grandes Dionysies de 337 pour le remercier de son rôle dans la défense des fortifications et de sa politique en général ; Eschine poursuivit Ctésiphon pour illégalité et fut condamné. Plus tard, Démosthène fut compromis dans le scandale du détournement du trésor d'Harpale et s'exila à Égine puis à Trézène (324) ; il rentra à Athènes après la mort d'Alexandre, au début de la guerre lamiaque (323). Après la défaite de Crannon, près de tomber aux mains des Macédoniens, il se suicida dans l'île de Calaurie (322).

Démotique

Issue de la koinè hellénistique, la langue démotique (ou roméique) est la langue populaire grecque. Elle a donné naissance au démoticisme, mouvement linguistique destiné à la défendre contre la langue « puriste » ou « épurée » (catharévoussa). La lutte pour la victoire de la démotique comme langue littéraire connut son apogée à la fin du XIXe siècle avec les travaux du linguiste Psichari (Mon voyage, 1888) et la « génération de 1880 », mais c'est en 1976 seulement que la démotique fut reconnue langue officielle de l'État grec.

Demouzon (Alain)

Écrivain français (Lagny 1945).

Ironiques (Mes crimes imparfaits, 1974 ; Gabriel et les primevères, 1975) et symboliques (Monsieur Abel, 1979 ; Quidam, 1980 ; Paquebot, 1983 ; Mystère au musée du Chat, 1984 ; Lune rousse, 1988), ses romans policiers s'orientent vers des sujets politiques et sociaux (Mouche, 1976). Commencé avec Melchior (1995), le cycle de cet enquêteur, qui est lui-même sa propre énigme, se poursuit avec Melchior et les innocents (2000) et la Promesse de Melchior (2000).

Den Brabander (Jan Jofriet, dit Gerard)

Écrivain hollandais (La Haye 1900 – Amsterdam 1968).

Poète influencé par la « nouvelle objectivité », il publia avec E. Hoornik et J. Van Hattum Trois sur un quai (1938). Il mêle dans ses vers angoisse et fantaisie (l'Homme creux, 1945).

Den Doolaard (Cornelis Spoelstra, dit A.)

Journaliste et écrivain hollandais (Zwolle 1901-? 1994).

Poète (la Couleur de béton amoureux, 1926), il joue d'un exotisme facile dans ses romans d'aventures et ses récits régionalistes (la Noce des sept tziganes, 1939 ; l'Eau chassée, 1947 ; Des yeux dans le dos, 1971 ; Ensemble, c'est deux fois seul, 1976).

Denisot (Nicolas)

Poète français (Le Mans 1515 – Paris 1559).

Peintre, il fut précepteur des filles du duc de Somerset et joua un rôle dans la reprise de Calais. Lié à plusieurs groupes littéraires du temps, comme celui de l'Académie du philologue Jean Dorat, il tenta de faire adopter les vers mesurés dans le cadre d'une poésie moins soumise à l'inspiration et aux références mythologiques. On lui doit des Noëls (1545) et des Cantiques (1553) signés du pseudonyme anagrammatique « le Conte d'Alsinois ».