Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
E

Edogawa Ranpo (Hirai Taro, dit)

Romancier japonais (Mie 1894 – Tokyo 1965).

Il commença à publier, en 1923, des nouvelles policières, sous le pseudonyme d'Edogawa Ranpo, en hommage à son maître vénéré Edgar Allan Poe : la Pièce de deux sens (1923), le Test psychologique (1925), la Chambre rouge (1925), la Proie et l'ombre (1928), suivies de feuilletons : l'Homme-Araignée (1929-1930), Masque d'or (1930-1931). Véritable fondateur de la littérature policière au Japon, il eut une immense audience, en particulier chez les jeunes.

Edschmid (Eduard Schmid, dit Kasimir)

Écrivain allemand (Darmstadt 1890 – Vulpera, Suisse, 1966).

Il a contribué à créer le style expressionniste en prose (les Six Bouches, 1915), dont il se fait le théoricien (l'Expressionnisme en littérature et la poésie moderne, 1919) et qu'il illustre par ses récits érotiques, aux personnages extraordinaires, aux métaphores hyperboliques (la Vie enragée, 1916 ; Timur, 1916 ; les Billes d'agate, 1920). Il deviendra un auteur de romans (Sport um Gagaly, 1927 ; Destin allemand, 1932), de biographies romancées (Byron, Lesseps, Büchner, Bolivar, Schweitzer) et de récits de voyage.

Edwards Bello (Joaquín)

Écrivain chilien (Valparaíso 1888 – Santiago 1968).

Descendant d'Andrés Bello, il obtint un succès de scandale avec son premier roman (l'Inutile, 1910), tableau critique de la bourgeoisie chilienne. L'Ouvrier (1920) est une peinture vigoureuse des bas-fonds de la capitale. Valparaíso, la ville du vent (1931), repris plus tard sous le titre de Dans le vieil anmandier (1943), décrit les milieux d'affaires, mais sa prédilection va aux classes moyennes (le Chilien à Madrid, 1928). On lui doit aussi des Mémoires de Valparaíso (1969).

Eekhoud (Georges)

Écrivain belge de langue française (Anvers 1854 – Bruxelles 1927).

D'abord journaliste et poète, il découvre l'œuvre de H. Conscience et opte pour le roman et le conte régionaliste ; Kees Doorik (1883) est teinté de naturalisme. Peu à peu, il se constitue un style personnel et préfère la recherche de l'intensité, l'image et la couleur verbale à l'harmonie de la phrase : celle-ci est souvent surchargée de néologismes et de mots rares. Cofondateur de la Jeune Belgique, Eekhoud prend ses distances envers les théories de l'« art pour l'art » et crée en 1895 avec Émile Verhaeren la revue le Coq rouge. Il adhère au parti ouvrier belge et s'occupe, avec É. Reclus, É. Janson et É. Vandervelde, de l'Université nouvelle de Bruxelles. Après la Première Guerre mondiale, il est au comité directeur de la revue de Barbusse, Clarté. L'évolution de son œuvre (Kermesses, 1885 ; les Milices de Saint-François, 1886 ; la Nouvelle Carthage, 1888, puissante fresque haute en couleur consacrée à Anvers, et dont la version sera remaniée par deux fois ; les Fusillés de Malines, 1891 ; le Cycle Patibulaire, 1892) révèle deux thèmes majeurs : la préoccupation sociale et la hantise de l'homosexualité, culminant dans Escal-Vigor (1899). Dès lors, il mènera de pair célébration des réfractaires sociaux et glorification de la sexualité (les Libertins d'Anvers, 1912 ; le Terroir incarné, 1922). Eekhoud fut aussi un remarquable traducteur du théâtre élisabéthain (Webster, Marlowe, Ford).

Efoui (Kossi)

Écrivain togolais (Anfoin 1962).

Il vit à Paris et se fait connaître d'abord par ses pièces de théâtre (le Carrefour, 1990 ; Que la terre vous soit légère, 1996) et ses nouvelles. Son premier roman (la Polka, 1998), quête d'amour perdu au milieu des décombres, se fait remarquer par l'audace et l'efficacité de sa construction déstructurée et de son écriture désarticulée. La Fabrique de cérémonies (2001) confirme son talent novateur.

Efremov (Ivan Antonovitch)

Paléontologue et écrivain soviétique (Vyritsa, gouvern. de Saint-Pétersbourg, 1907 – Moscou 1972).

Il est l'un des rares écrivains de science-fiction de l'ex-U.R.S.S. dont l'œuvre ait été à peu près intégralement traduite dans les pays occidentaux. Après une première nouvelle, la Cheminée aux diamants (1944), il a publié son premier recueil, Récits, contes scientifiques (1953), où la paléontologie tient une large place. Mais c'est en 1956, avec la Nébuleuse d'Andromède, qu'il accéda à la renommée internationale. Marqué par le début de libéralisme institué en U.R.S.S. après la mort de Staline, c'est un plaidoyer pour un « socialisme à visage humain » parant la société communiste à venir de toutes les vertus et développant le thème du « premier contact » avec une race extraterrestre sous un angle résolument optimiste. Son auteur lui donna une suite quelques années plus tard avec Cor Serpentis (1958), réponse à un texte au thème identique de l'écrivain américain Murray Leinster, Premier Contact. En 1964, enfin, Efremov reprit dans un dernier roman-fleuve, le Fil du rasoir, l'idée d'une civilisation très avancée antérieure à la nôtre.

Eftaliotis (Argyris)

Écrivain grec (Mytilène 1849 – Antibes 1923).

Ayant vécu à l'étranger, ce représentant typique de la génération de 1880 évoque avec nostalgie son île natale, Lesbos, dans des nouvelles écrites en démotique (Histoire des îles, 1894).

Egan (Greg)

Écrivain australien (Perth 1961).

Révélé par le magazine britannique Interzone, il s'est imposé comme l'auteur emblématique des années 1990 avec des nouvelles (Axiomatique, 1995) et des romans (Isolation, 1992 ; la Cité des Permutants, 1994 ; l'Énigme de l'Univers, 1995 ; Téranésie, 1999) qui traitent de l'impact social et éthique des nouvelles technologies, notamment celles qui conduisent à la modification et à une remise en cause de l'humain.

Egill Skallagrimsson

Scalde (Borg v. 910 – id. v. 990).

S'il faut en croire la saga de Snorri Sturluson, ce fut une personnalité hors du commun. On lui doit 3 chefs-d'œuvre : le Rachat de la tête ; l'Arinbjarnarkvida et surtout la Perte irréparable des fils  : commençant par invectiver Odinn, dieu des scaldes, qui lui a ravi ses fils tragiquement disparus, le poète se rend compte qu'il les assure de l'immortalité par son verbe et finit par louer le dieu qui lui a conféré ce don.