Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
S

Sereni (Vittorio)

Écrivain italien (Luino 1913 – Milan 1983).

Il rompt avec l'hermétisme de ses premiers vers (Frontières, 1941), à partir de Journal d'Algérie 1947). Sa poésie (les Instruments humains, 1965 ; Étoile variable, 1981) et ses proses (Aux alentours, 1962 ; l'Option, 1964) évoluèrent alors de plus en plus vers un constat éclaté du mal de vivre contemporain.

Serge (Viktor Lvovitch Kibaltchich, dit Victor)

Révolutionnaire et écrivain russe de langue française (Bruxelles 1890 – Mexico 1947).

Fils d'un révolutionnaire russe émigré, il est attiré par l'anarchisme. Installé en France (1909), il est arrêté (1913) et jugé avec la bande à Bonnot. Libéré (1915), il s'installe en Espagne, puis tente de gagner la Russie par la France. Arrêté de nouveau (1917), il est interné dans un camp réservé aux agitateurs bolcheviques, échangés plus tard contre des aristocrates russes (1919). Naturalisé citoyen soviétique, il devient membre de l'exécutif de l'Internationale. Il prend parti pour Trotski et est exclu du parti communiste (1928). Ayant perdu tout travail, il se tourne vers la littérature et écrit en français trois romans : les Hommes dans la prison (1930), Naissance de notre force (1931), Ville conquise (1932). Déporté (1933-1935), libéré grâce au soutien d'écrivains français (1936), il revient en France et lutte contre le fascisme et le stalinisme : Destin d'une Révolution (1937), S'il est minuit dans le siècle (1939). Il quitte la France (1941) pour le Mexique. Il écrit des romans, l'Affaire Toulaev, les Années sans pardon (1946), et surtout les Mémoires d'un révolutionnaire (1951). Son œuvre constitue un témoignage historique de première importance.

Sérgio de Sousa (António)

Essayiste portugais (Damão 1883 – Lisbonne 1968).

Fondateur de la revue A Águia, d'où sera issu le groupe « Renascença Portuguesa » (1912), il s'en démarque par son opposition à Teixeira de Pascoaes et à la pensée saudosiste, et crée la revue Pela Grei (1918). Ses prises de position successives, souvent polémiques, marquent une évolution dans la pensée portugaise. Il s'insurge contre le passéisme et le saudosismo en tant que programme national. Ses essais apportent une vision et une réflexion nouvelles aux problèmes posés par l'histoire nationale. Les motivations socio-économiques apparaissent au grand jour, expliquant les grands mouvements historiques portugais ; par son travail de réflexion, António Sérgio a lancé les nouvelles bases de l'historiographie contemporaine. Son analyse rationaliste et sociologique s'étend à l'histoire et à la critique littéraires. Son œuvre est réunie dans les Essais (1958, 1971-1974).

Serizawa Kojiro

Écrivain japonais (Shizuoka 1896 – Tokyo 1993).

Ses parents étant des missionnaires laïques de la secte Tenri, il vécut son enfance dans une grande pauvreté. Il apprit le français dès sa propédeutique de Tokyo, et après des études d'économie, il entra au ministère de l'Agriculture et du Commerce en 1924. En 1925, il vint à Paris avec sa femme pour étudier l'économie à la Sorbonne, mais, devenu tuberculeux, il rentra au Japon en 1928. Les expériences vécues dans ses années de jeunesse ressortiront dans son roman J'irai mourir à Paris (1943), traduit en 1954, comme aussi la Fin du samourai (1952, trad. 1955), sur la bombe atomique, qui lui valut d'être proposé pour le prix Nobel. Œuvres principales : Bourgeois (son premier roman, 1930) ; Madame Aida (1955) ; le Destin de l'homme (14 vol., 1962-1968), immense chef-d'œuvre autobiographique ; les Sourires de Dieu (1986).

Sernet (Ernest Spirt, dit Claude)

Poète français d'origine roumaine (Tirgu-Ocna 1902 – Paris 1968).

Engagé très jeune dans les revues modernistes de son pays natal, il s'installe en France en 1928, adopte la langue française, se lie au groupe du « grand jeu » (Daumal, Gilbert-Lecomte), tout en restant proche du modernisme roumain, et traduit Tzara en français. Commémorations (1937), Un jour et une nuit (1938) marquent le début de sa production propre, assez classique. Engagé dans la résistance aux côtés des communistes, il participe au collectif l'Honneur des poètes (1943). Il est très productif dans les années 1950-1960 : D'une suite sans fin (1953), Avec les mêmes mots (1955), Éléments (1963), où son lyrisme s'amplifie. Sa poésie engage une réflexion d'ensemble sur l'accord au monde : à la fracture de l'identité (entre deux cultures) répond le monde de la nature. Un excellent exemple de la confluence entre les cultures roumaine et française.

Serres (Olivier de)

Seigneur du Pradel, écrivain et agronome français (Villeneuve-de-Berg 1539 – Le Pradel, près de Villeneuve-de-Berg, 1619).

Diacre à l'église protestante de Berg, il prit part quelque temps aux guerres de Religion mais se retira assez tôt dans son domaine du Pradel, dont il fit une ferme modèle où, à l'agriculture routinière, il substitua l'agriculture raisonnée. Son Théâtre d'agriculture (1600) eut un succès considérable et contribua au retour à la terre de la noblesse et à la rénovation agricole de la France à la fin du XVIe et au début du XVIIe s.

Seume (Johann Gottfried)

Écrivain allemand (Poserna, près de Weissenfels, 1763 – Teplitz 1810).

Étudiant pauvre, il fut enrôlé de force dans les troupes hessoises et expédié en Amérique. À son retour, il déserta puis mena une vie instable comme précepteur, secrétaire d'un général, lieutenant dans l'armée russe, rédacteur et professeur de langue à Leipzig, sans cesser de voyager. Il a raconté ses pérégrinations dans son autobiographie (Ma vie, 1813), dans Promenade à Syracuse (1803) et Mon été pendant l'année 1805 (1807). Son don d'observation appliqué aux conditions politiques et économiques des pays parcourus fait de ces récits de précieux documents historiques.

Sevak (Parouyr Rafaelovitch Kazarian, dit)

Poète arménien (Tahanakhtchi, auj. Sovietachen, 1924 – Erevan 1971).

Lauréat officiel pour son poème sur Komitas, le Clocher intarissable (1959), il s'est affirmé comme un satiriste mordant, épris de liberté, dans son recueil intitulé Que la lumière soit ! (1969).