Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
O

Ochagan (Hagop Kufédjian, dit)

Écrivain arménien (Söylöz, près de Brousse, 1883 – Alep 1948).

Il échappa aux arrestations d'avril 1915 et vécut clandestinement à Istanbul jusqu'en 1918. On lui doit des essais critiques, un vaste Panorama de la littérature arménienne occidentale (1945), des nouvelles (les Humbles), des romans, dont la trilogie des Condamnés, une immense fresque romanesque inachevée (Paralipomènes) qui évoque le destin tragique de l'Arménie, des pièces de théâtre, dont Par la route du ciel (1936), un drame inspiré des déporations de 1915.

Ochagan (Vahé)

Écrivain arménien (Plovdiv 1922 – Philadelphie 2000).

Formé à l'école de l'existentialisme, il n'en développa pas moins « une poésie de l'absurde » dans ses recueils (la Ville, 1963 ; Alarme, 1980 ; Identité, 1996) qui ont profondément marqué la poésie arménienne de la seconde moitié du XXe siècle. Sa prose explore souvent des sujets tabous (Autour du piège, 1988).

O'Connor (Flannery)

Femme de lettres américaine (Savannah, Géorgie, 1925 – Milledgeville 1964).

Une conception janséniste de la foi et de la grâce fonde une œuvre conçue comme instrument de révélation (Sagesse dans le sang, 1952 ; les Braves Gens ne courent pas les rues, 1955 ; Et ce sont les violents qui l'emportent, 1960 ; Mon mal vient de plus loin, 1965). Ses essais posthumes (Mystères et Manières, 1969) jugent la littérature de peu de poids face à la misère du monde. Une partie de sa correspondance a été réunie sous le titre l'Habitude d'être (1979).

O'Connor (Michael John O'Donovan, dit Frank)

Écrivain irlandais (Cork 1903 – Dublin 1966).

Bibliothécaire à Cork puis Dublin, directeur de l'Abbey Theatre (1936-1939), dont il démissionna pour protester contre la censure, il publia un récit émouvant du conflit entre la Grande-Bretagne et l'Irlande (Invités de la nation, 1931). Gelée de pommes sauvages (1944) et Relations domestiques (1957) font songer, par l'intelligence et la compassion de l'écriture, à Tchekhov. Théoricien de la nouvelle, O'Connor y voit l'art des groupes minoritaires « submergés ». Poète, auteur dramatique, romancier, il a laissé une autobiographie (An Only Child, 1961 ; My Father's Son, 1968) et donné de remarquables traductions de poésie irlandaise.

Oda Makoto

Écrivain japonais (Osaka 1932 – Tokyo 2007).

Diplômé de l'Université de Tokyo où il étudie le grec ancien, il séjourne ensuite aux États-Unis comme boursier Fulbright (Harvard, 1958-1959). Après un premier roman : l'Époque de ma vie (1956), un récit de voyage, Je veux tout voir (1960), lui apporte la notoriété. Ses actions contre les guerres et la discrimination sous toutes ses formes sont étroitement liées à ses œuvres : Amérique (1962), Histoire contemporaine (1968), Japon : une littérature de l'isolement (1975) ; Loin du Viet-nam (1980-1989), Hiroshima (1981).

ode

L'ode était chez les Grecs un poème chanté, de forme et d'inspiration variées, et elle apparaît dès le VIIe s. av. J.-C. chez Alcée et Sappho, sous forme de chansons guerrières, festives ou amoureuses. L'ode solennelle est représentée par les épinicies (odes triomphales en l'honneur d'athlètes) de Bacchylide et de Pindare (Ve s. av. J.-C.). À Rome, c'est le lyrisme éolien qu'imite Horace dans ses Odes, mais le genre n'est plus musical. Redécouverte par Pétrarque et illustrée en Italie par le Tasse, l'ode fut introduite en France par la Pléiade (Ronsard, Odes, 1550-1555). Peletier du Mans (Art poétique, 1555) fait de l'ode «  le genre d'écrire le plus spacieux pour s'ébattre qui soit au-dessous de l'œuvre héroïque  ». Malherbe créa la grande strophe lyrique française, comme, en Angleterre, Milton dès l'Ode de la Nativité (1629) établit le modèle d'un genre visionnaire. Saint-Amant, Mainard ou Racan jouent sur une émotion plus personnelle. Après Boileau et J.-B. Rousseau, l'ode retrouve le haut lyrisme avec Chénier, Lamartine, Hugo (Odes, 1822), ainsi que le romantisme anglais (Shelley, Ode au vent d'ouest, 1819 ; Keats, Ode au rossignol, 1819) et allemand (Hölderlin). La forme devient rigoureuse chez T. de Banville (Odes funambulesques, 1858). Alors que Carducci (Odes barbares, 1877-1889), puis P. Valéry (Charmes, 1922) adoptent les rythmes de l'ode classique, P. Claudel, dans ses Cinq Grandes Odes (1910), élargit le registre du genre aux dimensions d'une cosmogonie, comme F. Pessoa dans son Ode maritime. Dans l'Ode pour hâter la venue du printemps (1979), Jean Ristat soumet le genre à une réévaluation critique.

Odets (Clifford)

Auteur dramatique américain (Philadelphie 1906 – Los Angeles 1963).

Acteur au Theatre Guild et au Group Theatre, influencé par Stanislavski, il adhéra un temps au parti communiste et donna des pièces relevant du « théâtre prolétarien » où des thèmes socialistes se mêlent à un optimisme utopique (En attendant Lefty, 1935 ; le Paradis perdu, 1935 ; Golden Boy, 1937) qui virera à la sensibilité populiste après son installation à Hollywood (De la Terre à la Lune, 1938 ; Fille de la Campagne, 1950 ; le Pêcher en fleurs, 1954).

Odian (Yervant)

Écrivain arménien (Istanbul 1869 – Le Caire 1926).

Peintre ironique des communautés arméniennes, il se fit le censeur féroce des Turcs. Son personnage le plus célèbre reste le camarade Pantchouni (« Va-nu-pieds »), caricature du militant révolutionnaire. Observateur critique des événements de son temps, il est le premier à aborder le thème de l'organisation du génocide de 1915 dans un vaste roman le 17e Espion (Istanbul, 1919), et la formation de la diaspora (la Diaspora arménienne, 1924).

Odobescu (Alexandru)

Historien et prosateur roumain (Bucarest 1834 – id. 1895).

Il est connu surtout pour son essai Pseudo-Kynegetikos (1874), conçu d'abord comme une préface à un traité de vénerie, et qui prolifère pour se transformer en une véritable encyclopédie où l'érudition est perpétuellement subvertie par l'humour.

Odoïevski (Vladimir Fiodorovitch)

Écrivain russe (Moscou 1803 – id. 1869).

Ses récits fantastiques sont d'abord marqués par le romantisme allemand, puis l'élément surnaturel devient un procédé de composition. Cette évolution se reflète dans son œuvre majeure, les Nuits russes (1844), écrite en une vingtaine d'années et composée de neuf nouvelles de forme et de contenu hétéroclites, séparées par des discussions philosophiques, où se lit l'influence des milieux slavophiles puis de la philosophie de Schelling.