Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Zach (Nathan)

Poète israélien (Berlin 1930).

Son premier recueil intitulé Premiers Poèmes paraît en 1951, suivi de Poèmes divers (1961), Tout le lait et le miel (1966), Nord-Est (1979), Car l'homme est l'arbre des champs (1999). Il publie en outre des poèmes arabes qu'il traduit en collaboration avec Rashed Hussein (Palmiers et Dattiers, 1967). À la fois poète et théoricien, il est l'un des chefs de file de sa génération. Dans ses articles rassemblés dans le Temps et le rythme chez Bergson et dans la poésie moderne (1966), il attaque violemment les œuvres d'Alterman et se définit en s'opposant à lui. La vie quotidienne, à laquelle il emprunte situations et langage, est sa source d'inspiration essentielle. Souvent ironique, il rejette la prosodie conventionnelle et fait de la répétition une technique poétique de base.

Zacharie de Lisieux (Louis Fontaine Lambert, dit)

Religieux et écrivain français (Lisieux 1582 – Évreux 1661).

Il abandonna la carrière des armes, sous l'influence de Benoît de Canfield, et devint capucin. Prédicateur renommé, il publia d'abord des livres de piété et des traités théologiques (la Philosophie chrétienne, 1633 ; De la monarchie du Verbe incarné, 1639), avant d'entreprendre la chronique satirique de son temps dans des ouvrages en latin, traduits ensuite en français : le Genius saeculi (1653), le Gygès gallus (1658) et, enfin, la Somnia sapientis (1659) annoncent à la fois Molière et La Bruyère.

zadjal

Nom arabe donné, en Espagne, à une forme poétique similaire au muwachchah, utilisant exclusivement l'arabe dialectal.

Le genre, qui s'adapte fort bien à la musique, a atteint son apogée avec Ibn Quzman, mort à Cordoue en 1160, qui s'en est servi pour ses panégyriques, mais aussi pour chanter la nature, le vin et, surtout, l'amour. Il fut également à l'honneur chez les soufis, et se perpétua jusqu'à nos jours grâce par exemple à un Mahmud Bayram al-Tunsi.

Zagajewski (Adam)

Écrivain polonais (Lwow 1945).

Il est l'un des représentants majeurs de la Nouvelle Vague polonaise, ou « Génération 1968 », qui aspire à un changement de société, conteste la réalité polonaise et dénonce la langue de bois. Les jeunes poètes qui la composent ne veulent pas changer de système politique, mais le rendre meilleur en parlant de tout ce qui est passé sous silence, en abordant des sujets engagés. Ils se montrent sauvagement agressifs avec leurs prédécesseurs, tels que Z. Herbert ou S. Grochowiak, auxquels ils reprochent de chercher refuge dans la fiction (J. Kornhauser, A. Zagajewski, le Monde non représenté, 1974). Leurs vers dénoncent l'hiatus entre la « vérité » officielle et les pratiques sociales, le pouvoir absolu de l'appareil politique et policier, la manipulation des faits historiques. Ils utilisent le collage, les pseudo-citations, les artifices de langue journalistique. A. Zagajewski participe à la naissance des Presses parallèles, où il est l'un des responsables de l'importante revue Zapis. Poursuivi par la répression politique, il émigre pour s'installer à Paris en 1982 (il y vivra vingt ans avant de retourner en Pologne). Il y collabore à la rédaction des Cahiers littéraires, assure un séminaire annuel à l'Université de Houston (États-Unis). Son écriture, commencée par une poésie, contestataire (le Communiqué, 1972 ; les Magasins de viande, 1975 ; la Lettre, 1978 ; la Lettre. Ode à la pluralité (1982), évolue vers un abandon des métaphores des débuts, aussi amples qu'heureuses, pour des vers élégants et érudits, si purs qu'on peut y voir une froideur étudiée, une mise à distance esthétique ou un sens aigu de la qualité du bel ouvrage artistique. La condition humaine reste la préoccupation dominante de son œuvre, dans laquelle il inscrit les tensions souvent dramatiques de son époque. S'il est avant tout un poète (Aller à Lwow, 1985 ; Pallissade. Marronniers. Liseron. Dieu, 1989 ; la Toile, 1990 ; les Merisiers, 1992 ; la Terre de feu, 1994 ; la Soif, 1999), il est également un remarquable essayiste (Coup de crayon, 1983 ; Solidarité, solitude, 1986) et un excellent romancier (Chaud, froid, 1975 ; le Deuxième Souffle, 1978 ; la Trahison, 1991). Il est le lauréat de nombreux prix internationaux dont le prix de la Liberté (1987), le prix de la Fondation Adenauer (2002).

Zâgwê
(Vies des rois)

Recueil de chroniques éthiopiennes (XVe s.).

À Cerulli revient le mérite d'avoir regroupé en un Cycle des Zâgwê plusieurs œuvres de prose guèze que rapproche leur communauté d'inspiration et de forme, bien que les auteurs, lieux et dates de rédaction semblent différents. Il existe quatre ouvrages (peut-être en découvrira-t-on d'autres) qui appartiennent au genre hagiographique (comme l'indique le terme de gadl, qui figure dans le titre de chacun) plus qu'au genre biographique. Cependant, pour qui sait les lire, et malgré les emprunts des uns aux autres soulignés par Cerulli, ils contiennent d'utiles données historiques.

   La dynastie Zâgwê a régné du Lâstâ sur l'Éthiopie, avant de céder la place aux Salomonides, d'environ 1150 à 1270. Trois des derniers rois Zâgwê : Lâlibalâ, le plus fameux, son neveu et successeur Na'âkweto La-Ab et le successeur de celui-ci, Yemerhânna Krestos, ainsi que l'épouse de Lâlibalâ, la reine Masqal Kebrâ, ont donc, grâce à leur réputation de sainteté, obtenu une place dans l'hagiographie des couvents du Lâstâ, vers le milieu du XVe s.

   Les Actes de Lâlibalâ ont été publiés presque intégralement ; ceux de Na'âkweto La-Ab ont été édités par Conti Rossini avec quelques imperfections qu'on n'attendait pas d'un si grand maître ; Kur considère que les Actes de Masqal Kebrâ sont trop peu originaux pour mériter une publication ; enfin ceux de Yemerhânna Krestos sont entièrement inédits.

   Bien que ces textes soient fort tardifs par rapport aux faits rappelés et plus soucieux d'édification que de vérité historique, leur contenu est particulièrement précieux pour la connaissance d'une époque peu riche en documents et quelque peu oubliée par l'historiographie. Quant à la forme, les auteurs se sont conformés aux règles du genre : clichés répétés, ton assez docte et péremptoire, avec toutefois des accents de vigoureuse polémique quand il s'agit de stigmatiser les ennemis du saint. Cerulli insiste trop sur ce qu'il croit être l'apparition de la prose rimée dans ces textes à l'imitation de la littérature arabe. S'agit-il réellement de prose ? Rien ne permet de l'affirmer avec certitude.