Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
N

Noël (Bernard)

Écrivain français (Sainte-Geneviève-sur-Argence, Aveyron, 1930).

Des études de sociologie et de journalisme le mènent à des postes importants dans l'édition. Il dirige les éditions Delpire de 1967 à 1970 et anime des séminaires de traduction collective (fondation Royaumont). Dans la lignée d'Artaud et de Bataille, il revendique un parti pris de la chair dans une œuvre qui est exploration de l'appareil physique et verbal, cruelle histoire du dedans par une écriture soucieuse de se comprendre comme regard autant que comme parole. Une tension polémique traverse l'œuvre poétique (la Face de silence, 1967 ; la Peau et les Mots, 1972 ; la Chute des temps, 1983 ; Journal du regard, 1987 ; le Reste du voyage, 1997). Le poème est soumis à des contraintes nouvelles de figuration, aux antipodes du lyrisme traditionnel. Son travail de romancier (le Château de Cène, 1971, plusieurs fois interdit pour outrage aux mœurs, et qui donne lieu à un procès retentissant ; les Premiers Mots, 1973 ; le Syndrome de Gramsci, 1994) est essentiel dans le dépassement des censures intérieures, et dans la formulation d'images inconcevables. L'imaginaire lié à l'expérience sensible se mêle à de hautes spéculations, tandis que l'écrivain prend acte de l'importance de son travail de libération intérieure, et propose un modèle et un sens pour l'écriture moderne.

Noel (Eugenio Muñoz Días, dit Eugenio)

Écrivain espagnol (Madrid 1885 – Barcelone 1936).

Esprit bohème et révolté, il collabora à El Imparcial de Madrid, et mena, dans des articles et des conférences, des campagnes contre le flamenco et les corridas, qui lui valurent bien des déboires. Auteur de nombreux ouvrages polémiques (Eaux fortes ibériques, 1927), il a écrit aussi des nouvelles et des romans (les Sept Cucas, 1927), ainsi qu'un Journal intime (1963-1968).

Noël (Marie Rouget, dite Marie)

Poétesse française (Auxerre 1883 – id. 1967).

La solitude est, dit-elle, « la source la plus profonde et la plus constante » de son œuvre, dont le rythme, qui est souvent celui de la chanson, se coule dans les formes d'une lyrique ancienne, ballade ou cantilène. Le symbolisme de l'eau marque cette poésie, dont le catholicisme et la fraîcheur sont comme un miracle et un baptême quotidiens (les Chansons et les Heures, 1920 ; le Rosaire des joies, 1930 ; Chants et Psaumes d'automne, 1947 ; Chants d'arrière-saison, 1961). Elle a laissé aussi un « miracle » en un acte (le Jugement de Don Juan, 1955), des récits en prose (Contes, 1945 ; Petit Jour, 1951 ; la Rose rouge, 1960), des Mémoires qui évoquent sa jeunesse (le Cru d'Auxerre, 1967) et aussi une âme passionnée qui fit du doute un aiguillon de la foi (Notes intimes, 1959).

Nogami Yaeko

Écrivain japonaise (Oita 1885 – 1985).

Fille d'un fabricant de saké du nord du Kyushu, elle reçut une éducation classique et, dès l'âge de 14 ans, apprit l'anglais. À 15 ans, elle se rendit à Tokyo et, diplômée en 1906 d'une école fondée par des missionnaires chrétiens, épousa, cette même année, Nogami Toyoichiro. Celui-ci lui présenta son professeur, Natsume Soseki, grâce auquel fut publiée, en 1907, sa première œuvre, le Lien. Ses trois œuvres maîtresses restent Machiko (1928-1930), portrait d'une jeune intellectuelle et son conflit entre l'idéal et la morale, le Labyrinthe (1936-1956), témoin des dix dernières années de la guerre, et enfin Hideyoshi et Rikyu (1962-1963), antagonisme entre l'homme politique et l'artiste.

Noli (Fan)

Homme politique et écrivain albanais (Ibriktepe, près d'Andrinople, 1882 – Fort-Lauderdale, Floride, 1965).

Prêtre orthodoxe, il fonda l'Église autocéphale albanaise. Député nationaliste, il prit la tête de l'insurrection qui contraignit Ahmet Zogu à la fuite (1924) et fut président du Conseil. Chassé, il s'exila à Boston, où il poursuivit des études musicales et publia des recueils de musique religieuse. Excellent orateur, traducteur de nombreux chefs-d'œuvre de la littérature mondiale (Sophocle, Omar Khayyam, Shakespeare, Ibsen, Baudelaire), on lui doit aussi une Histoire de Skanderbeg (1921 ; reprise en 1947 sous une forme plus scientifique) et des poèmes (Au bord des rivières, 1930), souvent d'inspiration religieuse.

Noma Hiroshi

Écrivain japonais (Kobe 1915 – Tokyo 1991).

Il perdit son père, modeste ingénieur en électricité et fondateur d'une petite secte séculière bouddhique, en 1925. En 1932, lorsqu'il était en propédeutique à Kyoto, il découvrit les Fleurs du Mal, puis les poètes symbolistes, ainsi que Gide, Alain et Proust et, un peu plus tard, lut Marx et Engels. Fonctionnaire à la mairie d'Osaka, il fut emprisonné à cause de ses idées en 1943, mais, libéré peu après, il partit au front sous surveillance policière. Aussitôt après la défaite, il publia Sombre Tableau (1946), un témoignage sur les horreurs de la guerre qui fit de lui le chef de file de « l'après-guerre créatrice », aux côtés de Shiina Rinzo, Umezaki Haruo et Ooka Shokei. Il fit paraître encore plusieurs œuvres antimilitaristes, Et la lune rouge se leva dans son visage (nouvelle, 1947) ; la Sensation d'effondrement (nouvelle, 1948), Zone de vide (roman, 1952), ainsi que des romans à caractère autobiographique : Là se dresse ma tour (1960-1961), où il s'affirme son attachement au bouddhisme (voir aussi Shinran, 1973), et un immense roman-fleuve, Cercle de jeunes gens (1947-1971).

Nombres (livre des)

Quatrième livre du Pentateuque, en hébreu Bamidbar (« Dans le désert »). La Septante l'a intitulé 'Arithmoi, que la Vulgate a traduit par Numeri d'où vient l'appellation usuelle : Nombres. Le livre commence par le recensement des Israélites. Il se divise en trois parties, chacune rattachée à l'un des campements des Israélites : dix-neuf jours dans le désert du Sinaï (I, 1 ; X, 10) ; trente-huit ans de la traversée du désert vers les plaines de Moab (X, 11 ; XXI, 35) ; et environ cinq mois dans les plaines de Moab (XXII, 1 ; XXXVI, 13). Ce livre contient ainsi une période de trente-huit ans et demi, la durée de vie d'une génération. L'épisode le plus important est Nb XIII-XIV, où toute la génération de l'exode est condamnée à mourir dans le désert sans entrer dans la terre promise parce qu'elle a désobéi à Dieu. S'il y a eu échec, ceci ne dépend nullement de la préparation de la campagne. Dieu avait tout prévu. Les errements et le manque de courage sont dus aux péchés des Israélites. Quand Israël suit les instructions données par Moïse, le peuple réussit en toutes ses entreprises. La pureté et la sainteté sont exigées du peuple en vertu de la présence de Yahvé, qui habite le camp.