Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
M

Maistre (Xavier de)

Écrivain savoyard (Chambéry 1763 – Saint-Pétersbourg 1852).

Héritier de Sterne, il acquit une certaine célébrité avec son Voyage autour de ma chambre (1795), récit excentrique et spirituel qui fait de la digression le principe fondamental de la narration et de l'introspection le fondement de toute mise en œuvre. Ses nouvelles (le Lépreux de la cité d'Aoste, 1811 ; les Prisonniers du Caucase, la Jeune Sibérienne, 1825), moins novatrices, pourraient faire oublier que ses premières expérimentations eurent une influence durable sur le romantisme.

Majerová (Marie)

Romancière tchèque (Úvaly 1882 – Prague 1967).

Elle traite de la vie des humbles de Prague (Virginité, 1907) ou des mineurs de Kladno (la Sirène, 1935 ; la Ballade du mineur, 1938) dans des récits qu'elle reprit souvent après 1949 pour les adapter au « réalisme socialiste ». On lui doit aussi des histoires d'amour désenchantées, des utopies, des livres pour la jeunesse (Robinsonne, 1940).

Major (André)

Écrivain québécois (Montréal 1942).

Cofondateur de la revue Parti pris (qu'il quitte en 1965), il publie en 1963, avec le Cabochon, un des premiers romans en joual. Trois récits – l'Épouvantail, 1974 ; l'Épidémie, 1975 ; les Rescapés, 1976 – composent le cycle des Histoires de déserteurs. Parmi ses recueils de nouvelles, on remarque particulièrement la Folle d'Elvis (1981) et l'Hiver au cœur (1987). Après la Vie provisoire (1995) et sa hantise de la désertion, Major dit un adieu (provisoire ?) au roman dans un journal autocritique tchékhovien, le Sourire d'Anton (prix de la revue Études françaises, 2001).

Majrouh (Sayd Bahodine)

Écrivain afghan (Kounar 1928 – Peshawar 1988).

En 1950, il partit étudier en France et en revint huit ans plus tard titulaire d'un doctorat en philosophie de l'université de Montpellier. Il occupa divers postes officiels jusqu'à ce que les événements politiques le contraignent à l'exil au Pakistan, en 1980. Il devint alors le porte-parole de la résistance afghane contre l'occupant soviétique. Il mourut assassiné par des inconnus le 11 février 1988. Entre autres œuvres pour la plupart inédites, il composa un livre consacré à la poésie populaire des femmes pashtounes, et un conte philosophique et poétique Ego-Monstre (1970-1988), épopée projetant l'image d'un pays et le miroir d'une quête, dont le héros, un certain Voyageur de Minuit, marche infatigablement de cité en cité et de déserts en montagnes pour exhorter à la vigilance face au Monstre, la Tyrannie.

Makbeb Dastâ

Écrivain éthiopien de langue amharique (Gudbâ av. 1889 – ?).

C'est l'homme d'un seul livre (qui parut en 1933-1934 à l'Imprimerie impériale, mais il est donné comme ayant été rédigé dix ans plus tôt) : l'Histoire des amitiés de M. Longuevie, et éloges en vers. « Les amitiés de Monsieur Longuevie » sont un essai original d'inspiration toute personnelle, précise l'auteur, tandis que le reste de l'ouvrage est fondé sur des informations obtenues de personnes au fait de l'histoire de l'Éthiopie : on y trouve notamment des notices, toujours élogieuses, sur toutes les personnalités de la période du règne de Zawditu et de Hâyla Sellâsê, quelques fables, quelques plaintes funèbres. Dans la préface, l'auteur parle un peu de lui-même, ce qui est inouï à l'époque, et donne, rare audace, sa photographie en frontispice : il est né à Gudbâ (Boranâ), quelques années avant la mort de l'empereur Jean (1889), d'une famille de petite noblesse originaire du Wadla, proche du négus Mikâ'êl et de ledj Yâsu ; il a fait des études traditionnelles à l'église Madhâni Alam de Dasyê, mais il se fait l'avocat du progrès et des Lumières, de l'industrialisation et du nationalisme.

Makhtoumkouli, dit Fragui

Poète turkmène (Kara-Kala v. 1730 – 1780).

Fils du poète Azadi, il exerça le métier d'orfèvre et mena une vie errante. Empreinte d'un pessimisme qui trahit l'influence de la mystique soufiste, sa poésie associe dans une même déploration les malheurs de sa patrie à ses déboires intimes (exil en Iran, mort de ses proches), et aborde les thèmes civiques pour appeler à l'oubli des discordes tribales et flétrir l'injustice sociale et les abus du clergé. Il a, en s'inspirant du folklore, contribué à rapprocher la poésie nationale de la langue et de la métrique populaires (adoption du vers syllabique).

Makonnen Endâlkâtchaw

Écrivain et homme politique éthiopien (Tagulat, Choa, 1892 – Addis-Abeba 1963).

Représentant de la vieille aristocratie, il a défendu par son action politique comme dans son œuvre littéraire les valeurs de la société traditionnelle. Élevé à la cour, exerçant de hautes fonctions dès 1926, il devint Premier ministre en 1942 et président du Sénat en 1957, avec le titre très rare de Râs Bitwaddad. Il a commencé sa carrière littéraire assez tard en publiant un roman allégorique et moralisant, le Monde inconstant (1947-1948). Il a écrit surtout des romans historiques comme David III (1949-1950), l'Époque sanglante (1947-1948), des pièces de théâtre et un récit autobiographique (la Belle Famille, 1956) : il y exalte les vertus morales et religieuses, le renoncement au monde et présente un tableau idéalisé de la société aristocratique face à la corruption du monde moderne.

Malachie (livre de)

dernier livre des Petits Prophètes. Malachie est peut-être le nom de l'auteur. Toutefois, il est possible que le titre soit une référence à la mission qui incombe à l'auteur de ce livre (Ml III, 1), mal'akî, signifiant « mon ange ». D'après le Talmud (Megillah 15a), Malachie aurait été le contemporain d'Aggée et de Zacharie, et la mort de ces trois prophètes aurait marqué la fin du prophétisme biblique. Les critiques s'accordent à le dater à l'époque perse, avant Esdras et Néhémie. C'est dans ce livre que, pour la première fois, un rôle eschatologique est attribué à la figure d'Élie (III, 23). Élie exercera un rôle majeur dans l'attente messianique, ainsi que l'atteste la littérature rabbinique et néotestamentaire (Midrash des Psaumes XLII, 1 : Targum des Lamentations IV, 22 ; Targum Jonathan sur Deutéronome XXX, 4 ; Mt XVII, 3-4 ; Mc XXVII, 41 ; Lc IX, 30 ; Jn I, 21). Les derniers versets du livre (III, 22-24) marquent non seulement la fin de Malachie, mais également la note finale de tous les livres prophétiques de la Bible.