Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Petrov (Ivajlo Petrov Kjucukov, dit Ivajlo)

Écrivain bulgare (Bdinci 1923 – ? 2005).

Avec une approche diversifiée du réel, il est attiré par une thématique variée et une narration à la première personne. Sa prose du début est marquée par des inventions stylistiques différentes. (Petites Illusions, 1963). Dans le genre autobiographique, peu développé en Bulgarie, ses Notes désordonnées (1971) abordent le problème de la formation de l'écrivain. Avocat des humbles et des faibles, par l'aphorisme et le fragment, il procède à l'analyse du mal de vivre, thème majeur d'une œuvre unique par sa conception, Avant ma naissance... et après (1968), roman dans lequel le réalisme, la fantaisie, l'ironie et l'humour démythifient la vie et la nature humaine. Chasse de loup (1986) est la dénonciation du dogmatisme et de l'arbitraire communistes, à l'époque de l'expropritaion forcée et violente de la terre, la plus grande tragédie survenue dans le monde rural après la Seconde Guerre mondiale.

Petrov (Valeri Nisim Merovah, dit Valeri)

Poète bulgare (Sofia 1920).

Ses premiers poèmes le Petit Poucet et Juvenes dum sumus, écrits entre 1940 et 1944, parurent dans le recueil Poésies (1949). Sa virtuosité rythmique, ses jeux de mots, sa recherche de la rime lui valurent d'être qualifié de formaliste pendant la période stalinienne. Il ne rompit le silence qu'en 1961 avec son poème le Doux Automne, qui le rendit célèbre. Il donna alors d'autres recueils (la Pluie et le Beau Temps, 1967 ; Quand on jette un coup d'œil en arrière, 1969 ; Pour rire, 1970). Traducteur de Shakespeare (Dix Comédies, 1970) et de Kipling (Contes, 1972), il a écrit aussi une pièce de théâtre avec le poète satirique Radoj Ralin (Quand les roses dansent, 1967).

Petsalis-Diomidis (Thanassis)

Écrivain grec (Athènes 1904 – id. 1995).

Auteur de vastes fresques à la Galsworthy (Maria Parni, 1933-1950), il se tourne pendant la guerre vers le roman historique (les Mavrolykos, 1947-1948 ; la Cloche de la Sainte-Trinité, 1949).

Pétursson (Hallgrímur)

Poète islandais (Hólar 1614 – Ferstikla 1674).

Ce pasteur volontiers satirique débuta par des rímur dont la versification reste un modèle de virtuosité. Puis il exprima une philosophie plutôt pessimiste de la vie dans des hymnes dont le joyau demeure les Psaumes de la Passion (1666) : allégorie et symbolisme se mêlent pour identifier les souffrances du Christ à celles du poète et, à travers elles, à celles de son peuple martyrisé.

peul

Le peul est le nom de la langue que parlent les Peuls, groupe ethnique important de l'Afrique sahélienne, dans laquelle ils ont longtemps nomadisé. Leur habitat s'étend du Sénégal au Cameroun. Leur langue fut d'abord écrite en caractères arabes, en transcription ajami, comme le haoussa. Il y a ainsi une importante littérature peule ajami, notamment au Cameroun. Les travaux d'Alfa Sow et de P. F. Lacroix nous ont permis d'avoir les textes rassemblés autour de leurs thèmes centraux : la Femme, la Vache, la Foi (1966). Il en fut de même au Sénégal avec les travaux de Henri Gaden, qui transcrivit, traduisit et édita la Vie d'El Hadj Omar de M. Aliou Thyam (1935). La littérature orale a été étudiée et traduite par C. Seydou au Niger, par U. Baumgardt au Cameroun, mais aussi au Mali par Amadou Hampate Ba. Dans ses divers travaux (avec G. Dieterlen, 1961 ; L. Kesteloot, 1968), cet auteur a restitué les grands textes initiatiques peuls comme Kaidara (1968), Koumen. Récit initiatique des pasteurs peuls (1964), l'Éclat de la Grande Étoile, suivi du Bain rituel, récits initiatiques peuls (1974). Issus de la tradition orale préislamique, les jantol sont de longs récits, ou quêtes, initiatiques au sens plein du terme. Errant de cercle en cercle, au milieu d'êtres mystérieux et de symboles ésotériques, les personnages sont comme guidés malgré eux vers une connaissance rituelle qu'ils ne soupçonnaient pas. De nombreux titres de la collection des Classiques africains sont le résultat de cette féconde activité de transcriptions et de traductions. Le premier roman peul est paru au Caire en 1982 et a été réédité à Dakar en 1993.

Peyrefitte (Roger)

Écrivain français (Castres 1907 – Paris 2000).

Inaugurée par le scandale des Amitiés particulières (1945), histoire d'amour entre deux adolescents dans un collège catholique, sa carrière se poursuit sous le signe de l'homosexualité (Notre amour, 1967, autobiographique ; l'Enfant de cœur, 1978), ou par des enquêtes prétendant donner les clés de milieux sociaux ou politiques : le monde de la diplomatie, qu'il connaît pour avoir été secrétaire d'ambassade à Athènes en 1937-1938, puis chargé de mission en 1943 par le gouvernement de Vichy (les Ambassades, 1951), les francs-maçons (les Fils de la lumière, 1961), le Vatican (les Clés de Saint-Pierre, 1955 ; la Soutane rouge, 1983). Viendront ensuite, entre autres titres, les Juifs (1965), les Américains (1968), Des Français, 1970). La satire du moraliste reste peu convaincante, n'évitant pas la pure provocation ou le règlement de compte. Il a aussi publié des souvenirs de voyages en Méditerranée, comme l'Oracle (1948) ou Du Vésuve à l'Etna (1952).

Pezoa Véliz (Carlos)

Poète chilien (Santiago 1879 – id. 1908).

Après une vie de bohème et de privations, il mourut de tuberculose. Ses œuvres posthumes (Âme chilienne, 1912 ; Cloches d'or, 1921 ; Poésies et proses complètes, 1927) font apparaître trois tendances : une poésie précieuse et raffinée (Pergamin classique), une veine sociale (le Chien vagabond) et, dans les dernières productions, des thèmes populistes (Pancho et Thomas, Teodorinda). Cette œuvre peu abondante fait cependant de lui le meilleur représentant du modernisme chilien.

Phèdre, en lat. Caius Julius Phaedrus ou Phaeder

Fabuliste latin (en Macédoine v. 15 av. J.-C. – v. 50 apr. J.-C.).

Esclave d'origine thrace, il fut affranchi par Auguste et composa après la mort d'Auguste 123 Fables (recueillies en 5 livres). D'abord inspirées des fables ésopiques, ces pièces trouvent un ton nouveau en s'en prenant à l'empereur Tibère et à son favori Séjan, ce qui valut au fabuliste d'être exilé par ce dernier. Beaucoup de ces petites comédies, dont les personnages sont des animaux, inspireront La Fontaine.