Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
M

Malamud (Bernard)

Écrivain américain (New York 1914 – id. 1986).

Représentant original de l'école juive américaine, il peint dans ses romans et ses nouvelles des personnages accablés par le destin, et tire de ce portrait d'êtres mineurs une dramaturgie psychologique et sociale (le Commis, 1957 ; l'Homme de Kiev, 1966 ; le Tonneau magique, 1958 ; les Idiots d'abord, 1966 ; Portraits de Fidelman, une exposition, 1969). Par sa dispersion même dans la Diaspora, le Juif est à la fois exemplaire et universel. Le fond de l'existence américaine est l'exil (Une nouvelle vie, 1961) et l'affrontement entre minorités (le Locataire, 1971). le Chapeau de Rembrandt (1973), la Vie multiple de William D. (1979) confirment que l'imaginaire de l'échec reste celui d'une invincibilité secrète ; à travers la dualité de l'innocent et du coupable, le héros-victime est l'emblème de la modernité (la Grâce de Dieu, 1983).

malandrismo

Le personnage du malandro, mi-voyou, mi-vagabond, fit son apparition comme type social et culturel brésilien dans le roman Mémoires d'un sergent de la milice (1854) de M. A. de Almeida. Il se distingue du pícaro hispanique par son lien à la ville et son parcours chaotique qui n'est pas motivé par l'ambition, mais par le désir de liberté et le goût pour l'oisiveté. Le compositeur Chico Buarque lui a rendu hommage dans son Opéra du Malandro (1979), inspiré de Kurt Weill.

Malaparte (Kurt Suckert, dit Curzio)

Écrivain italien (Prato 1898 – Rome 1957).

C'est à sa vie aventureuse que l'on doit le goût du réalisme et du cynisme cruel qui anime ses récits : Kaputt (1944), qui décrit l'horreur quotidienne de la guerre et la débâcle de la notion même d'Europe ; la Peau (1949), qui évoque la dégradation de Naples après la guerre ; Ces Sacrés Toscans, (1956). Les outrances et l'amoralisme de sa personnalité ont longtemps retardé l'évaluation critique de son œuvre. Ainsi, le débat sur Malaparte a été remis au goût du jour grâce à la redécouverte des deux essais (Technique du coup d'État et le Bonhomme Lénine) qui firent connaître Malaparte à Paris en 1931 et 1932, et la publication d'un roman inachevé, entrepris en 1945-1947, le Bal au Kremlin (1985).

malayalam (littérature)

La littérature malayalam est la plus jeune des grandes littératures dravidiennes et l'une des plus variées de l'Inde. Si l'on fait remonter les débuts historiques du malayalam en 825 apr. J.-C., au commencement de l'ère Kollam, ce n'est qu'à partir des Xe-XIe s., que des textes de la littérature tamoule ancienne nous révèlent certaines traditions et certains thèmes folkloriques du pays Céra (du nom de la dynastie qui régnait à l'origine sur la région). L'œuvre la plus ancienne serait le Darukkavadham, chant consacré à la déesse Kali, qui remonterait au Xe s.

   C'est le Ramacaritam (XIIe ou XIIIe s.) qui inaugure véritablement la littérature malayalam. Une famille de poètes de Niranam donne au Kerala (de la fin du XIVe à la fin du XVe s.) ses versions de la Bhagavad-Gita, du Mahabharata et du Ramayana. Le sanskrit joue un rôle capital dans l'évolution de la littérature, notamment par son apport de la rhétorique du kavya. Le plus ancien des textes de ce style manipravalam semble être le Vaisika tantra, traité sur l'art des courtisanes, tandis qu'apparaissent les campu, épîtres mêlant prose et vers, et dont la vogue se poursuivra jusqu'au XVIe s. (Candrotsava), l'inspiration venant surtout, à partir du XIVe s., des thèmes mythologiques (Bharata campu, Ramayana campu). Eluttaccan (XVIe s.) a donné les meilleurs exemples du genre kilippattu (« chant du perroquet »). Au milieu du XVIIe s. apparaît le drame musical dansé, le Kathakali, avec le Ramanattam de Kottarakkara Tampuram. C'est d'ailleurs autour d'une adaptation du kathakali par la communauté des Cakkiyar (Kutiyattam) que la prose, née dès le XIIe s. dans un commentaire de l'Arthasastra de Kautiliya, se développe à travers l'importance particulière prise par le rôle du bouffon (vidusaka). La poésie traditionnelle survivra au XVIIIe s. avec Variyar de Ramapuram (1703-1753), au XIXe s. avec le maharaja Swati Tirunal (1813-1847) et Irayimman Tambi (1782-1856), au début du XXe s. avec K. C. Kesava Pillai (1868-1914). Le « Grand Trio » formé par Asan (1873-1924), Vallatol (1879-1958) et Ulur Paramesvaran (1877-1949) domine les années 1920-1930 ; G. Sankara Kurup (né en 1901) est un auteur socialiste et symboliste. Le roman social inauguré par Candu Menon (1847-1899) et le roman historique par C. V. Raman Pillai (1858-1922) connaissent une fortune particulière avec Kesáva Dev (né en 1905), Basheer (né en 1910), Sivasankara Pillai Takali (né en 1914), S. K. Pottekkad (né en 1913) et M. T. Vasuvedan Nair (né en 1933), influencé par Hemingway.

Malcolm X (Malcolm Little, dit)

Homme politique américain (Omaha, Nebraska, 1925 – Harlem 1965).

Figure majeure des mouvements noirs des années 1960 (il dirigea un moment les Black Muslims et fut assassiné peu après son retour d'un pèlerinage à La Mecque), il a laissé des poèmes (Pour Malcolm, 1967) et une autobiographie (l'Autobiographie de Malcolm X, 1965), bible des Black Panthers.

Malebranche (Nicolas)

Philosophe français (1638 – 1715).

Entré à l'Oratoire (1660), il découvre, l'année même où il accède à la prêtrise (1664), l'Homme, livre posthume de Descartes qui le détermine dans son œuvre philosophique (De la recherche de la vérité, 1674-1678 ; Conversations chrétiennes, 1677 ; Traité de la nature et de la grâce, 1680 ; Entretiens sur la métaphysique et sur la religion, 1688 ; Méditations chrétiennes et métaphysiques, 1699). Mais un abîme initial le sépare de Descartes, qui distingue a priori la spéculation scientifique et les vérités de la foi : dans les problèmes scientifiques, c'est la clarté de l'idée qui doit déterminer notre jugement ; dans les questions de foi, c'est « une certaine lumière intérieure ». Descartes réfute au départ l'idée d'un Dieu mathématicien. Toute la démarche de Malebranche tend à constituer une théologie conforme aux normes de l'esprit scientifique, à travers deux théories : celle de la vision en Dieu et celle des causes occasionnelles. La première fait de la raison humaine une participation à la Raison éternelle qui n'est autre que le Verbe divin ; la seconde approfondit la critique cartésienne en faisant appel à l'expérience psychologique qui mène au concept de « loi naturelle » et annonce Hume, Kant et la psychologie du XVIIIe s.