Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
C

Camon (Ferdinando)

Écrivain italien (Padoue 1935).

Journaliste, poète (Libérer l'animal, 1973), c'est surtout un romancier qui retrace la fin de la civilisation paysanne (Figure humaine, 1972 ; la Vie éternelle, 1970 ; Occident, 1975 ; Apothéose, 1978 ; la Maladie humaine, 1981 ; Jamais vu soleil ni lune, 1994 ; La terre est à tous, 1998).

Campana (Dino)

Poète italien (Marradi, Florence, 1885 – Castel Pulci, Florence, 1932).

Sa vie fut une suite d'errances à travers l'Europe (jusqu'en Russie) et d'enfermements psychiatriques (il fut définitivement interné à partir de 1918). Si le poète fréquenta quelque temps les milieux futuristes, l'épopée autobiographique de ses Chants orphiques (1914) s'inscrit plutôt dans la lignée du symbolisme anglo-germanique (de Novalis et Hölderlin à Poe et à Whitman). Mélange de vers et de poèmes en prose, les Chants orphiques, dédiés au kaiser Guillaume II, attestent la tragique identification du poète au mythe d'Orphée. Les rééditions de 1928 et de 1941 comprennent tous les poèmes jusqu'alors inédits de Campana.

Campanella (Giandomenico, dit Tommaso)

Écrivain et philosophe italien (Stilo, Calabre, 1568 – Paris 1639).

Dominicain, il s'enthousiasme très tôt pour la philosophie de B. Telesio, calabrais lui aussi, dont il reprend les idées principales dans son Philosophia sensibus demonstrata (1591). Fuyant les tracasseries de ses supérieurs, il se rend à Naples en 1589, où il se lie avec G. Della Porta. C'est alors qu'il commence à subir des persécutions : de 1592 à 1597, il affronte quatre procès pour hérésie et est condamné à résider en Calabre. À peine rentré dans son village natal, jugeant à certains signes astrologiques que la fin du siècle doit coïncider avec une radicale « renovatio mundi », il organise une conjuration destinée à instaurer une république calabraise, conçue sur le modèle qu'il décrira dans la Cité du Soleil (1602). Trahi par quelques conjurés, il est emprisonné à Naples en 1599. D'abord condamné à mort, il obtient, en simulant la folie, que sa peine soit commuée en détention à perpétuité. Sa captivité durera presque vingt-sept ans, pendant lesquels il élaborera l'essentiel de son œuvre politique, philosophique et théologique (on se souviendra au moins de Sur le sens des choses et de la magie et de la Métaphysique). Libéré par l'Espagne en mai 1626, il tombe aux mains de l'Inquisition romaine dès juin. Il ne sera relâché qu'en 1629 sur l'intervention du pape Urbain VIII, que séduiront les pratiques magiques et astrologiques de Campanella. Celui-ci n'en bravera pas moins son protecteur en soutenant publiquement, lors de son procès de 1632, la cause de Galilée, qu'il avait déjà défendue en 1616 dans son Apologie de Galilée. La crainte de nouvelles persécutions le pousse en 1634 à quitter définitivement Rome pour Paris, où la naissante hégémonie de la monarchie française incarne son espoir d'une unification politique et religieuse de l'Europe chrétienne. L'œuvre de Campanella inclut aussi de nombreux poèmes qui, par leur virtuosité technique et leur tension dramatique, constituent le plus haut exemple de poésie philosophique depuis Dante. La postérité associe toutefois son nom à l'utopie de la Cité du Soleil, qui tire son intensité prophétique de sa brièveté. Ses idées maîtresses (la communauté des biens et des femmes, l'éducation, la sexualité, l'eugénisme, la hiérarchie des techniques et des sciences, le régime des délits et des peines, la division du travail, etc.) mêlent totalitarisme et utopie libertaire.

Campanile (Achille)

Écrivain italien (Rome 1900 – Lariano 1977).

Son activité journalistique, ses romans (la Gifle du kilomètre 40, 1927 ; Si la lune me porte chance, 1928 ; les Asperges et l'immortalité de l'âme, 1974 ; le Héros, debout les morts, 1976) et ses pièces théâtrales se distinguent par un humour à mi-chemin entre le futurisme et le surréalisme.

Campbell (John Wood)

Journaliste et écrivain américain (New Jersey 1910 – New York 1971).

Ses premiers récits relèvent du « space opera » technologique et scientifique (la Machine suprême, 1934). En 1934, il adopte le pseudonyme de Don A. Stuart et donne avec Crépuscule (1934) et sa suite, Le ciel est mort (1935), l'une des meilleures nouvelles parues avant la guerre sur le thème de la fin du monde. Cette seconde carrière connaît son point culminant avec la Bête d'un autre monde (1938), qui devait inspirer en 1951 le film de Christian Nyby la Chose d'un autre monde. Après cette date, Campbell n'écrivit pratiquement plus de science-fiction, mais il devint, en septembre 1937, rédacteur en chef d'Astounding Stories. La revue devint sous sa direction la meilleure et la plus lue des revues de science-fiction américaines en découvrant les auteurs qui firent l'« âge d'or » de la science-fiction (1937-1950) : Isaac Asimov, Lester Del Rey, Robert Heinlein, Theodore Sturgeon ou A. E. Van Vogt. À partir de 1950, Campbell mit son énergie au service d'un certain nombre de causes douteuses, comme la « dianétique » de Ron Hubbard, pseudo-science qui donna naissance à l'actuelle Église de scientologie.

Campbell (Roy)

Poète sud-africain d'expression anglaise (Durban 1901 – Setubal, Portugal, 1957).

Il connut une carrière mouvementée (il participa en particulier à la guerre d'Espagne dans les rangs franquistes) avant de se fixer en Grande-Bretagne. Favorable au système de l'apartheid, il est l'auteur d'œuvres violentes et virulentes (la Tortue enflammée, 1924 ; Adamastor, 1930 ; les Georgiades, 1931 ; Bronco parlant, 1946 ; Lumière sur cheval sombre, 1951).

Campert (Jan Remco Theodoor)

Écrivain hollandais (Spijkenisse 1902 – camp de concentration de Neuengamme 1943).

Journaliste, romancier (Varech, 1935), il est célèbre pour ses poèmes de la Résistance (Chanson des dix-huit morts, 1941). Son nom a été donné à un prix de poésie et à une fondation littéraire établie à La Haye en 1947. Son fils Remco (La Haye 1929), poète « expérimentaliste » (Les oiseaux volent quand même, 1951 ; Animer une statue, 1953 ; Théâtre, 1979), est aussi l'auteur de romans (La vie est délicieuse, 1961), de nouvelles et de livres pour enfants (la Fille gangster, 1965 ; Comment j'ai fêté mon anniversaire, 1969 ; Après le discours du trône, 1980).