Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Chamisso de Boncourt (Louis Charles Adélaïde de Chamisso de Boncourt, dit Adelbert von)

Écrivain et botaniste allemand (château de Boncourt, Champagne, 1781 – Berlin 1838).

Ce fils d'émigrés royalistes français a participé à Berlin à la genèse du mouvement romantique. Sa situation de déraciné, pris entre deux nations rivales et deux cultures, est évoquée dans sa célèbre Histoire de Peter Schlemihl (1814), conte fantastique dont le héros parcourt le monde pour se consoler de la perte de son ombre, échangée contre une bourse toujours remplie d'or. Chamisso participe entre 1815 et 1818 à une expédition scientifique autour du globe et en rédige une description. Nommé à son retour directeur du jardin et du musée botaniques de Berlin, il continue à produire une poésie simple et chantante, sentimentale et engagée, qui devance et reflète les évolutions du Biedermeier et du Vormärz.

Chamoiseau (Patrick)

Romancier martiniquais (Fort-de-France 1953).

Étudiant en droit, en économie sociale et en lettres, puis éducateur social, il est l'auteur de Chronique des sept misères (1986), évocation des marchés de Fort-de-France, de Solibo magnifique (1988), hommage à la parole des conteurs, de Texaco (prix Goncourt 1992), sur l'implantation urbaine précaire des pauvres sous la conduite d'une héroïne populaire, ainsi que de Antan d'enfance (1990) et de Chemin d'école (1994), sur la difficulté de parler français quand on est de langue et de culture créoles, thème repris dans Écrire en pays dominé (1997). Également essayiste, il est l'un des auteurs de l'Éloge de la créolité (1989) avec R. Confiant et J. Bernabé et des Lettres créoles (1991). De tendance indépendantiste, il pratique un réalisme critique, dans une prose française créolisée, riche et jubilante jusque dans l'amertume (l'Esclave vieil homme, le Molosse, 1997).

Champfleury (Jules Husson, dit Fleury, puis)

Écrivain français (Laon 1821 – Sèvres 1889).

Fils de petits boutiquiers laonnais, il fréquente très vite les milieux de la bohème parisienne, et notamment Baudelaire dont il devient l'ami. Quasi autodidacte, il publie à partir de 1845 des nouvelles ironiques (Chien-Caillou, Pauvre Trompette, Feu Miette), au style dépouillé, qui jouent souvent avec brio de la caricature et seront louées par Hugo et Courbet – qui le proclament « réaliste ». Un « mouvement » est né, tant pictural que littéraire, que la presse s'empresse de pourfendre en le traitant d'« école du laid » et que l'écrivain défendra en 1857 dans le Réalisme. Hanté par Balzac, passionné de daguerréotypie, Champfleury professe de fait un réalisme « limité » : « ce que je vois entre dans ma tête, descend dans ma plume, et devient ce que j'ai vu ». Parmi ses nombreux romans, qui ont presque tous pour cadre sa ville natale, se détachent les Souffrances du Professeur Delteil (1853) et les Bourgeois de Molinchart (1854), satires féroces de la vie bourgeoise qui lui valent les foudres des autorités. La publication de Madame Bovary en 1856 sera l'occasion d'une scission entre les partisans radicaux de l'écrivain, qui réclament une littérature populaire à la langue brute, et un Flaubert, qui affirme avoir voulu montrer que « les tristesses bourgeoises et les sentiments médiocres peuvent supporter la belle langue ». Peu séduit par le naturalisme, l'écrivain s'éloignera dès lors progressivement de la fiction pour se cantonner à de brillants travaux d'érudition.

Champier (Symphorien)

Humaniste français (Saint-Symphorien-sur-Coise 1472 – Lyon v. 1539).

Médecin du duc de Lorraine, il fut armé par lui chevalier à la bataille de Marignan. En 1517, il fonda à Lyon le collège de la Trinité. Son œuvre comprend des traités latins de botanique (Rosa Gallica, Hortus Gallicus, Gallicum Pentapharmacum), une traduction abrégée de Galien (Speculum Galieni, 1512), un libelle contre la charlatanerie des apothicaires (Myrouel des apothicaires, 1531), une vie de Bayard (1525) et un éloge du pur amour inspiré de Marsile Ficin (la Nef des dames vertueuses, 1503).

Champlain (Samuel de)

Explorateur et écrivain français (Brouage v. 1567 – Québec 1635).

Il fait partie d'une l'expédition qui remonte en 1603 le Saint-Laurent pour y implanter un comptoir commercial. Il en rapporte un récit (Des sauvages, 1603) et le désir de coloniser le Canada. À travers les revirements de la politique royale, il fonde Québec (1608) et développe son projet, évoqué dans les Voyages du sieur de Champlain Xaintongeois (1613) et les Voyages de la Nouvelle-France occidentale (1632).

Chamson (André)

Écrivain français (Nîmes 1900 – Paris 1983).

Ce chartiste a toujours voulu enraciner l'homme dans l'Histoire. Ses premières œuvres forment une trilogie cévénole (Roux le bandit, 1925 ; les Hommes de la route, 1927 ; le Crime des justes, 1928). Puis il choisit de romancer une actualité plus immédiate (l'Année des vaincus, 1934 ; la Galère, 1939 ; le Puits des miracles, 1945 ; la Neige et la Fleur, 1951). Certains livres sont plus autobiographiques (l'Homme qui marchait devant moi, 1948 ; le Chiffre de nos jours, 1954), mais il finit par revenir à la thématique cévenole (la Superbe, 1967 ; la Tour de Constance, 1970 ; les Taillons, 1974 ; Castanet, 1979). Il a laissé des souvenirs (Il faut vivre mieux, 1984).

Chanchiachvili (Sandro Ilias dze)

Poète et dramaturge géorgien (Djugaani, rég. de Sighnaghi, 1888 – Tbilisi 1979).

Libéré de la prison de Met'exi où il a été incarcéré pour activités révolutionnaires, il étudie de 1911 à 1914 à Zürich, Berne, Berlin et Leipzig et ne rentre en Géorgie qu'au début de la Première Guerre mondiale. D'abord d'inspiration symboliste, « décadente », Je n'attends personne, 1909 ; Tristesse muette, 1915, sa poésie chante les temps nouveaux, le Chêne abattu dans la forêt de Tch'iauri, 1925. Ses drames historiques mettent en scène des hommes du peuple dressés contre les féodaux oublieux de l'intérêt national Arsena, 1936 ; Giorgi Saak'adze, 1940 ; les Héros de K'rts'anisi, 1942 ; les Nuits d'Imérétie, 1948).

Chandidas (Outre Badu Chandidas)

Poète indien de langue bengalie (milieu XVe s.).

Il est l'auteur du SriKrishna Kirtan, poème dramatique à trois voix sur la geste du dieu Krishna. Un Chandidas et un Din Chandidas ont signé de courtes compositions lyriques, Padavali, pénétrées de dévotion pour ce dieu.