Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
V

Verdaguer (Jacint)

Poète catalan (Folgarolas, près de Vich, 1845 – Vallvidrera, Barcelone, 1902).

Il doit sa notoriété à son poème l'Atlantide (1877), une des œuvres majeures de la Renaixença catalane, en 10 chants assortis d'un prologue et d'un épilogue, mettant en scène Christophe Colomb, seul rescapé d'un combat entre un vaisseau génois et un navire vénitien, et un ermite qui lui apprend la légende de l'Atlantide – mais aussi à son poème épique le Canigou (1886), exaltation des origines de la Catalogne où se mêlent les légendes locales, les mythes antiques et le merveilleux chrétien. À ces œuvres succèdent les recueils lyriques, le Songe de saint Jean (1887), Patrie (1888) et la trilogie l'Enfant Jésus (1890).

Verde-Amarelo (Vert jaune)

Courant de la phase héroïque du modernisme brésilien, représenté par Cassiano Ricardo, Plínio Salgado, Menotti del Picchia, et dont le manifeste date de 1925. En 1927, le mouvement devient Anta (« tapir ») et propose un indianisme mythique, un nationalisme politique de droite opposé au courant Anthropophagique. Les textes les plus importants sont : Biffures vert-jaune (1925), Martim Cererê (1928) de Cassiano Ricardo, et Pluie de pierre (1925) de Menotti del Picchia.

Verde (Cesário)

Poète portugais (Lisbonne 1855 – Caneças 1886).

Formé à l'esthétique réaliste et parnassienne, lecteur de Baudelaire et amoureux de la palpitation urbaine, il est le poète de sa ville, Lisbonne, dont il rend sensibles les quartiers, les habitants, les odeurs, les sons, la présence de la mer (Dans un quartier moderne, 1877 ; le Sentiment d'un Occidental (1880). L'exaltation de la nature, dans laquelle il aspire à se régénérer (dès 1877 apparurent les premiers symptômes de sa tuberculose), et de la vie à la campagne, qu'il préfère désormais à la civilisation industrielle, inspire ses dernières compositions (Nous, 1884). Son œuvre, précocement interrompue par la mort, a été recueillie dans le Livre de Cesário Verde (1887).

Verdier (Antoine du)

Bibliographe et polygraphe français (Montbrison 1544 – Duerne, près de Lyon, 1600).

Il fut avec La Croix du Maine le plus grand bibliographe français de la Renaissance. La monumentale Bibliothèque d'Antoine du Verdier (1585) demeure une source irremplaçable pour les historiens de la littérature. Du Verdier est aussi l'auteur d'une tragédie (Philoxène, 1567), de vers satiriques (les Omonimes, satire des mœurs corrompues de ce siècle, 1572), de libelles politiques (Antithèses de la paix et de la guerre, 1568), de portraits de personnages illustres (la Prosopographie, 1573-1586) et d'un ouvrage didactique, les Diverses leçons (1577).

Veres (Péter)

Écrivain hongrois (Balmazujváros 1897 – Budapest 1970).

Ouvrier agricole, il devint, après 1945, président du parti paysan et ministre de la Défense. Ses romans (Épreuve, 1951) constituent une chronique fidèle de la vie difficile de la paysannerie pauvre.

Verga (Giovanni)

Écrivain italien (Catane 1840 – id. 1922).

Passionné par le journalisme et la littérature (en 1861-1862, il publie un roman historique, les Carbonari de la montagne, et, en 1863, un second roman, Sur les lagunes), il effectue des séjours à Florence en 1865 puis de 1869 à 1871, où il fréquente le cercle de Francesco Dall'Ongaro et les milieux où l'on prône le « romantisme social ». Après Une pécheresse (1866), qui narre les amours d'un étudiant et d'une comtesse, Une fauvette à tête noire (1870), journal épistolaire d'une jeune Sicilienne recluse contre son gré dans un couvent, connaît le succès. Verga s'établit en 1872 à Milan, où il se lie d'amitié avec L. Capuana et où il écrit Ève (1873), Tigre royal (1875) et Eros (1875). Nedda (l'héroïne est une paysanne sicilienne qui vit de la cueillette des olives) date de 1874 et marque l'adhésion de Verga au vérisme. Mais, dès 1878, Verga esquisse le projet d'un vaste cycle romanesque, les Vaincus, dont il n'écrira que les deux premiers tomes ; le troisième est resté inachevé sous le titre la Duchesse de Leyra, le quatrième et le cinquième devaient s'intituler l'Honorable Scipioni et l'Homme de luxe. Le premier roman les Malavoglia, publié en 1881, narre la tragédie chorale d'une archaïque famille de pêcheurs abattue par autant de malheurs qu'elle fait d'efforts pour échapper à sa misère ancestrale. Le second, Maître Don Gesualdo, paru en 1889, est le drame d'un ancien manœuvre qui croit couronner son ascension sociale en s'alliant à une famille de nobles ruinés : sa fortune dilapidée, il meurt dans une mansarde du palais de sa fille. L'originalité de ce roman, dont la trame et le personnage central évoquent le Père Goriot de Balzac, tient essentiellement à sa dimension « sicilienne », d'un point de vue tant stylistique qu'anthropologique : d'une part, à travers le perfectionnement de la subtile technique de contamination qui, dans les Malavoglia, faisait participer la voix narratrice (mêlée de proverbes et de tours dialectaux) au chœur douloureux des humiliés ; d'autre part, à travers la mise en scène d'une conception archaïque des contrats sociaux. C'est toutefois dans les nouvelles de Verga (Printemps et autres récits) que s'affirme, non sans tâtonnements, une véritable esthétique vériste, où la représentation d'un fragment de réalité sociale étroitement circonscrit élude toute « mise en scène » (lettre à Capuana, février 1881) comme toute perspective de « rachat » (Nino Borsellino). D'où le sentiment tragique de fatalité qui pèse sur les personnages « primitifs » les plus déshérités (la Louve, Rosso Malpelo, Jeli le berger) des nouvelles de Vie aux champs, tandis qu'une ironie amère parcourt les Nouvelles paysannes (1883), contemporaines de la rédaction de Maître Don Gesualdo. Verga est également l'auteur de plusieurs recueils « milanais » (contrairement aux précédents, entièrement situés en Sicile), d'un populisme plus conventionnel : Dans les rues (1883) ; Vagabondage (1887) ; les Souvenirs du capitaine Arce (1891) ; Don Candeloro et sa troupe (1894). Dû à la fois à l'interprétation d'Eleonora Duse, dans le rôle de Santuzza, et à la mise en scène de Giuseppe Giacosa, le succès de l'adaptation théâtrale (1884) de Cavalleria rusticana et autres nouvelles encouragea Verga à renouveler l'expérience avec À la conciergerie (1885), la Louve (1896), Chasse au loup (1901), Chasse au renard (1901), la Soufrière (1903), oscillant entre la comédie de mœurs bourgeoises et le « bozzetto » vériste ; œuvres inégalement réussies, malgré les récentes réévaluations tentées par Franco Zeffirelli (mise en scène de la Louve, avec Anna Magnani) et la critique marxiste, à la faveur du renouveau d'intérêt suscité par El nost Milan (1893) de Carlo Bertolazzi.