Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Takami Jun (Takama Yoshio, dit)

Romancier et poète japonais (Fukui 1907 – id. 1965).

Sous les influences du dadaïsme et du marxisme, il écrivit des poèmes dès l'adolescence, et participa au mouvement socialiste. Ayant été emprisonné pendant la guerre, il dut renoncer à ses convictions. Auteur de plusieurs romans (Sous quelle étoile, qui décrit la vie du peuple pendant la guerre ; Haut-le-cœur, sur la vie d'un anarchiste), et de critiques (Histoire de la littérature de l'ère de Showa), il laissa des recueils de poèmes écrits au cours de sa lutte contre le cancer : Des profondeurs de la mort.

Takamura Kotaro (Takamura Mitsutaro, dit)

Poète japonais (Tokyo 1883 – id. 1956).

Fils d'un sculpteur, il fut lui-même en même temps sculpteur et poète. Dès 1900, il participa au mouvement littéraire Poésie nouvelle, dirigé par Yosano Tekkan. Entre 1906-1909, il fit un séjour d'abord à New York, à Londres, puis surtout à Paris où il eut une révélation artistique importante, en découvrant Rodin, Cézanne, Baudelaire et Verlaine. Il rencontra, à son retour, de grandes difficultés en heurtant les mœurs du monde artistique japonais, mais après une période de déception et de bohème, la rencontre avec sa future épouse, Chieko (1911), transforma sa vie en l'orientant vers l'humanisme. En 1914, il publia un recueil de poèmes en langue parlée, Itinéraire. Son célèbre Extraits sur Chieko (1941) évoque son amour pour sa femme, morte schizophrène en 1938. Il est également connu pour ses essais sur l'art et ses traductions de Rodin, Van Gogh et R. Rolland.

Takarli (Fuad)

Écrivain irakien (Bagdad 1927 – Amman, Jordanie, 2008).

Fonctionnaire au ministère de la Justice, il est l'auteur de romans et de nouvelles qui évoquent, dans une atmosphère d'angoisse et de violence, la vie difficile des paysans de son pays (l'Autre Visage, 1961 ; al-Raj' al-ba'îd [Les Voies de l'aube], 1980 ; Rendez-vous de feu, 1991).

Takdir Alisjahbana (Sutan)

Écrivain indonésien (Natal, Sumatra-Nord, 1908 – id. 1994).

Étudiant en droit et en lettres, il devient chef de la section des livres malais de Balai Pustaka, tout en poursuivant une carrière journalistique et universitaire. Cofondateur de la revue Pudjangga Baru, il y lance la Polemik Kebudjaan, et y publie un recueil de poèmes (Éparpillement de nuages, 1936), ainsi que des romans (Accablés par le sort, 1929 ; Toutes voiles déployées, 1936), dans lesquels se manifeste sa notion de la responsabilité sociale de l'écrivain. Après la guerre, il se tourne vers la philosophie et la linguistique, s'efforçant d'enrichir, de moderniser et de normaliser sa langue nationale (Nouvelle Grammaire de l'indonésien, 1949-1950). Auteur d'anthologies de la poésie indonésienne (Poésie classique, 1940 ; Poésie moderne, 1946), de traductions de Krishnamurti et de Pierre Loti, on lui doit aussi une trilogie romanesque (Grotta Azzurra, histoire d'amour et d'idéal, 1970-1971) et un roman (Défaite et Victoire, 1978) qui exposent son inquiétude devant l'évolution politique de son pays.

Takeda Izumo

Auteur dramatique et directeur de théâtre japonais (Edo 1691 – Osaka 1756).

Ayant hérité de son père la direction du Takemoto-za à Osaka, il mena de front une brillante carrière d'auteur et d'administrateur, et sut exploiter pleinement les ressources dramatiques du spectacle de marionnettes. Les trois pièces qu'il donna coup sur coup : le Miroir de la calligraphie de Sugawara (1746), Yoshitsune aux mille cerisiers (1747) et le Trésor des vassaux fidèles (1748) comptent aujourd'hui encore parmi les spectacles les plus appréciés du public, tant au théâtre de poupées qu'au kabuki. La dernière, en onze actes, raconte l'histoire romancée et transposée au XIVe siècle de quarante-sept guerriers sans maître (rônin) qui bravèrent la mort pour venger leur seigneur défunt et furent condamnés par le bakufu au suicide par éventrement. Mayma Seika en a donné dans les années 1930 une version historicisante qui fut portée à l'écran par Mizoguchi en 1941-1942, sous le titre les Quarante-Sept Ronin.

Takeda Taijun

Romancier japonais (Tokyo 1912 – id. 1976).

Fils d'un moine bouddhiste, militant durant son adolescence dans un mouvement de gauche, il se passionne très tôt pour la Chine et va devenir spécialiste et traducteur de littérature chinoise. Or, en 1937, il est mobilisé et envoyé en Chine centrale, où il devra combattre pendant deux ans. Cette expérience dure et décisive le porte vers une littérature de réflexion, où il s'interroge notamment sur les rapports entre opprimés et oppresseurs. Sima Qian (1943) ; Race de vipères (1947) ; les Fêtes des bois et des lacs (1958) ; le Mont Fuji (1971) ; Volupté (1972).

Takemoto Gidayu

Récitant japonais de théâtre de marionnettes (Osaka 1651 – id. 1714).

Fils de paysan, il étudie le joruri et fonde en 1684 à Osaka une salle de théâtre de poupées où il travaille en collaboration avec le dramaturge Chikamatsu Monzaemon. Son style de récitation, dit gidayu-bushi, se perpétuera jusqu'à nos jours à travers la tradition du ningyo-joruri d'Osaka.

Taketori monogatari
(Conte du coupeur de bambous)

Conte japonais anonyme de la fin du Xe s.

Composé d'un texte en prose émaillé de poèmes japonais (waka), il narre les aventures sur terre de la belle Kaguya-hime, princesse de la Lune. Combinant des motifs universels tels que le mariage entre un humain et un être surnaturel ou les épreuves imposées par l'héroïne à ses prétendants, il combine habilement merveilleux et observation de la vie humaine. Cette œuvre, considérée comme l'ancêtre du conte japonais, est encore très populaire aujourd'hui.

Taktsis (Costas)

Écrivain grec (Thessalonique 1927 – Athènes 1988).

Poète et prosateur, il est surtout connu pour son roman, le Troisième Anneau (1962), qui, par son style et sa structure, est l'un des plus importants de l'après-guerre : en un flux verbal ininterrompu, deux femmes racontent leur vie et reconstituent les fragments d'existences banales situées dans l'histoire de la Grèce du début du siècle jusqu'à décembre 1944.

Talev (Dimitar)

Écrivain bulgare (Prilep, Macédoine, 1898 – Sofia 1966).

Ses romans et nouvelles évoquent les luttes de libération de la Macédoine au cours du XIXe s. et au début du XXe (le Candélabre de fer, 1952 ; le Jour de la Saint-Élie, 1953, où il décrit l'insurrection de 1908 contre les occupants turcs ; les Cloches de Prespa, 1954 ; J'entends vos voix, 1966). Il est également l'auteur d'une trilogie historique inspirée par le premier royaume bulgare, Samuel (1958-1960).