Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Beckford (William)

Écrivain anglais (Fonthill Gifford, Wiltshire, 1760 ? – Bath 1844).

Richissime, excentrique, homosexuel, Beckford avait choisi de vivre dans un univers imaginaire devenu réalité. Reclus dans son domaine de Fonthill où il s'était fait construire un château et une gigantesque tour, il dilapida sa fortune lors de fêtes orgiaques. Il a publié des récits de voyage, des satires et des romans, mais sa réputation tient essentiellement à Vathek, conte oriental rédigé en français (1782) en trois jours ; il en publie d'abord la traduction anglaise, en 1786, puis, quelques mois plus tard, la version originale. Vathek est un calife débauché, qui va chercher jusqu'en enfer des émotions nouvelles. La narration multiplie les descriptions exotiques et l'évocation de cruautés, mais Beckford n'osa jamais publier certains récits annexes, qui présentaient de façon trop explicite diverses perversions sexuelles. Peu remarqué lors de sa première publication, l'ouvrage fut réédité en 1876 avec une préface de Mallarmé qui le saluait comme un chef-d'œuvre de la littérature française.

Becque (Henry)

Auteur dramatique français (Paris 1837 – id. 1899).

Après des débuts tâtonnants où il s'essaie à des genres aussi divers que le livret d'opéra (Sardanapale, 1867), le vaudeville (l'Enfant prodigue,1868), la « pièce sociale » (Michel Pauper, 1870), la pièce à thèse (l'Enlèvement, 1871), il remporte ses premiers succès avec deux courtes comédies, la Navette (1878) et les Honnêtes Femmes (1880). Mais c'est avec les Corbeaux (1882), âpre dénonciation de la corruption et du pouvoir de l'argent, qu'il trouve sa veine, celle de la « comédie rosse », et qu'il s'impose comme un maître aux yeux d'Antoine, le fondateur du Théâtre-Libre. Détesté par le tout-puissant critique Francisque Sarcey pour ses virulentes attaques contre la corruption régnant dans les milieux du théâtre, peu soutenu par les naturalistes qu'il ne ménage pas non plus (Souvenirs d'un auteur dramatique, 1895), Becque n'obtint jamais la reconnaissance à laquelle il aspirait : la Parisienne (1890) est un demi-échec, sa satire politique les Polichinelles est restée inachevée. Figure inclassable, Becque est aujourd'hui reconnu comme un novateur par son rejet des conventions théâtrales qui assuraient alors le succès facile de la « pièce bien faite » (intrigue compliquée, dénouement heureux, tirades à effet), voire comme le seul grand auteur dramatique français du dernier quart du XIXe siècle.

Bécquer (Gustavo Adolfo)

Écrivain espagnol (Séville 1836 – Madrid 1870).

Il est, avec Gaspar Nuñez de Arce, le grand poète de son temps. Il a laissé des Légendes en prose inspirées de traditions populaires. Influencé par Heine et Hoffmann, et rompant avec l'emphase du post-romantisme, il compose ses Rimes (1871-1876, posthumes), témoignage lyrique et authentique de la mélancolie qui l'habitait. Écrites dans une langue simple et harmonieuse, Rimas influenceront les modernistes et, un peu plus tard, Rafael Alberti.

Bède (saint) le Vénérable

Moine et historien anglais (Wearmouth 672 ou 673 – Jarrow 735).

Élevé dans l'abbaye de Wearmouth, il fut l'une des figures majeures de l'Église anglo-saxonne et l'un des « fondateurs » du Moyen Âge par son activité encyclopédique. Poète, grammairien, théologien, mathématicien, il a laissé une Historia ecclesiastica gentis Anglorum (Histoire ecclésiastique des Angles), dans laquelle il retrace l'histoire de son pays depuis sa conquête par César.

Beecher-Stowe (Harriet Beecher, Mrs. Stowe, dite Mrs.)

Romancière américaine (Litchfield 1811 – Hartford 1896).

Elle épousa un ardent abolitionniste, le révérend Calvin Stowe, et, à l'occasion d'un voyage dans le Kentucky, découvrit concrètement le monde de l'esclavage. De cette expérience elle tira un roman, la Case de l'oncle Tom (1852), qui décrit dans un style pathétique la traite des esclaves et leur condition. Premier roman américain vendu à plus d'un million d'exemplaires, ce fut l'un des plus puissants moyens de propagande du mouvement antiesclavagiste.

Beer-Hofmann (Richard)

Écrivain autrichien (Vienne 1866 – New York 1945).

Ami de Hofmannsthal et de Schnitzler, il fut à plusieurs reprises metteur en scène dans les théâtres de Max Reinhardt à Berlin et à Vienne. Auteur d'un récit (la Mort de Georges, 1900), qui est le meilleur exemple de l'impressionnisme littéraire en Autriche, il a laissé des pièces de théâtre (le Comte de Charolais, 1904), les fragments d'une trilogie culturelle, l'Histoire du roi David, dont des parties ont été publiées en 1918, 1933 et 1936, et la célèbre Berceuse pour Myriam.

Beer (Rachlavski Haïm)

Écrivain israélien (Jérusalem 1945).

Il est issu d'une famille religieuse installée dans le pays depuis plusieurs générations. En 1970 paraît son recueil de poésie, Amusements de tous les jours. Dans son premier roman, Plumes (1979), qu'il compose sous l'effet de la guerre du Kippour, il dépeint la Jérusalem des années 1950. En 1987, il publia le Temps des bourgeons ; en 1992, une biographie romancée sur Brenner, Bialik et Agnon ; et en 1998, un roman intitulé Cordes, où il relate la saga de sa famille. Admirateur de S. Y. Agnon, Beer fait partie de la nouvelle génération littéraire montante.

Beerbohm (sir Max)

Caricaturiste et écrivain anglais (Londres 1872 – Rapallo 1956).

Bel esprit de la génération symboliste, il affiche dans ses chroniques au Yellow Book puis à la Saturday Review une mondanité et une misogynie sans faille (l'Hypocrite sanctifié, 1897 ; Zuleika Dobson ou Une histoire d'amour à Oxford, 1911). Seul survivant d'un groupe d'écrivains suicidés, réfugié dans le snobisme, il fut l'enfant terrible officiel de son temps, comme en témoignent plusieurs volumes de caricatures (1907, 1912).

Beets (Nicolaas)

Écrivain hollandais (Haarlem 1814 – Utrecht 1903).

Admirateur de Byron (Kuser, 1835 ; Guy le Flamand, 1837), il devient pasteur, puis professeur de théologie à Utrecht (1874). Sous le pseudonyme de Hildebrand, il composa la Camera obscura (1839-1854), fresque de la vie bourgeoise de la Hollande en plein « Réveil » protestant, dans laquelle le réalisme se teinte d'un humour à la Dickens.