Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Rosa (Antonio Ramos)

Poète portugais (Faro 1924).

Critique et essayiste, il écrit une poésie d'un surréalisme modéré, inspirée par le quotidien, qui se dépouille à travers une désagrégation syntaxique : le poème devient agrégation de mots aussi déconnectés et indépendants les uns des autres que des atomes (le Cri clair, 1958 ; Voix initiale, 1961 ; la Construction du corps 1969 ; le Dieu nu[l], 1988).

Rosa (Salvator)

Peintre et poète italien (Arenella, Naples, 1615 – Rome 1673).

Sa peinture est à l'origine d'une vision particulière du paysage où le décor naturel est lié à un sentiment mélancolique et fantastique. Poète, il fustige dans ses satyres (Satyres, v. 1695) les mœurs et la culture de la Rome baroque (la Musique ; la Poésie ; la Peinture ; la Guerre) ainsi que l'hypocrisie sociale (l'Envie, la Babylone, le Tyrréen).

Rosales (Luis)

Écrivain espagnol (Grenade 1910 – Madrid 1992).

Il appartient à la jeune génération des poètes de 1935, caractérisée par son catholicisme intimiste et son conservatisme politique et social. D'inspiration religieuse et de facture classique (Avril, 1935), sa poésie évolue vers l'inspiration biographique et le vers libre (Rimes, 1951 ; la Lettre entière, 1980). Il est le coauteur d'une Anthologie de la poésie héroïque espagnole (1941-1943) et d'essais (la Poésie de Neruda, 1978).

Rosegger (Peter)

Écrivain autrichien (Alpl 1843 – Krieglach 1918).

Autodidacte attiré très tôt par la littérature, il resta toute sa vie enraciné dans sa Styrie natale dont les paysans, les hommes et les coutumes forment les sujets essentiels de son œuvre abondante (souvent de caractère autobiographique) : les Écrits du maître d'école de la forêt (1875) ; Forêt de mon pays (1877) ; Jacob le dernier (1888) ; Mon enfance dans la forêt (1902). C'est un hymne à un monde rural menacé de disparition.

Rosenberg (Harold)

Écrivain américain (New York 1906 – id. 1982).

Poète et critique, il s'est imposé comme analyste de l'art contemporain, dans ses caractéristiques américaines et européennes, suivant des axes à la fois sociologiques et esthétiques (la Tradition du nouveau, 1959 ; l'Objet angoissé, 1964 ; Œuvres et emballages d'art, 1969).

Rosenfeld (Morris)

Poète de langue yiddish (Boksza, Pologne, 1862 – New York 1923).

Fixé à New York en 1886, tailleur de son métier, il est un poète prolétarien qui exprime la détresse des ouvriers juifs aux prises avec le capitalisme. Les recueils la Cloche (1888) et Livre de chants (1897), traduits en anglais et en allemand sous le titre Chants du ghetto, lui valurent une notoriété internationale.

Rosini (Giovanni)

Écrivain italien (Lucignano, Arezzo, 1776 – Pise 1855).

Il est l'auteur de romans historiques (la Religieuse de Monza, 1829 ; Luisa Strozzi, 1883 ; le Comte Ugolino della Gherardesca, 1843) et de poèmes de circonstance (Hymne à la Liberté, 1799 ; les Noces de Jupiter et de Latone, 1810). Il fut également essayiste (Histoire de la peinture italienne, 1839-1842).

Rosny (J. H.)

Pseudonyme de Joseph Henri Boex, dit Rosny aîné (Bruxelles 1856 – Paris 1940), et de son frère Séraphin Justin, dit Rosny jeune (Bruxelles 1859 – Ploubazlanec 1948).

D'abord dans la mouvance naturaliste (Nell Horn, 1886), ils prirent leurs distances à l'égard de Zola en signant le « Manifeste des Cinq » (1887) et se firent une spécialité du roman d'anticipation dans une tonalité volontiers fantastique (les Xipéhuz, 1887 ; le Bilatéral, 1887 ; Vamireh, 1892). Après s'être séparés (1909), ils poursuivirent leur œuvre chacun de son côté, l'aîné dans une veine à la fois plus imaginative (la Guerre du feu, 1911 ; les Navigateurs de l'infini, 1925) et plus scientifique (il signa du nom de J.-H. Boex-Borel le Pluraliste : essai sur la discontinuité et l'hétérogénéité des phénomènes, 1919 ; les Instincts, 1939), le cadet dans une perspective plus réaliste (Sépulcres blanchis, 1913 ; la Métisse amoureuse, 1931 ; le Destin de Marin Lafaille, 1946). Ils comptèrent tous deux parmi les premiers membres de l'Académie Goncourt.

Rosselli (Amelia)

Écrivain italien (Paris 1930 – Rome 1996).

Après avoir débuté dans l'avant-garde italienne (Groupe 63), elle trouve la force de sa veine poétique dans la douleur de la solitude. Elle atteint le sommet de son art en alliant l'expérimentation linguistique et l'analyse de la misère de la condition humaine (Impromptu, 1981). Ses poésie sont réunies dans les Poésies, 1997.

Rosset (François de)

Écrivain français (vers 1570 – 1619).

Encore mal connue aujourd'hui, la vie du méridional François de Rosset, avocat, protestant converti au catholicisme, se partage entre les traductions de Cervantès (les Nouvelles exemplaires), de l'Arioste, le droit et la poésie (Douze Beautés de Phylis ; Lettres amoureuses et morales des beaux esprits de ce temps). Mais ce sont surtout ses Histoires tragiques parues en 1614, 1615 et 1616 qui en font un auteur à succès. Best-seller de l'Ancien Régime, l'ouvrage ne cessera d'être réédité sous le nom de Rosset, assorti de nouvelles pièces qui formeront plus de 40 éditions jusqu'en 1757. À partir de faits divers véritables, récents et sanglants, qui forment un théâtre de l'ambition et des passions, Rosset reprend un genre en vogue dans l'Italie de la Renaissance, pour créer un romanesque noir, volontiers édifiant, qui sera l'un des ancêtres de la littérature fantastique du XIXe siècle.

Rossetti (Christina Georgina)

Femme de lettres anglaise (Londres 1830 – id. 1894), sœur de Dante Gabriel et William Michael.

Elle publia ses premiers vers (1850) dans la revue The Germ dirigée par ses frères. Son inspiration tout imprégnée de foi religieuse se révèle dans les recueils le Marché des lutins (1862) et le Voyage du Prince (1866). À partir de 1874, elle se consacre à des œuvres en prose de méditation religieuse (Annus Domini, 1874 ; Le temps fuit, 1885) et à des commentaires bibliques (le Visage de l'abîme, 1892). Ses poèmes pour enfants (Sing-Song, 1872) ont été un classique de la littérature de jeunesse.

Rossetti (Dante Gabriel)

Peintre et poète anglais (Londres 1828 – Birchington, Kent, 1882).

Il est en 1848, avec William Holman Hunt et John Everett Millais, le fondateur de l'école de peinture préraphaélite, qui cherche, par-delà les conventions esthétiques héritées de la Renaissance, à retrouver la pureté de l'inspiration du Quattrocento italien. Dans The Germ, la revue qui diffuse les idées de la « confrérie », il publie en 1850 ses premiers poèmes (parmi lesquels « la Damoiselle élue ») et son seul récit en prose, la Main et l'âme. Prenant pour sujet la vie et la carrière du peintre médiéval toscan Chiaro dell'Erma, le récit est entièrement imaginaire et – comme toute l'œuvre lyrique de Rossetti – d'inspiration autobiographique. Les sonnets qui forment le cycle la Maison de vie, parus pour partie dans les Ballades et Sonnets de 1870 et publiés dans leur intégralité en 1881, mais dont la composition l'occupe depuis sa vingtième année, retracent ainsi les moments les plus intenses de sa vie, ordonnés en deux parties selon un principe thématique : Jeunesse et changement et Changement et destinée. Une vingtaine d'entre eux sont inspirés par son amour pour Lizzie Siddal – amour dont la réalisation longtemps différée (le mariage ne viendra qu'après dix ans de fiançailles) est finalement source d'amertume. La mort de Lizzie, en 1862, transfigurera cette passion en une vénération macabre et mystique.