Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
L

Livre des vers
(Shijing ou Classique de la poésie)

C'est la première anthologie poétique chinoise. Elle rassemble 305 poèmes dont les plus anciens datent du XIe siècle av. J.-C. Le texte actuel, longtemps attribué à Confucius, existait sans doute à la fin du VIe siècle. Dès les Han, il fut reconnu comme le deuxième des Cinq Classiques confucéens. Son importance est donc sans commune mesure avec son contenu. Sa version officielle fut celle d'un certain Mao (IIe s. av. J.-C.) qui visait à en faire exclusivement une poésie politique et historique à but moral. Le commentaire didactique de Zheng Xuan (127-200) confirma cette interprétation qui se perpétua jusqu'à l'époque moderne. Si le vers préféré de l'anthologie, quatre pieds plus une césure, n'a pas eu de succès durable, les deux procédés stylistiques employés couramment sont restés la base de l'écriture poétique chinoise : bi (comparaison) et xing (métaphore allusive). Cette anthologie se divise en trois sections. Les Guofeng, ou « airs des principautés », comptent 160 chansons d'origine paysanne à la structure simple (deux ou trois couplets autour d'un refrain), rassemblées dans 15 principautés de la Chine du Nord : ce sont principalement des poésies d'amour, des airs de mariage ou de travaux des champs ; ces couplets, chantés ou improvisés lors des fêtes saisonnières, restituent l'ambiance de la vie villageoise et décrivent avec spontanéité les sentiments de la jeunesse, au moyen de dictons empruntés à la vie de la nature. Les Ya, ou « poèmes raffinés », comptent 105 poèmes de la noblesse, décrivant chasses et festins, plus recherchés dans leur construction et leurs images. Enfin les Song, ou « hymnes », au nombre de 37, sont des récits épiques destinés aux cérémonies rituelles de la cour des Zhou (1066-221).

Llewellyn (Richard Dafydd Vivian Llewellyn Lloyd, dit Richard)

Écrivain gallois (Saint-David's, Pembrokeshire, 1907 – Dublin 1983).

Hôtelier, peintre, cinéaste et auteur dramatique (le Nœud coulant, 1947), il intègre un régionalisme sincère dans une esthétique parfois datée (Qu'elle était verte ma vallée, 1939 ; la Montagne qui chante, 1963 ; Elle est redevenue verte ma vallée, 1975).

Llor (Miquel)

Écrivain espagnol d'expression catalane (Barcelone 1894 – id. 1966).

Caractérisés par l'importance et le pointillisme des tableaux de mœurs et des analyses psychologiques, ses romans et ses nouvelles mettent en scène des personnages sans grande envergure ou comme étouffés par la grisaille ambiante (Histoire grise, 1925 ; Laura dans la cité des saints, 1931 ; L'oreig del desert, 1934). Il est également l'auteur de traductions (Gide, Moravia).

Lo-Johansson (Ivar)

Écrivain suédois (Osmo, Södermanland, 1901 – Stockholm 1990).

Il aura consacré son œuvre, dans l'esprit de l'école dite « prolétaire », à dépeindre la condition des journaliers agricoles qu'il a personnellement vécue (Nouvelles de journaliers, 1945 ; la Tombe de l'ours et autres nouvelles de journaliers, 1984). Rien qu'une mère (1939) et surtout le Tracteur (1943) sont des plaidoyers pour la justice et la solidarité. Il s'engagea ensuite dans une série de romans autobiographiques (l'Analphabète, 1951 ; l'Écrivain prolétaire, 1960) qui témoignent de l'évolution politique et culturelle de son pays.

Loaisel de Tréogate (Joseph Marie)

Écrivain français (Saint-Guyomard 1752 – Paris 1812).

Après des nouvelles isolées (Valmore, Florello, 1776), puis un recueil (les Soirées de la mélancolie, 1777), la Comtesse d'Alibre (1778), remaniée en 1800 sous le titre de Valrose ou les Orages de l'amour, raconte l'histoire d'une jeune épouse enfermée et tourmentée par son mari ; Dolbreuse (1783) chante le retour à la vertu et à la simplicité provinciale. Loaisel se tourna ensuite vers le théâtre, des spectacles révolutionnaires et le mélodrame (le Château du diable, 1792).

Lobo Antunes (António)

Écrivain portugais (Lisbonne 1942).

Le roman qui l'a révélé (le Cul de Judas, 1979), témoignage d'un psychiatre sur la guerre coloniale, affirmait ses qualités novatrices, exploitées dans les romans suivants (Fado d'Alexandrie, 1983 ; la Farce des damnés, 1985 ; le Retour des caravelles, 1988 ; Manuel des Inquisiteurs, 1996). Il exprime un désenchantement historique allié à un style qui restitue les confusions mentales de personnages effarés.

Lodge (David)

Écrivain anglais (Londres 1935).

Avec Malcolm Bradbury, David Lodge est le maître incontesté du « roman universitaire » ou « roman de campus », mais il lui arrive de s'éloigner du microcosme des facultés britanniques et des colloques internationaux. Le public le découvre en 1965 avec la Chute du British Museum. Parmi une production abondante, on peut signaler la trilogie que forment Jeux de maux ? (1980), Un tout petit monde (1984) et Jeux de société (1988) ; dans ce dernier titre, Lodge lance quelques piques à l'adresse du gouvernement Thatcher, qui impose aux universitaires un rapprochement avec le monde de l'entreprise. Il est également connu pour ses ouvrages critiques (l'Art de la fiction, 1992). Pensées secrètes (2000) fait s'affronter deux universitaires (un scientifique et une littéraire) au sein d'un étrange rituel de séduction qui passe notamment par un débat sur des thèmes philosophiques (la conscience, la théorie du chaos...), avec l'humour dévastateur qui caractérise le style de David Lodge.

Lodge (Thomas)

Écrivain anglais (Londres  v. 1557 – id. 1625).

« Bel esprit universitaire », fils du lord-maire de Londres, il publia une Défense du théâtre (1580), mais échoua comme dramaturge (le Miroir de Londres, 1594, avec R. Greene). Il participa à des expéditions de pirates aux Canaries et au Brésil, réussit dans la « romance » en vers (Glaucus et Scylla, 1610), le roman pastoral à la manière de Lyly – Rosalynde (1590), dont l'intrigue et le thème arcadien inspireront Shakespeare dans Comme il vous plaira – et l'essai (l'Ombre d'Euphues, 1592). Devenu catholique, médecin en Avignon (Traité sur la peste, 1603), il traduisit Flavius Josèphe et Sénèque.

Lodoli (Marco)

Écrivain italien (Rome 1956).

Il aime à décrire des personnages marginaux, moins pour les transformer en cas sociaux que pour exprimer sa vision de la réalité (Chronique d'un siècle qui s'enfuit, 1986 ; le Clocher brun, 1989 ; les Fainéants, 1990 ; Courir, courir, 1992 ; le Vent, 1996).