Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
Y

Yizhar (Smilansky Yizhar, dit S.)

Écrivain israélien (Rehovot 1916-Gedera 2006).

Après avoir enseigné dans une école secondaire de Rehovot, il combattit dans la guerre d'indépendance et siégea à la Knesset (1949-1967). À la charnière de deux époques, il est l'un des chefs de file de la littérature israélienne. Son héros privilégié est un jeune homme rêveur et tourmenté comme lui, évoluant dans un paysage marqué par les souvenirs d'enfance d'un bourg agricole face aux espaces infinis du désert (le Bois sur la colline, 1947). Dans le roman les Jours de Tziklag (1957), ainsi que dans les Quatre Nouvelles (1956) et les Six Contes d'été (1960), il évoque le drame des combattants pour l'indépendance et leurs victimes, les conquêtes, la destruction et la mort. Avec les Contes de la plaine (1964), il est entré dans l'ère de la désillusion. Son style baroque, amalgamant le langage parlé à toutes les formes de l'hébreu, a profondément marqué la langue littéraire de ses contemporains. Après presque 30 ans, Yizhar brise son silence pour publier deux romans autobiographiques, où il retrace la saga des pionniers sionistes au début du XXe s., Miqdamot, 1992, et Zalhabim, 1993.

Yogavasistha
(Enseignement de la doctrine du Yoga à Rama)

De date incertaine (Xe-XIIe s.), cette œuvre très populaire (traduite en persan au XVIIe s. et abondamment commentée) aurait pour lieu d'origine le Cachemire. Il en existe une version abrégée (Laghuyogavasistha). Sous forme de contes philosophiques, elle présente les notions-clefs de la pensée hindoue... : cycle des renaissances (samsara), cosmologie, conscience, délivrance... S'appuyant sur des éléments doctrinaux de divers horizons (Vedanta, bouddhisme mahayana, Tantra), le Yogavasistha défend un idéalisme de la perception.

Yokomitsu Riichi (Yokomitsu Toshikazu, dit)

Écrivain japonais (Fukushima 1898 – Tokyo 1947).

Fondateur d'une école littéraire, le Néosensationnisme, qui l'associe à Kawabata, il arbore, dès ses premiers récits, la Mouche et le Soleil (1923), l'auréole d'un « dieu de la littérature ». De son œuvre multiple, on retiendra : le Printemps à bord de sa diligence (1926) ; les Pensées d'un jardin en fleurs (1927) ; Shanghai (1928-1931) ; la Machine (1931) ; le Blason (1934) ; Traité du roman pure (1935) ; Tristesse du voyage (1937-1946).

Yom Sang-Sop

Romancier coréen (Séoul 1897 – id. 1963).

C'est le maître du naturalisme coréen dont il est le créateur avec la Grenouille verte de la salle des spécimens (1921). Influencé par Dostoïevski, il décrit avec froideur une sombre réalité, que ce soit pendant l'occupation japonaise (Un petit incident, 1926 ; Trois Générations, 1927 ; la Nuit, 1927) ou après la libération (Deux Faillites, 1949 ; Gains et pertes, 1958).

yoruba

Le yoruba est le nom de la variété écrite de la langue parlée par les Yoruba (plus de vingt millions de personnes). Ceux-ci, qui peuplent l'ouest du Nigeria, ont créé dès le XIXe siècle quelques-unes des villes parmi les plus importantes du continent, en particulier Ibadan : avec plus de 5 millions d'habitants, elle abrite l'université qui a été le creuset de la vie littéraire au Nigeria. Agrégation de royaumes fortement structurés par des associations de chasseurs ou de masques, les Yoruba ont une importante littérature orale qui a été depuis longtemps recueillie et étudiée par des chercheurs et des écrivains yoruba. Dès 1873, un accord était trouvé sur la graphie de leur langue, qui est toujours utilisée. Les poésies des masques (iwi), des chasseurs (ijala), les incantations des devins (odu ifa) sont de véritables écritures dans lesquelles se concentrent la sagesse et l'histoire de cette culture qui a exporté sa religion et sa langue dans le Nouveau Monde. Au XXe siècle, les romans de D. O. Fagunwa (1910-1963), notamment les Aventures du chasseur dans la forêt des mille démons (traduit en anglais par Wole Soyinka en 1968), ont permis la diffusion scolaire de la langue ; des poètes comme A. Faleti et, aujourd'hui, des romanciers de la vie urbaine comme Awoniyi continuent à illustrer cette culture écrite. Un des développements les plus originaux a été, sous l'impulsion de H. Ogunde (1916-1990), la création d'un théâtre musical politique, voire historique ne se pend pas – comme Le roi ne se pend pas (D. Ladipo [1932-1978]) – qui a su se placer au centre de la vie politique et sociale de l'ouest du Nigeria et qui se prolonge aujourd'hui dans la création vidéo.

Yosano Akiko (Yosano Sho, dit)

Poétesse japonaise (Osaka 1878 – Tokyo 1942).

Fille d'une ancienne famille de négociants, elle fut très vite attirée par la poésie, et participa activement à la vie littéraire dès l'âge de 18 ans, en publiant ses poèmes de tanka dans la revue Myojo (avril 1900), qui venait d'être créée. En août, elle rencontre le fondateur, Yosano Tekkan, dont elle s'éprend au point de tout quitter pour le rejoindre à Tokyo (juin 1901) : de leur union naîtront onze enfants. Son premier recueil de poèmes, Cheveux défaits (1901), fait date dans l'histoire du tanka, en apportant à ce genre traditionnel un souffle de modernité. C'est en effet la première fois qu'une femme japonaise exprime avec autant de liberté, sans souci des préjugés et de la morale, sa passion et sa sensualité. Parmi sa production considérable, on retiendra des recueils comme Petit Éventail (1904) ; Habits d'amour (1905), où elle dédie, à son frère cadet mobilisé pour la guerre russo-japonaise, son célèbre poème contre le militarisme ; la Danseuse (1906), apogée du romantisme ; De l'été à l'automne (1914), poèmes écrits lors d'un voyage en Europe (1912), et les Cerisiers blancs (1942), œuvre posthume. Elle a également traduit en langue contemporaine le Dit du Genji (2 versions : 1912-1938).

Yoshikawa Eiji (Yoshikawa Hidetsugo, dit)

Romancier japonais (Yokohama 1892 – 1962).

Il dut travailler dès l'âge de 12 ans, mais finit par réaliser son rêve de vivre de sa plume, grâce à son premier feuilleton publié en 1922 : Vie de Shinran. Puis il écrivit des romans de cape et d'épée qui eurent une grande popularité : Périls de femmes et de sables (1925-1926) ; le Carnet secret de Naruto (1926-1927) ; la Pierre et le Sabre, la Parfaite Lumière (Miyamoto Musashi, 1935-1939), l'un des best-sellers de la littérature historique ; la Chronique de Heike (1950-1957) ; Une nouvelle version de la Chronique de la Grande Paix (1958-1931).