Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
A

Antiphon

Orateur grec (Athènes v. 480 – v. 411 av. J.-C.).

Rhéteur et logographe, il fut condamné et exécuté pour sa participation active au gouvernement des Quatre-Cents et ses positions oligarchiques. Outre quelques plaidoyers (comme Sur le meurtre d'Hérode), il reste de lui trois Tétralogies, ensembles de quatre discours de défense et d'accusation consacrés à la même cause judiciaire fictive, où, mettant en œuvre son enseignement, il démontre comment on peut infirmer ou confirmer chaque argument.

antiroman

Le terme lui-même est ancien et correspond à un élan de libération des conventions narratives : Sorel l'utilise pour qualifier son Berger extravagant, et il n'est pas fortuit que Sartre en use à son tour dans sa préface à Portrait d'un inconnu de Sarraute. Après les critiques de Valéry, de Gide ou de Breton à l'égard du roman, Beckett, Blanchot et tous ceux qui feront le renouveau du genre, entreprennent de « larguer le romanesque » (Pinget), mais de l'intérieur. D'où une littérature du soupçon, qui touche à la fiction et au langage, du Nouveau Roman à Tel Quel. Cervantès, Dostoïevski, Joyce, Roussel offrent cautions et modèles. Sous l'égide épistémologique de la phénoménologie et de la psychanalyse, l'antiroman entretient une relation spéculaire avec ce qu'il dénonce et se donne pour l'exact opposé de la théorie, caricaturale, qu'il prête à Balzac : déconstruction narrative, réalisme paradoxal, mort du héros, flou temporel, refus du psychologisme et de l'illusion référentielle.

antithéâtre

Le terme et la dramaturgie qu'il recouvre apparaissent dans les années 1950, et s'apparentent au « théâtre de l'absurde » ou au « nouveau théâtre » : Ionesco donna à la Cantatrice chauve, une des premières pièces de ce courant, le sous-titre d'« anti-pièce », désignant par là une volonté de mettre à mal la tradition théâtrale bourgeoise. L'antithéâtre, pour autant que l'on puisse regrouper dans cette appellation vague des auteurs aussi différents que Ionesco, Beckett, Adamov, ou Pinget et Mrozek, voire Handke et Dürrenmatt, se définit, dans la lignée surréaliste et futuriste, comme un théâtre dressé contre la « pièce bien faite » du XIXe siècle, avec sa psychologie facile, ses dialogues brillants, son intrigue bien ficelée, son illusionnisme scénique et sa volonté de se faire une tribune morale. Sa négativité radicale n'est toutefois pas sans une profonde ambiguïté, puisqu'elle porte aussi bien sur les formes que sur les thématiques. C'est sans doute une des raisons du rapide essoufflement du courant.

Antologia

Revue littéraire, économique et scientifique italienne (1821-1833), fondée et dirigée à Florence par G. Vieusseux et G. Capponi.

D'inspiration libérale, elle compta parmi ses membres Cattaneo, Mazzini et Leopardi. Sa publication reprit en 1866 à Florence, sous le nom de Nuova Antologia, se vantant de collaborateurs tels Carducci, D'Annunzio, Verga, Deledda.

Antun (Farah)

Écrivain libanais (Tripoli 1874 – Le Caire 1922).

Il émigra en Égypte où il créa en 1899 la revue al-Jâmi'a, qui vulgarisa la pensée philosophique, contribua au genre romanesque naissant et diffusa les idées socialistes. Une violente controverse opposa en 1903 ce laïciste positiviste proche de Renan à Muhammad Abduh. En réponse, il écrivit une utopie (Religion, science et argent, ou le Livre des trois cités, 1903) suivie d'un roman idéologique (la Nouvelle Jérusalem, 1904). Après cinq ans aux États-Unis, il revint en Égypte, où il défendit la cause nationaliste et écrivit pour le théâtre (Saladin et le royaume de Jérusalem, 1914). Il traduisit de nombreux textes occidentaux, dont Paul et Virginie (1902) et Œdipe roi (1912).

Antwerps Liedboek

Recueil néerlandais de 221 chansons « nouvelles et anciennes », comme indique le titre complet, « pour chasser la tristesse et la mélancolie ».

Imprimée à Anvers en 1544 par Jan Roelans. Cette collection de textes des XVe et XVIe s. est la plus variée et la plus ancienne anthologie connue en langue populaire. Elle joua un rôle prépondérant dans la révolte politique et religieuse contre l'Espagne. Mise à l'Index dès 1546, elle fut brûlée. Un seul exemplaire survécut à l'autodafé et fut réédité en 1855 par Hoffmann von Fallersleben (Horae Belgicae, XI), puis par G. Hellinga en 1941 sous le titre de Liedekens Boeck.

Anvari (Owhad al-Din Mohammad ibn Mohammad)

Poète persan (district de Khavaran, Khorasan, v. 1125 – Balkh 1189 ou Tabriz 1191).

Il dut à sa virtuosité le titre de « Maître de la qasida persane ». Après des études supérieures à la Madrasa Mansouriyya de Tous, il publia ses premières qasida (1145), qui lui valurent aussitôt la notoriété. Attiré par les honneurs, il accepta un poste à la cour seldjoukide du sultan Sandjar. Cette période de sa vie fut la plus heureuse et la plus féconde. Poète officiel, il brilla non seulement par ses œuvres d'imagination, mais aussi par la diversité de ses connaissances (musicales, philosophiques, scientifiques). Cependant, sa passion de l'astrologie le perdit aux yeux de ses maîtres : à la suite de conjonctions astrales exceptionnelles, il avait en effet prédit des triomphes qui ne se réalisèrent pas (1185). Il composa également des élégies sur les ruines du Khorasan. À la fin de sa vie, aigri et révolté, il s'adonna à un style satirique, dont il usa pour stigmatiser la société et ses rivaux.

Anzengruber (Ludwig)

Écrivain autrichien (Vienne 1839 – id. 1899).

Il connut la gloire avec sa pièce anticléricale le Curé de Kirchfeld (1871). Il écrivit d'abord pour le théâtre (le Paysan parjure, 1871 ; les Analphabètes, 1872), puis se tourna davantage vers le roman (la Souillure, 1876) et la nouvelle. Il connaissait parfaitement le théâtre populaire et ses procédés qu'il mettait au service de ses idées. Matérialiste, disciple de L. Feuerbach, volontiers anticlérical et critique à l'égard des autorités, il abordait des thèmes d'actualité dans un style précurseur du naturalisme.

Aouad Basbous (Thérèse)

Poétesse, dramaturge et romancière libanaise d'expression française et arabe (Bhersaf 1934).

C'est en 1983 qu'elle publie son premier ouvrage en français, Clair-obscur, qui se présente sous forme d'un recueil de poèmes en prose et en vers libres. Quatre titres composent ses pièces de théâtre écrites en français : H2O (1994), Seuls comme l'eau (1994), la Coïncidence (1994), la Nonne et le téléphone (1996). On lui doit également Mon roman (1996), le seul roman publié en français à ce jour par Thérèse Aouad Basbous.