Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
G

Gorostiza (Manuel Eduardo de)

Auteur dramatique mexicain (Veracruz 1789 – Tacubaya 1851).

Orateur, journaliste et polémiste, il vécut longtemps en Espagne. Successeur immédiat de Moratín, il a écrit des comédies de mœurs, parmi lesquelles Indulgence pour tous (1818), plaidoyer pour la tolérance, et Avec toi, du pain et des oignons (1833), amusante satire du sentimentalisme romantique contrarié par la dure réalité de la vie.

Görres (Joseph von)

Publiciste et écrivain allemand (Coblence 1776 – Munich 1848).

Il a fait partie, avec Brentano, Arnim et les frères Grimm notamment, du groupe des « romantiques de Heidelberg ». Hostile à tout rationalisme, il ne croit pas au progrès de l'humanité et prêche le retour aux intuitions collectives, l'exaltation de l'âme populaire et le nationalisme allemand. Les sources de ce renouveau, qui se traduit par des positions politiques réactionnaires, sont à chercher dans les mythologies orientales (l'Histoire des mythes du monde asiatique, 1810) et dans le Moyen Âge allemand (Livres populaires allemands, 1807). Görres participe également à la publication, par Arnim et Brentano, du Cor enchanté de l'enfant et du Journal pour ermites, qui se fixe pour objectif de faire revivre le passé national. Dans le Mercure rhénan (1814-1816), il appela à la révolte contre Napoléon, alors que dans un premier temps il avait accueilli avec enthousiasme la Révolution française. Sur la fin de sa vie, il se fera le chantre du catholicisme mystique (la Mystique chrétienne, 1836-1842) et l'apôtre d'un monisme théocentrique et réaliste.

Gorter (Herman)

Écrivain, philosophe et militant politique hollandais (Wormerveer 1864 – Bruxelles 1927).

Son grand poème Mai (1889), allégorie de la recherche de l'absolu inspirée à la fois de Keats et de Kloos, fut la charte du « sensitivisme », dans un style libéré, à l'encontre de celui de la « génération de 80 », des contraintes rythmiques et prosodiques classiques. Disciple de Spinoza, il adhéra au parti socialiste, puis évolua vers un marxisme visionnaire qui l'opposa à Lénine (1920) et qui inspira ses poèmes cosmiques et utopiques (Pan, 1912-1916 ; Chants, 1930).

Gottfried de Strasbourg

Poète allemand (fin du XIIIe s.).

Sa vie est mal connue. Ses disciples lui donnent le titre de « Maître » en référence à une culture exceptionnelle pour l'époque (théologie, littérature antique, roman courtois français). Il mourut sans achever sa seule œuvre conservée, Tristan (19 548 vers), vers 1210. Il s'interdit, comme tous les adaptateurs de l'époque, de remanier son modèle (le récit de Thomas de Bretagne), mais s'écarte sensiblement du Minnesang. Se référant sans réserve à l'idéal courtois, aux vertus chevaleresques et à l'amour de Dieu, il montre aussi comment l'amour bouleverse ce système de valeurs et s'avère plus fort que les conventions humaines, plus fort même que la loi divine. Certains ont cru voir dans cette contradiction la raison pour laquelle Gottfried n'a pu achever son poème, d'autres ont mis en doute l'orthodoxie de sa foi chrétienne. Quoi qu'il en soit, ce très beau poème, écrit dans une langue dont la pureté n'a d'égale que la musicalité, est un chef-d'œuvre de la littérature du Moyen Âge.

Gottsched (Johann Christoph)

Écrivain allemand (Judittenkirchen, Prusse-Orientale, 1700 - Leipzig 1766).

Après avoir étudié à Königsberg et à Leipzig, il enseigna de longues années à l'université de cette ville. Le rationalisme de Wolff et l'Art poétique de Boileau sont à la base de son Art poétique critique à l'usage des Allemands (1730), où, pour élever la littérature allemande au niveau des lettres françaises, il prône un style clair et ordonné, l'observation du bon goût, de la vraisemblance et de la règle des trois unités. Il proscrit, en revanche, les arlequinades des troupes ambulantes et l'emploi du merveilleux. Pour illustrer ses idées, il fit jouer en 1731 son Caton mourant, première tragédie régulière en alexandrins rimés en langue allemande. Gottsched publia également une Grammaire (1748), où il propose le saxon comme langue allemande commune et s'efforce de donner à cette langue un fondement théorique clair. Après avoir dominé la vie littéraire allemande de 1730 à 1740, il fut vivement attaqué par la génération montante pour la rigidité de son dogmatisme.

Goudar (Ange)

Écrivain français (Montpellier v. 1720 – 1791).

Aventurier philosophe, il multiplia les lieux de résidence aux quatre coins de l'Europe et les publications souvent anonymes (le Brigandage de la musique, 1777). Ses traités d'économie politique, ses pamphlets et ses œuvres de fiction témoignent d'un esprit soucieux d'égalité et de réformes sociales (l'Espion français à Londres, 1779). Son Testament politique de Louis Mandrin (1755) glorifie le brigand redresseur de torts.

Goudelin (Peire)
ou Peire Goudouli

Écrivain français de langue d'oc (Toulouse 1580 – id. 1649).

Fils de chirurgien, il fit des études de droit puis se consacra à sa carrière d'écrivain. Protégé d'Adrien de Montluc, de Montmorency et du parlement, il jouera le rôle de poète de la cité de Toulouse, bénéficiant d'une immense popularité dans toutes les classes sociales. La ville lui demandera des thèmes et des prologues de ballets à chaque grande festivité. Rassemblées, ces pièces composeront le Ramelet moundi (Bouquet toulousain), qui connaîtra de nombreuses éditions. La poésie de Goudelin, simple et bigarrée, nourrie d'humanisme, recèle un patriotisme linguistique qui fait pratiquement de l'auteur un précurseur de la renaissance occitane au XIXe siècle.

Gouges (Marie Gouze, dite Olympe de)

Femme de lettres et publiciste française (Montauban 1755 – Paris 1793).

Veuve d'un bourgeois de Montauban venue à Paris, elle lutta pour imposer Zamore et Mirza ou l'Heureux Naufrage, enfin monté en 1789 sous le titre de l'Esclavage des nègres. Elle donna d'autres pièces, refusées par la Comédie-Française, et un roman épistolaire, Mémoires de Mme de Valmont (1788). La Révolution fait d'elle l'avocate des Droits de la femme (1792), et elle écrit alors des brochures dont les idées girondines lui valent l'échafaud.