Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
G

galaïco-portugaise (poésie)

Elle constitue, avec la poésie provençale, à laquelle elle est antérieure, le corpus le plus important de la poésie médiévale. Elle comprend les trois genres de cantigas (chansons d'amour, d'ami et de « médisance »), datées de 1199 à 1354. Sa descendance est constituée par deux écoles postérieures, la galaïco-castillane (Cancionero de Baena, 1445), et la castillane-portugaise, qui se prolonge jusqu'au début du XVI e siècle (Cancioneiro geral de Garcia de Resende).

Galanaki (Réa)

Poète et romancière grecque (Héraklion, Crète, 1947).

Auteur de poèmes et de nouvelles, elle se distingue avec son premier roman, la Vie d'Ismaïl Ferik pacha (1989). L'écriture travaillée, musicale et poétique, est mise au service d'une plongée dans l'intériorité des personnages (Je signerai Louis, 1993 ; Hélène, ou Personne, 1998).

galanterie

L'« invention » du classicisme au cours de l'histoire littéraire et la minoration de tout ce qui ne paraissait pas conforme à sa définition ont occulté des courants de sensibilité et d'esthétique qui avaient pourtant, au yeux des contemporains, une place importante, voire centrale. Ainsi du courant galant. De nombreuses œuvres en relèvent, « par leurs titres, par les qualifications génériques dont elles sont nanties ou par la teneur des commentaires dont elles ont fait l'objet » (A. Viala), de C. Sorel (les Lois de la galanterie, 1644) à Fontenelle (Lettres galantes, 1683), en passant par les Recueils de poésies nouvelles et galantes de Pellisson et Mme de La Suze, les Annales galantes de Mme de Villedieu (1670), le Mercure galant fondé par Donneau de Visé, et des genres spécifiques comme la comédie galante, la lettre galante, la nouvelle galante...

   Cette qualification esthétique renvoie dès l'abord à une éthique, à un mode de comportement social qui doit induire un mode d'écriture, fait d'ingéniosité et d'enjouement, d'urbanité et de « négligence diligente », union d'aisance et d'élégance (équivalant à la sprezzatura italienne définie par B. Castiglione). Elle récuse tant la pédanterie que l'affectation, pour prôner le naturel du langage et des manières, mais un naturel si travaillé qu'il a pu passer pour préciosité (ainsi chez Mlle de Scudéry). Cette forme raffinée de l'honnêteté selon Méré (Conversation première, 1668) est un art de la séduction, y compris amoureuse, telle que la théorise Mlle de Scudéry dans sa Carte du Tendre (la Clélie, 1654-1660) ; elle vise en particulier à réguler les relations entre l'homme et la femme, dans la conversation comme dans la recherche d'une vie amoureuse positive – mais il est aussi une version négative, libertine, de la galanterie (les Galanteries du duc d'Ossone de Mairet, 1636).

   La galanterie littéraire se développa au lendemain de la Fronde, et eut pour premier théoricien Pellisson (Discours sur les œuvres de M. Sarasin, 1655). Elle concerne autant des écrivains « mineurs », ou aujourd'hui dévalorisés comme Voiture, que les « classiques », comme La Fontaine (les Amours de Psyché, 1669) et Molière, dont les comédies-ballets relèvent de ce courant, et dont le Bourgeois gentilhomme (1670 ; on y trouve dix fois le terme) problématise la notion, en la mêlant au burlesque. Esthétiquement, elle se définit par une manière qui unit dans une harmonie variée les genres et les formes, et un art de la suggestion, afin de produire ce « je ne sais quoi » qui est la grâce, « plus belle encore que la beauté » (La Fontaine).

Galeano (Eduardo)

Écrivain uruguayen (Montevideo 1940).

Ses nouvelles et ses romans (les Jours suivants, 1961 ; la Chanson que nous chantons, 1975) évoquent, à travers les mythes et la peinture quotidienne du petit peuple, un monde qui ne parvient pas à trouver son identité politique et culturelle (Mémoire du feu, 1982 ; les Visages et les masques, 1984). Ses essais (les Veines ouvertes de l'Amérique latine, 1971) donnent une vision originale des problèmes historiques du continent.

Galeran de Bretagne

Roman composé au tournant des XIIe et XIIIe siècles.

L'auteur, un certain Renaut, s'inspire du lai de Fresne de Marie de France, et des romans Floire et Blancheflor et l'Escoufle de Jean Renart, pour raconter les amours contrariées de Frêne, abandonnée par sa mère à la naissance et séparée de sa sœur jumelle, Fleurie, et de son ami d'enfance, Galeran, fils du comte de Bretagne. Leurs aventures mènent l'une à partager la vie quotidienne des artisans de Rouen, l'autre à s'illustrer à Rome comme chevalier. Sommé de trouver une épouse, le héros choisit Fleurie. Déguisée en jongleuse, Frêne est reconnue par sa mère et par Galeran, qui l'épouse, tandis que sa sœur entre au couvent. L'effet de réalisme provoqué par le travail féminin donne une nouvelle impulsion aux personnages et aux situations empruntées à la lyrique courtoise et au modèle romanesque du XIIe siècle.

Galiani (Ferdinando)

Écrivain italien (Chieti 1728 – Naples 1787).

Secrétaire d'ambassade à Paris, de 1759 à 1769, il se lia d'amitié avec d'Alembert et Diderot qui lui publia en 1770 ses Dialogues sur le commerce des blés, traité d'économie politique, tout comme le Sur la Monnaie (1751). De retour à Naples, il entretint une correspondance avec les milieux encyclopédistes, tout en se consacrant à la littérature (Études horaciennes) et à la dialectologie napolitaine. On lui doit également un livret d'opéra bouffe (Socrate imaginaire, 1775), brillante parodie des manies philosophiques du siècle.

galicien

Comme le catalan ou le castillan, le galicien est issu des parlers latins médiévaux. Son domaine linguistique s'étend jusqu'au sud du Portugal actuel ; mais l'indépendance politique portugaise a fait que le nom de « galicien » désigne le dialecte employé dans l'angle nord-ouest de l'Espagne. Le galicien acquiert au Moyen Âge une grande importance et devient la langue de la poésie lyrique, le castillan étant employé de préférence dans les compositions épiques ou historiques. À partir du XIVe siècle, il perd peu à peu du terrain, et seuls quelques poètes l'emploient encore (Cancionero de Baena, 1445). Depuis 1863, date de la publication des Poèmes galiciens par Rosalia de Castro, le galicien connaît une renaissance. Aujourd'hui, il est la langue commune populaire de 2 millions d'Espagnols et aussi le mode d'expression de poètes comme L. Pimentel, Manuel María, X.-L. Méndez Ferrin, A. López-Casanova, et de prosateurs tels que A. Fole, A. Cunqueiro, C. Casares.