Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
K

Koolhaas (Anton)

Écrivain hollandais (Utrecht 1912).

Journaliste, scénariste, critique dramatique, on lui doit des récits où il montre les animaux animés des mêmes instincts que l'homme, et ressentant aussi durement l'issue fatale de la mort (Des ailes pour un rat, 1967 ; Un retard considérable, 1981).

Kopylenko (Aleksandr Ivanovytch)

Écrivain ukrainien (Krasnograd 1900 – Kiev 1958).

Lié au groupe Vaplite, il consacra à la Révolution des récits romantiques et exaltés (Kara-Kroutcha, 1923 ; Ivresse, 1925), puis salua l'industrialisation (Une ville naît, 1932). Ayant abordé dans des récits pour enfants les problèmes moraux du monde moderne (Très bien, 1936 ; Classe terminale, 1938), il revint à l'évocation du village et de l'intelligentsia rurale (les Lieutenants, 1947 ; La terre est vaste, 1957).

Kormos (István)

Poète hongrois (Mosonszentmiklós 1923 – Budapest 1977).

Malgré une enfance difficile, il parvint à faire des études et fit paraître en 1947 son premier recueil, Nous titubons. Son séjour à Paris et en Normandie lui inspira plusieurs poèmes de Pauvre Yorick (1971).

Korn (Rokhl)

Écrivain de langue yiddish (Pidlissik, Galicie, 1898 – Montréal 1982).

Après des études à Vienne, elle commença à écrire en 1919. Persécutée dans la Pologne de l'entre-deux-guerres pour son militantisme de gauche, elle se réfugia pendant la Seconde Guerre mondiale en Union soviétique et s'installa en 1948 au Canada. Son œuvre lyrique fait une large place à la nature et aux émotions de la féminité. Ses recueils poétiques et ses nouvelles ont d'abord été publiés en Pologne (Village, 1928 ; Terre, 1935 ; Coquelicots rouges, 1937), puis au Canada (Prédestinatio, Montréal, 1949), et enfin en Israël (De l'autre côté du chant, 1962 ; la Grâce du verbe, 1968).

Körner (Karl Theodor)

Écrivain allemand (Dresde 1791 – près de Gadebusch 1813).

Très tôt, il connut quelques-uns des plus grands esprits de son temps, aussi bien dans la maison paternelle (Schiller, les frères Humboldt, Novalis, Arndt, Stein) qu'à Berlin (Fichte, Schleiermacher) et à Vienne (F. Schlegel, Eichendorff). Ses premiers essais dramatiques (l'Expiation, 1812 ; Zriny, 1812) et lyriques eurent un grand succès. Engagé volontaire en mars 1813, il fut tué quelques mois plus tard. Ses chants guerriers, publiés en 1814 (Lyre et Glaive), feront sa gloire : ils expriment la sensibilité d'une génération qui salue une ère nouvelle.

Korniïtchouk (Aleksandr Evdokymovytch)

Auteur dramatique ukrainien (Khrystynivka 1905 – Kiev 1972).

Fils d'ouvrier, dramaturge passionné de thèmes moraux et civiques (À la limite, 1929 ; l'Île de pierre, 1930 ; l'Assaut, 1931), il exalte les héros de la Révolution (la Fin de l'escadre, 1933 ; Pravda, 1937) et les nouveaux intellectuels (Platon Kretchet, 1934 ; le Banquier, 1936). Mais il sait, en ennemi de l'« absence de conflit », dénoncer le poids des routines dans la conduite de la guerre (le Front, 1942), condamner la bureaucratie qui pèse sur le monde ouvrier (Makar Dibrova, 1948) et la gestion agricole (Dans les steppes d'Ukraine, 1941 ; le Bosquet d'obiers, 1950 ; les Ailes, 1954 ; Au-dessus du Dniepr, 1960), ou dénoncer, dans des comédies, le snobisme de pseudo-intellectuels (Pourquoi les étoiles ont souri, 1957).

Korolenko (Vladimir Galaktionovitch)

Écrivain russe (Jitomir, Volhynie, 1853 – Poltava 1921).

Sa vie et son œuvre furent marquées par son engagement révolutionnaire, mais il se voulut plus un observateur qu'un maître à penser et ses récits n'ont pas ce dogmatisme qui caractérise souvent la littérature radicale. Né dans une famille polonaise, marqué par la répression de 1863, il choisit alors qu'il est encore étudiant le parti de l'opposition, ce qui lui vaut la déportation en 1879 et en 1881. Il passe plusieurs années en Sibérie, et la Iakoutie lui inspire des récits comme le Songe de Makar (1885), texte teinté d'humour, où un pauvre bougre doit rendre compte du vol d'un rouble au dieu de la Forêt. Tous ses récits (En mauvaise société, 1885 ; la Forêt murmure, 1886 ; les Muets, 1894) témoignent de cette même compassion un peu ironique à l'égard des pauvres hères victimes d'un monde d'argent, ainsi que d'une grande sensibilité à la nature. En 1895, après un voyage en Amérique, il peut rentrer à Saint-Pétersbourg : il reprend alors le combat social, s'engageant contre la peine de mort et l'antisémitisme, dénonçant l'année même de sa mort les aspects négatifs du régime bolchevique dans des Lettres à Lounatcharski. Son Histoire de mon contemporain (1906-1922) est une autobiographie riche en portraits et en souvenirs.

Kosinski (Jerzy)

Écrivain américain d'origine polonaise (Lódz 1933 – New York 1991).

Après des études à l'université de Varsovie, puis à Leningrad, il gagne les États-Unis, où il s'impose comme le romancier caustique de la société de consommation et le peintre tragique de l'homme partagé entre les contraintes des conventions et son désir de liberté (la Présence, 1971 ; la Sève du Diable, 1973, retraduite, en 1981, sous le titre le Baobab ; Cockpit, 1975 ; le Jeu de la passion, 1979 ; Flipper, 1982). L'Oiseau bariolé (1965) retrace l'horreur de la survie dans la Pologne de la Seconde Guerre mondiale et de la survie à l'Holocauste. Le futur est à nous, camarade (1960) et Pas de troisième voie (1962) sont des essais sur les sociétés collectivistes et les comportements communautaires, toile de fond de l'« homme rejeté ». Kosinski s'est suicidé.

Kostelanetz (Richard Cory)

Écrivain américain (New York 1940).

À la fois scientifique et artiste, Kostelanetz est extrêmement prolifique. Ses travaux incluent des romans (notamment Tabula Rasa, 1978 ; Intermix, 1991), des nouvelles (plus récemment Cinquante Histoires constructivistes, 1991 ; Ouvertures, 1995), des pièces de théâtre et des scénarios vidéo (entre autres Amours, 1991 ; Terreaux/Sols/Pelouses, 1989), des recueils de poèmes (de Langage visuel, 1970, à MoRépartitions, 1994), des installations. Tous reflètent une esthétique minimaliste et expérimentale, engagée, contre les attentes des lecteurs et des maisons d'édition, dans une défamiliarisation de l'art. Pour lui, chaque texte, chaque œuvre est une construction, dont l'objectif ultime est de provoquer une épiphanie, au sens joycien du terme, chez le lecteur ou le spectateur.