Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
S

Smollett (Tobias George)

Écrivain écossais (Dalquhurn, Dumbartonshire, 1721 – Livourne 1771).

Chirurgien dans la marine, il traduit Gil Blas et Don Quichotte, adapte le picaresque à l'Angleterre (les Aventures de Roderick Random, 1748 ; les Aventures de Peregrine Pickle, 1751 ; le Voyage de Humphry Clinker, 1770). Ultranationaliste lorsque éclate la guerre entre l'Angleterre et la France (1757), Smollett donne au théâtre la Reprise des hostilités ou les Becs-salés de la vieille Angleterre ; mal récompensé par George III de ses violentes attaques contre la France, il sombre dans l'amertume. En 1763, il voyage en France et en Italie et publie des impressions fort maussades (Voyages en France et en Italie, 1766). Ses romans pleins d'aventuriers sans scrupules et d'aventures libertines parfois scatologiques trahissent le goût de l'agression masochiste, mais aussi une sentimentalité diffuse et une pitié pour les victimes d'une société emballée : un réalisme qui ne recule pas devant la grossièreté.

Smolytch (Iouriï Korniïovytch)

Écrivain ukrainien (Ouman 1900 – Kiev 1976).

Fils d'enseignants, il se fit connaître comme homme de théâtre, et mit les thèmes du roman d'aventures et de science-fiction au service d'une satire du fascisme et des ennemis de l'U.R.S.S. (Quarante-huit Heures, 1983 ; les Jolies Catastrophes, 1935). Auteur d'œuvres autobiographiques (Enfance, 1937 ; Nos secrets, 1936 ; Dix-huit Ans, 1938) et patriotiques (Ils ne passèrent pas, 1946 ; Frères d'armes, 1948), il fit enfin revivre dans des romans historiques la Révolution, la guerre civile et les grandes figures du bolchevisme ukrainien (Aube sur la mer, 1953 ; Date de naissance : 1917, 1958-1960).

Smuul (Juhan)

Écrivain estonien (Koguva 1922 – Tallinn 1971).

Après s'être fait connaître comme poète à l'époque stalinienne (Austère Jeunesse, 1946 ; la Brigade de Järvesuu, 1948), il fut l'un des premiers à briser le carcan du réalisme socialiste par ses récits humoristiques au style coloré, inspirés par son île natale de Muhu (Lettres de Sõgedate, 1955 ; les Étonnantes aventures des gens de Muhu à la fête du chant à Tallinn, 1957), ses récits de voyage humanistes (le Livre de glace, 1959 ; Mer du Japon, décembre, 1963) et ses pièces de théâtre (Léa, 1959 ; Kihnu Jõnn, 1964 ; Veuve de colonel, 1965).

Snodgrass (William Dewitt)

Poète américain (Wilkinsburg, Pennsylvanie, 1926).

De l'Aiguille du cœur (1959) à Restes (1970), il donne une poésie très conservatrice, liée au courant de la poésie confessionnelle, où se révèle un moi attaché à définir son territoire et cependant vaguement conscient des événements publics.

Snoek (Edmond Schietekat, dit Paul)

Poète belge de langue néerlandaise (Saint-Nicolas, Flandre-Orientale, 1933 – Pittem 1981).

Cofondateur de la revue d'avant-garde Gard Sivik (1955), il publia ses premiers recueils dans l'esprit des « expérimentalistes » puis, découvrant l'absurdité du monde, choisit de fuir dans une réalité imaginaire ou de glorifier le corps en tant que refuge (Hercule, 1960 ; Richelieu, 1961 ; Nostradamus, 1964). À partir des années 70, il remit en question son œuvre antérieure dans les recueils Frankenstein (1974), au ton sarcastique, ou Cette nuit j'ai inventé l'amour, (1973), ouvert à la magie et à l'extase ; l'ensemble fut rassemblé et prolongé avec la publication de son Œuvre poétique (1982) et de son Œuvre en prose créative (1984).

Snoilsky (Carl)

Poète suédois (Stockholm 1841 – id. 1903).

Il fut le grand esthète des lettres suédoises. Un voyage en Italie et en Espagne lui inspira des Images italiennes (1865) et des sonnets (España, 1865-1866). D'abord tenté par le réalisme poétique, l'exaltation de la vie (Poèmes, 1869), il se rallia ensuite aux idéaux du Parnasse (Poèmes, 1883, 1887), avant d'incliner vers un romantisme nationaliste (Images suédoises, 1886). Son œuvre tend à la maîtrise formelle, l'élégance, l'impeccable rhétorique.

Snow (Charles Percy)

Écrivain anglais (Leicester 1905 – Londres 1980).

Chimiste et physicien, il s'inspire de ses recherches pour son premier roman, la Quête (1934). Haut fonctionnaire dans l'administration, il poursuit son œuvre littéraire et publie, sous forme d'un cycle intitulé « Étrangers et frères », onze romans couvrant les événements des années 1914 à 1968 et souvent fondés sur les conflits et les exigences de la conscience ou de la vie privée (les Couloirs du pouvoir, 1964 ; le Sommeil de la raison, 1968).

Snyder (Gary)

Poète américain (San Francisco 1930).

Son œuvre dit l'actualité et la terre américaine, l'opposition entre nature et culture, la quête d'un accord avec le monde, à travers des images brutes, une concision inspirée du haiku, le retour aux légendes indiennes et la méditation inspirée du bouddhisme zen. Dans Riprap (1959), Mythes et Textes (1965), l'Arrière-Pays (1967) ou encore l'Île-Tortue (1974), il développe un syncrétisme naturel, tout à la fois dénonciation de la modernité et reconnaissance primitiviste de l'identité américaine en même temps que revendication, proche de l'ethnopoésie, d'une manière de biopoétique (Dehors sous la pluie, 1986 ; Une position dans l'espace, 1995 ; Montagnes et rivières sans fin, 1996).

Soares de Passos (António Augusto)

Poète portugais (Porto 1826 – id. 1860).

Né d'une famille de la petite-bourgeoisie libérale, dans un climat de violente répression absolutiste, il fut le fondateur et la principale figure de O Novo Trovador (1851-1856), qui réunit des poètes d'inspiration lamartinienne (Alexandre Braga, António Aires de Gouveia) et associe un pessimisme sépulcral à une ferme contestation libertaire. Malade, solitaire, Soares de Passos véhicule à travers sa poésie l'obsession de la mort et de la décadence, autant que l'appel à la lutte pour la liberté et le progrès (Vie, Vision du rachat, Liberté, l'Ange de l'humanité, le Chant libre, Enfance et mort). La présence de la mort et la conscience du néant donnent naissance à un ensemble de compositions, parmi lesquelles s'insèrent des traductions de Heine et d'Ossian, et dont les Fiançailles du Sépulcre reste le plus célèbre poème de l'ultraromantisme portugais. La majeure partie de son œuvre est réunie dans Poésies (1866).