Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
C

Caldwell (Erskine)

Romancier américain (White Oak, Géorgie, 1903 – Paradise Valley, Arizona, 1987).

Deux romans, la Route au tabac (1932) et le Petit Arpent du bon Dieu (1933) ont fixé les traits majeurs de son œuvre : réalisme brutal, fréquemment érotique et pathétique, attention portée à la condition sociale et à la vie rurale du Sud. Dans le Petit Arpent du bon Dieu, il évoque la cupidité d'un vieux paysan, obsédé par l'idée que le lopin dont il a donné les fruits à l'Église recèle une mine d'or. L'ironie accentue l'évocation de la laideur et de la ruine du monde américain, incarnées par les fantasmes raciaux et sexuels des petits Blancs. Outre les récits du Sud (Bagarre de juillet, 1940 ; Un petit gars de Géorgie, 1943 ; Terre tragique, 1944 ; Jenny toute nue, 1961 ; Miss Mamma Aimée, 1967 ; Annette, 1973) et Une lumière pour le crépuscule (1952), situé dans le Maine, il a donné des essais, des reportages (Vous avez vu leur visage, 1937 ; C'est ça, les USA ?, 1941 ; l'Amérique en long et en large, 1964) et une autobiographie (Mais l'art est difficile, 1951), tous polémiques et sans concession.

Calet (Henri)

Écrivain français (Paris 1903 – Vence 1956).

Un vécu douloureux est au centre de son œuvre (la Belle Lurette, 1935 ; le Tout sur le tout, 1948 ; Peau d'ours, 1958) et des situations dramatiques qu'il met en place (Fièvre des polders, 1939 ; le Mérinos, 1937 ; Monsieur Paul, 1950). Il s'éloigne rarement de Paris ou de ses souvenirs (Rêver à la Suisse, 1948 ; l'Italie à la paresseuse, 1950), parfois exotiques, toujours à vif (le Grand Voyage, 1952). Peu ont arpenté Paris comme lui (les Grandes Largeurs, 1951 ; les Deux Bouts, 1954), avec un regard aussi triste et fraternel. Ses livres et sa correspondance témoignent d'une délicatesse infinie heurtée à la maladie, à la misère et à la mort. Sa tendresse va aux plus démunis et, sans jamais verser dans le pathétique, il a le don d'émouvoir et de révolter.

Calgari (Guido)

Écrivain suisse de langue italienne (Biasca 1905 – Zurich 1969).

Organisateur de la vie culturelle tessinoise, il écrit des nouvelles de tonalité psychologique (Quand tout va mal, 1933 ; Récits désagréables, 1957), un drame (Terre sacrée du Tessin, 1939) et des essais (Histoire des quatre littératures de la Suisse, 1958).

Calinescu (George)

Écrivain roumain (Bucarest 1899 – id. 1965).

Esprit encyclopédique, auteur d'une monumentale Histoire de la littérature roumaine (1941). Ses romans, dont ceux publiés après 1945, sont tributaires du réalisme socialiste (le Pauvre Ioanide, 1953, et le Bahut noir, 1960), et retracent en style balzacien une vaste typologie de la société bucarestoise. Dans l'Énigme d'Otilia (1938), il crée l'un des personnages féminins les plus séduisants de la littérature roumaine.

Callado (Antônio Carlos)

Écrivain brésilien (Niterói 1917 – Rio de Janeiro 1997).

Ses romans (Bar Don Juan, 1971 ; Reflets du bal, 1977) et son théâtre (la Ville assassinée, 1954 ; le Collier de corail, 1958) évoquent la crise intellectuelle de l'homme moderne.

Callaghan (Morley Edward)

Écrivain canadien d'expression anglaise (Toronto 1903 – id. 1990).

Ami d'Hemingway, il séjourne en France après la publication de son premier roman, Étrange Fugitif (1928). L'inspiration catholique et l'interrogation morale marquent ses récits, où prévaut une esthétique de l'impersonnalité (Tel est mon amour, 1934 ; Ils auront la terre en héritage, 1935 ; Joie dans les cieux, 1937 ; les Aimés et les égarés, 1951 ; Passion romaine, 1961 ; Un lieu agréable et secret, 1975 ; À nouveau près du soleil, 1977 ; l'Époque de Judas, 1983).

calligramme

Poème dans lequel la disposition typographique dessine une figure, généralement en rapport avec le « sujet » du texte : ainsi, dans le chapitre XLIV du Cinquième Livre de Rabelais, le poème en l'honneur de la « Dive Bouteille », du fait de la longueur variable des vers, dessine sur la page une forme de bouteille. Hugo (les Djinns) et Mallarmé (Un coup de dés, 1897) pratiquèrent la disposition calligrammatique, mais la plus célèbre tentative du genre est celle des Calligrammes d'Apollinaire, qui systématise le procédé. La tradition en remonte aux carmina figurata du Moyen Âge (Raban Maur) et jusqu'à Théocrite et Simmias de Rhodes (IVe s. av. J.-C.), et elle se poursuit dans les collages surréalistes ou encore dans le spatialisme et la poésie concrète. Tentative de conciliation de deux types de signes – un régime motivé, plastique, iconique d'un côté, un régime arbitraire, linguistique de l'autre –, le calligramme remplace l'écoulement temporel et linéaire du texte par la perception globale et visuelle d'un espace typographique.

Callimaque

Poète alexandrin (Cyrène v. 305 – 240 av. J.-C.).

Chargé des notices de la bibliothèque d'Alexandrie, il est l'auteur de 800 ouvrages techniques ou littéraires. De son œuvre poétique, érudite, il nous reste des fragments des Origines, récits sur la fondation de rites ou de cités, et des Iambes inspirés d'Hipponax, mais traitant avec ironie de débats littéraires ou moraux et de fables ; une épopée miniature sur Thésée ; la Chevelure de Bérénice, éloge de l'épouse du roi d'Alexandrie connu par la traduction latine de Catulle ; et surtout six Hymnes inspirés des Hymnes homériques, en mètres et en dialectes variés, associés à des cérémonies religieuses fictives, et une soixantaine d'Épigrammes d'inspiration notamment érotique. Contre son élève Apollonios de Rhodes, Callimaque rejeta les poèmes cycliques au profit d'œuvres concises et précieuses. C'est l'un des plus grands auteurs de l'époque hellénistique.

Calloc'h (Jean-Pierre, dit Yann-Ber) , connu aussi sous le nom de barde Bleimor (« Loup de mer »)

Poète français d'expression bretonne (île de Groix 1888 – Urvilliers 1917).

Fils de pêcheurs, il fit de brillantes études au petit séminaire de Sainte-Anne-d'Auray, mais des troubles neurologiques l'empêchèrent de devenir prêtre : il ne s'en consola jamais. Répétiteur à Paris, à Reims, en Normandie et de nouveau à Paris, à l'École supérieure de commerce, il avait dès 1905 commencé à publier des poèmes. Il collabora à de nombreuses revues (Dihunamb, Brittia, le Pays breton), écrivant tantôt en français, tantôt en breton, mais il ne se servit bientôt plus que du dialecte vannetais : ses vers portés par un puissant souffle mystique, auquel se mêle un brûlant patriotisme breton, témoignent d'une âme ardente éprise d'absolu (Ar en deulin [À deux genoux], 1921). Son hostilité à la France ne l'empêcha pas de s'engager, bien que réformé, et d'être tué sur le front.