Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Dourado (Valdomiro Freitas Autran, dit Autran)

Écrivain brésilien (Patos, Minas Gerais, 1926).

Il est l'auteur de romans psychologiques qui déploient une structure narrative complexe (Opéra des morts, 1967 ; la Mort en effigie, 1974).

Douwes Dekker (Eduard) , connu sous le pseudonyme de Multatuli (en lat. « J'ai beaucoup supporté »)

Écrivain hollandais (Amsterdam 1820 – Nieder-Ingelheim 1887).

Fils d'un capitaine au long cours, il obtint un emploi à Java en 1838. Voyant les populations de son district exploitées par un régent indigène, protégé par le résident hollandais, il essaya en vain d'obtenir justice. Après avoir démissionné, il revint en Hollande (1858) où il écrivit son plus célèbre roman Max Havelaar (1860), dénonciation de la corruption colonialiste. C'est le récit autobiographique de l'expérience d'un administrateur colonial qui prend la défense des indigènes et qui joue alternativement de la satire, du conte moral, du couplet lyrique. Cette œuvre aux multiples résonances politiques deviendra un des classiques de la littérature néerlandaise. Incompris, il évolua vers une sorte d'anarchisme littéraire et politique qui influença profondément le renouveau littéraire de 1880 (Lettres d'amour, 1861 ; Dialogues japonais, 1862).

Dovjenko (Aleksandr)

Cinéaste et écrivain ukrainien (Sosnytsi 1894 – Moscou 1956).

Il fut l'un des grands poètes épiques de l'histoire du 7e art. Son amour de la terre d'Ukraine lui inspirera des films d'un grand lyrisme comme Zvenyhora (1927), la Terre (1930), Ivan (1932). En tant qu'écrivain, il a marqué de son empreinte la prose ukrainienne. Il aborda la littérature au début des années 1940. Il est considéré actuellement en Ukraine comme un poète et un écrivain national. Il a composé 19 récits et ciné-romans, notamment : le Poème de la Mer (1956), les Descendants des Cosaques Zaporogues (1952), l'Ukraine en flammes (1944). Son récit autobiographique, la Desna enchantée (1954), est une confession lyrique, pleine d'amour pour son pays et son peuple. Son Journal intime (1942-1956) évoque son destin tragique d'écrivain face au régime totalitaire.

Dowlatabadi (Mahmoud)

Écrivain iranien (Khorasan 1940).

Il s'est rendu célèbre par son roman Keleydar (1987), saga monumentale, remarquable par la complexité de son intrigue, la richesse de ses personnages et la beauté de sa prose. Il est l'auteur de nombreux autres romans ou longues nouvelles (Salouch nous manque, 1979 ; l'Époque révolue des hommes âgés, 1980). Il s'attache surtout à décrire la vie difficile du monde paysan et la détresse matérielle et morale des immigrés urbains.

Dox (Jean Verdi Salomon Razakandrainy, dit)

Écrivain malgache (Manankavaly 1913 – Antananarivo 1979).

Gand promoteur de la langue malgache, il a traduit des classiques français et écrit des pièces de théâtre (Ny Ombalahibemaso, 1958), des récits et une poésie symboliste fondée sur une thématique de l'amour angoissé et nostalgique (Folihala [l'Araignée], 1968). Un recueil posthume, Champs capricorniens (1991), a élargi l'audience des pièces poétiques en français des années 1970, jusque-là inédites.

Doyle (sir Arthur Conan)

Écrivain anglais (Édimbourg 1859 – Crowborough, Sussex, 1930).

Médecin, c'est en 1887 qu'il crée le personnage de Sherlock Holmes (Une étude en rouge). Malgré l'échec commercial de ce premier récit, il écrit un roman pour un éditeur américain (le Signe des quatre, 1890), puis il crée pour le magazine Strand le récit court et complet qui met toujours en scène le même héros, enchaînant le lecteur au journal (Un scandale en Bohême, 1891). Suivent alors 23 récits avant que Doyle, ulcéré par le succès du personnage qu'il a créé, le tue (le Dernier Problème, 1893) pour se lancer dans le roman historique (Rodney Stone, 1896). Mais les protestations conjointes de son public et de son éditeur lui font ressusciter son héros (le Retour de Sherlock Holmes, 1905). Attaché comme médecin aux armées anglaises lors de la campagne du Soudan (1898) et de la guerre des Boers (1889-1902), il s'engage comme simple soldat au début de la Première Guerre mondiale, avant d'être chargé de mission sur le front (1916). Sous le poids de la guerre et de la mort de son fils, son intérêt pour le spiritisme ira croissant et lui fera entreprendre de nombreuses tournées de propagande.

Doyle (Roddy)

Écrivain irlandais (Dublin 1958).

À partir de la fin des années 1980, Doyle commence à se faire connaître grâce à ses pièces de théâtre, mais le succès lui vient véritablement avec ses romans, où il évoque les milieux populaires frappés par la crise, mais avec une réelle verve comique. En 1987 paraît The Commitments, histoire d'un groupe de soul music dans la banlieue de Dublin. Ce premier roman fut adapté au cinéma, tout comme les deux autres volumes de la trilogie consacrée à la famille Rabbitte, The Snapper (1990) et The Van (1991). Roddy Doyle obtient le Booker Prize 1993 pour Paddy Clarke, ha, ha, ha. En 1996, la Femme qui se cognait dans les portes montre un nouveau départ vers plus de complexité ; la Légende d'Henry Smart (1999) marque le début d'une nouvelle trilogie.

Drabble (Margaret)

Femme de lettres anglaise (Sheffield 1939).

D'origine quaker, elle dénonce la vanité, la hiérarchie, l'argent à partir de cas émouvants : une fille mère (la Meule, 1965), une folle (l'Âge d'or d'une femme, 1975), décrivant surtout des femmes tiraillées entre leur foyer et leurs aspirations intellectuelles ou sexuelles. Dans ses derniers romans, Drabble multiplie les références intertextuelles et souligne l'aspect fictionnel de son écriture, parfois à des fins comiques (le Milieu de la vie, 1980 ; les Portes d'ivoire, 1991).

Drach (Albert)

Écrivain autrichien (Vienne 1902 – Mödling 1995).

Juriste de formation, il est surtout connu pour son roman satirique le Grand Protocole contre Zwetschkenbaum (1964), rédigé en exil en 1939 ; et son récit autobiographique Voyage sans sentiments (1966), écrit après son retour d'exil en 1945-1947, œuvres marquées par un style parodiant le jargon juridique. Il reçut le prix Büchner en 1988.