Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
M

Modiano (Patrick)

Écrivain français (Boulogne-Billancourt 1945).

Fils d'une comédienne flamande, Luisa Colpeyn, et d'Albert Modiano, Juif d'Alexandrie qui parvint à échapper aux camps de concentration, l'auteur, après une jeunesse solitaire marquée par la mort de son jeune frère, fait une entrée éblouissante sur la scène littéraire, à vingt-trois ans, avec la Place de l'Étoile (1968). Indifférent aux modes, il donne la Ronde de nuit (1969) et les Boulevards de ceinture (1972). Son intérêt le mène vers la trouble période de la Seconde Guerre mondiale : marché noir, meurtres impunis, rafles, règlements de comptes, etc. À mi-chemin entre réel et imaginaire, ses romans, fondés sur la recherche de l'identité, l'attente, l'absence, la mémoire, l'oubli, la disparition, mettent en œuvre des personnages aux comportements étranges et imprévisibles, le plus souvent dans un Paris mystérieux (Livret de famille, 1977 ; la Rue des boutiques obscures, prix Goncourt 1978 ; Une jeunesse, 1981 ; De si braves garçons, 1982 ; Quartier perdu, 1984 ; Vestiaire de l'enfance, 1989 ; Fleurs de ruines, 1991). Mais Villa triste (1975) se déroule au bord du Léman, et Dimanches d'août (1986), à Nice, où resurgissent les fantômes de l'Occupation. En général, les narrateurs explorent le passé ou font de surprenantes rencontres (Des inconnues, 1999 ; la Petite Bijou, 2001). En 1997, Dora Bruder tourne le dos à la fiction, prend le parti de l'histoire et révèle, outre les obsessions de l'écrivain, une part de sa méthode. L'observation minutieuse y côtoie l'invention, dévoilant une sensibilité aiguë.

   En dépit de l'expression précise ou du détail exact, l'œuvre comporte toujours une marge d'indétermination. Une thématique subtile, dense, « le mode de narration elliptique et incertain » (O. Barrot) jouent de l'émotion, de la violence feutrée, de l'humour, tandis que les énigmes, la dérive, le fragile équilibre des héros, envoûtent le lecteur et l'emportent là où se nouent les apparences trompeuses et l'insaisissable vérité des êtres et des choses.

Modisane (William Bloke, dit Bloke)

Écrivain sud-africain d'expression anglaise (Sophiatown, Johannesburg, 1923 – Dortmund 1986).

Il vit depuis 1959 en exil à Londres, où il mène de front une double carrière de journaliste et d'acteur. On lui doit des nouvelles (Dignité de la mendicité, 1951) et des romans (la Faute à l'Histoire, 1963).

Moens (Wies)

Poète belge d'expression néerlandaise (Sint-Gillis-bij-Dendermonde 1898 – Geleen 1982).

Il fut, avec P. Van Ostaijen, le principal représentant de l'expressionnisme d'inspiration humanitaire dans la poésie flamande (Message, 1920). Catholique et nationaliste, il se fit le chantre d'une vision du monde à la fois exigeante et mystique (Ascensions, 1922 ; la Houle, 1935 ; la Victime, 1963 ; Ad vesperas, 1968).

Mohammed (Said Ahmed)

Romancier tanzanien de langue swahili (Zanzibar 1947).

Professeur de littérature et de langue, critique, romancier, auteur de théâtre, il représente la nouvelle génération d'écrivains tanzaniens qui essaient de construire un nouveau roman swahili (Miel amer, 1977 ; le Lien, 1980). Le monde est un arbre sec, (1980) est son plus célèbre roman et nous décrit la situation à Zanzibar à la veille de la révolution de 1964, sans les simplifications du réalisme socialiste.

Mohanty (Gopinath)

Écrivain indien d'expression oriya (Nagaballi, distr. de Cuttack, 1914 – ? 1992).

Il appartient à un groupe, Sabuja, qui subit l'influence de Tagore. Ses romans et ses nouvelles mettent en scène les tribus aborigènes de l'Orissa (le Fils de l'Ambroisie, 1947).

Mohyla (Petro Semenovytch)

Humaniste ukrainien (en Moldavie 1596 – Kiev 1647).

Archimandrite de la laure de Petchersk (1627), métropolite de Kiev (1633), auteur de sermons et d'œuvres de polémique anticatholique en style baroque (Lithos, 1644), il fonda l'Académie de Kiev (Kiïvo-Moguilianski Collegium, 1632), dont il fit un centre de rayonnement de la culture ukrainienne et de résistance à la polonisation.

Moïse Bar Képha

Théologien et écrivain syriaque (vers 813 – 903).

Évêque jacobite de Mossoul et de Ninive, il a laissé un Hexaéméron, des traités sur le Paradis et sur la Liberté, des ouvrages exégétiques et théologiques. Il aurait encore écrit un commentaire sur la dialectique d'Aristote et une histoire ecclésiastique.

Moïse de Khorène

Évêque et historien arménien (VIIIe s.).

Cet auteur, qui se présente comme contemporain des événements du Ve s., a plus vraisemblablement vécu au VIIIe, dans l'entourage des Bagratides. Son Histoire va des origines légendaires de l'Arménie à la mort de Machtots.

Mok (Maurits)

Poète hollandais (Haarlem 1907-Bergen 1989).

Son inspiration historique et épique (Exodus, 1938) se déploie dans de grands poèmes qui évoquent le drame des juifs persécutés (Aux morts d'Israël, 1950 ; Tonique, 1975). On lui doit aussi des nouvelles et des romans (le Souterrain, 1979 ; le Ruban, 1982 ; En remontant le temps, 1984).

Mokeddem (Malika)

Romancière algérienne de langue française (Kenadsa 1949).

Originaire du Sud algérien, elle est médecin à Montpellier. Ses romans (les Hommes qui marchent, 1990 ; le Siècle des sauterelles, 1992 ; l'Interdite, 1993 ; Des rêves et des assassins, 1995 ; la Nuit de la lézarde, 1998 ; N'zid, 2001) situent avec beaucoup de maîtrise une violente révolte féminine dans ce Sud originaire si dur, pour lequel on sent néanmoins à leur lecture une grande tendresse, toute poétique.

Moldavie

Établi sur le territoire de la Bessarabie, ce pays partage avec la Roumanie un riche fonds culturel. Les avatars historiques et politiques, ayant comme résultat son appartenance à deux espaces culturels, se retrouveront dans la coexistence, sur le même territoire, d'écrivains en langue russe et d'autres en langue roumaine. Parmi les noms marquants de cette littérature figurent les poètes Emilian Bukov (1909-1984), Arhip Tcibotaru (1935), et les prosateurs Ana Lupan (1924), Aureliu Busuioc (1928), Vladimir Besliag (1931), Ion Ciobanu (1927). Depuis 1990, les contacts littéraires avec la Roumanie se sont intensifiés, le prosateur Ion Drutza, le poète Grigore Vieru et le critique littéraire Mihai Cimpoi (1942) figurant dans le Dictionnaire essentiel des écrivains roumains, tandis que les ouvrages des jeunes écrivains moldaves sont régulièrement publiés dans la presse littéraire roumaine.