Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
I

Isaksson (Ulla)

Romancière et scénariste suédoise (Stockholm 1916 – Santa Rosa 2000).

Elle s'impose avec un recueil de nouvelles : la Maison pour femmes (1954), où elle s'efforce de mettre à mal les conventions chrétiennes des rapports entre les sexes. Ses romans traitent de l'oppression féminine dans la société ancienne et moderne (Où tu ne veux pas aller, 1956 ; Femmes, 1975) ainsi que les scénarios écrits pour Ingmar Bergman (Au seuil de la vie, 1958 ; la Source, 1959). Elle a considérablement influencé les féministes suédoises.

Ise monogatari
(les Contes d'Ise)

Ce recueil anonyme au titre encore énigmatique constitue sans doute le plus ancien uta-monogatari, genre formé de courtes histoires s'achevant sur un ou plusieurs poèmes (waka), et son élaboration – sans doute collective – s'est prolongée sur plusieurs décennies à partir d'un noyau originel daté des premières années du Xe s. Les 125 brefs récits qui le composent s'attachent pour la plupart à un personnage dont le nom n'est jamais précisé, mais que la postérité a très tôt identifié au grand poète Ariwara no Narihira (825-880). Fils de prince, celui-ci était, dit-on, d'une parfaite beauté et ses nombreuses aventures galantes non moins que son talent poétique ont contribué à rendre sa figure légendaire, notamment à travers l'Ise monogatari. De dimension relativement modeste et, en dépit de l'élégante simplicité du style, d'une facture encore primitive, cette œuvre n'en a pas moins exercé sur la littérature postérieure une grande influence et compte parmi les plus célèbres monuments littéraires du Japon.

Ishak Haji Muhammad,dit Pak Sako

Écrivain malais (Kampung Segentang 1909 – Hulu Langat, Selangor, 1991).

Sa vie, consacrée à la lutte nationaliste (il adhéra, en 1937, à l'Union des jeunes Malais), n'est qu'une suite de démissions (en 1931 de son poste dans l'administration, en 1932 de sa charge de magistrat, en 1958 du journal Semenanjung) et d'emprisonnements (1941-1942 ; 1948-1953 ; 1965-1966). Ses nouvelles (Frais, 1961) et ses romans (le Fils de la montagne Tahan, 1937 ; les Nouveaux Époux, 1958 ; les Pauvres et les Riches, 1966) sont avant tout des œuvres de combat.

Ishaq (Adib)

Écrivain syrien (Damas 1856 – Beyrouth 1885).

L'un des pionniers du journalisme arabe, il séjourna à Paris (où il rencontra Hugo) et au Caire (où il collabora au mouvement réformiste musulman d'al-Afghânî). Auteur de chroniques virulentes (les Perles, 1909), il donna aussi une traduction d'Andromaque de Racine (1875).

Isherwood (Christopher)

Écrivain américain d'origine anglaise (High Lane, Cheshire, 1904 – Santa-Monica, Californie, 1986).

Traumatisé par son expérience de l'Allemagne préhitlérienne, il donne des romans quasi documentaires (M. Norris change de train, 1935 ; Adieux à Berlin, 1939) et des drames expressionnistes en collaboration avec W. H. Auden (The Ascent of F-6, 1937). À la MGM, il est scénariste (notamment pour Bergman) et se partage entre recherche spirituelle (Ramakrishna et ses disciples, 1965 ; Rencontre au bord du fleuve, 1967 ; le Vedanta, 1969) et combat pour l'homosexualité (Un homme au singulier, 1964).

Ishigaki Rin

Poétesse japonaise (Tokyo 1920).

Elle perdit sa mère à l'âge de 4 ans, et puis successivement deux belles-mères avant d'être recueillie par la troisième. Elle travailla dans une banque, dès sa sortie de l'école primaire, jusqu'à sa retraite. Après la guerre, alors qu'elle s'engageait dans le syndicalisme, elle connut une certaine célébrité grâce à son poème « Devant mes yeux, la casserole, la marmite et le feu brûlant... » (Le recueil de poèmes du même titre sera publié en 1959). Dans une langue parlée claire et simple, son regard raffiné de femme pénètre dans la substance de la vie, à travers les motifs quotidiens teintés d'humour. Plaques de porte, etc. (Recueil de poèmes, 1968).

Ishiguro (Kazuo)

Écrivain anglais (Nagasaki 1954).

Âgé d'une dizaine d'années à peine lors de son arrivée en Angleterre, Ishiguro fut d'abord l'auteur de romans dont les personnages, japonais, partent en quête de leur propre passé (Lumière pâle sur les collines, 1982 ; Un artiste du monde flottant, 1986). En 1989, il s'attaque à un sujet purement britannique et les Vestiges du jour lui vaut le Booker Prize : en 1956, le majordome Stevens essaie lui aussi de donner un sens à des événements survenus avant et pendant la Seconde Guerre mondiale. L'Inconsolé (1995) surprend par son étrangeté kafkaïenne ; Quand nous étions orphelins (2000) poursuit l'étude des liens entre vie publique et vie privée.

Ishihara Shintaro

Romancier japonais (Kobe 1932).

Entré à l'Université Hitotsubashi, il reprit, avec l'aide d'Ito Sei, la revue Hitotsubashi Bungei, dans laquelle il publia sa première œuvre, la Salle grise (1954). La Saison du soleil (1955) obtint le prix Akutagawa et fit de lui le porte-parole de la génération de l'après-guerre. Il se lança dans les activités variées comme romancier, cinéaste, metteur en scène et politicien. En 1968, il fut élu membre du Sénat. Ministre des Transports en 1987, il est le maire de Tokyo depuis 1999.

Ishikawa Jun

Écrivain japonais (Tokyo 1899 – id. 1987).

Nourri dès l'enfance des classiques chinois, il s'attache également à la littérature française moderne, en particulier à l'école symboliste et à Paul Valéry. Il fait des études de français à l'École des langues étrangères à Tokyo, et traduit Anatole France, Gide et Molière. Il revient à la création romanesque à 36 ans, et obtient en 1936 le prix Akutagawa pour le Bouddhisattva de la Grande Merci. Son livre, le Chant de Mars (1938) est censuré pour son antimilitarisme. Pendant la guerre, il se consacre à la critique littéraire (Essai sur Mori Ogai, 1941 ; les Grandes Lignes de la littérature, 1942), mais c'est après la défaite qu'il donne la pleine mesure de son talent : Jésus dans les décombres (1946), la Légende dorée (1946), l'Immaculée Conception (1947), où il utilise de façon très personnelle des images du christianisme, le Faucon (1955), les Asters (1956), considéré comme chef-d'œuvre, Biographie de personnages bizarres des provinces (1957), qui se rattache directement au courant populaire de la littérature d'Edo (XVIIe-XIXe s.), jusqu'à son dernier roman fantastique Chroniques du vent fou (1980). Il est considéré, notamment par Abe Kobo, Fukunaga Takehiko, Oe Kenzaburo, qu'il a influencé, comme l'une des figures littéraires les plus marquantes du XXe s.