Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
K

Koda Rohan (Koda Shigeyuki, dit)

Écrivain japonais (Tokyo 1867 – Chiba 1947).

Après une enfance marquée par la lecture des sutras, l'étude des classiques chinois et des textes de la période des Tokugawa, il découvrit les nouveaux écrivains de Meiji : Tsubouchi, Ozaki. Sa première œuvre, la Rosée, goutte à goutte (1889), fut suivie de Un Bouddha dans ce monde (1890), qui lui valut la célébrité. Ses nombreux romans et essais témoignent d'un curieux romantisme social qui annonce le naturalisme : la Pagode aux cinq toits (1891-1892) ; le Réceptacle des atomes errants dans ce monde (1893-1895) ; Destinée (1919) ; les Anneaux imbriqués (1940).

Koeppen (Wolfgang)

Écrivain allemand (Greifswald 1906-Munich 1996).

D'origine modeste, il grandit dans une petite ville du Mecklembourg. Après la guerre, il renoue avec les formes narratives d'avant-garde. Sa trilogie, Pigeons sur l'herbe (1951), la Serre (1953), la Mort à Rome (1954), est une critique de l'Allemagne d'après-guerre : la technique du montage exprime la perte d'identité des héros marginalisés dans le monde bourgeois. Après des textes de prose (Café roman, 1972) et des récits de voyage (Russie, 1958 ; Amérique, 1959 ; France, 1961), il publie en 1976 le début d'une autobiographie (Jeunesse).

Koestler (Arthur)

Écrivain anglais d'origine hongroise (Budapest 1905 – Londres 1983).

Tenté très tôt par l'ailleurs et l'exil, il visite la Palestine (1926). Membre du parti communiste allemand (1931-1938), révolté par les procès de Moscou, il combat en Espagne, est interné en France (1939-1940), s'évade, s'engage dans la Légion, puis gagne l'Angleterre. Son témoignage sur la retombée du grand espoir européen lui vaudra d'être la cible des staliniens. Dans le Zéro et l'Infini (1940), Koestler explore les différentes variétés psychologiques du communisme soviétique, à travers le personnage d'un idéaliste contraint à s'accuser de crimes imaginaires « pour la cause ». Sa réflexion sur les pièges de la politique s'amplifie en une critique des ambitions faustiennes de la science. Un testament espagnol (1938), le Yogi et le Commissaire (1945), la Tour d'Ezra (1946), les Somnambules (1959), le Lotus et le Robot (1960), l'Acte de création (1964), le Cri d'Archimède (1965), le Spectre dans la machine (1967), les Racines du hasard (1972), Janus (1978) maintiennent le cap sur une universalité humaniste, antidogmatique, qu'inspirent l'horreur du siècle, le goût de la liberté, l'intuition des zones que ni la science, ni la philosophie, ni la politique n'osent encore explorer. Arthur Koestler est aussi un auteur fasciné par les phénomènes de la créativité scientifique et artistique, qu'il met en parallèle dans son dernier livre autobiographique, Quête de l'absolu (1981).

Kofler (Werner)

Écrivain autrichien (Villach/Carinthie 1947).

Poète à ses débuts, il publie en 1978 Guggile, montage de citations démontrant la violence normative de la langue. Dans ses romans, il parodie la phraséologie psychiatrique et militaire (Ida H, 1978 ; D'une région sauvage, 1980), le polar (Concurrence, 1984), le fascisme alpin (Devant le bureau, 1988 ; Hôtel clair de meurtre, 1989 ; le Berger sur les rocs, 1991). Ses « pièces parlées » (Oliver, 1980 ; Dancing Treblinka, 2001) sont des satires de la société du spectacle dans la lignée de Kraus.

Kohout (Pavel)

Écrivain tchèque (Prague 1928).

Auteur de poèmes (le Temps de l'amour et du combat, 1954), de pièces (Auguste, Auguste, Auguste, 1967 ; Pauvre Assassin, 1972) et de récits (Journal d'un contre-révolutionnaire, 1969 ; l'Exécutrice, 1969 ; l'Homme qui marchait au plafond, 1970), il exprime toutes les espérances et les épreuves de son pays de l'occupation hitlérienne à l'écroulement du « printemps de Prague ».

Koidula (Lydia Jannsen, dite)

Poétesse estonienne (Vändra 1843 – Kronstadt 1886).

Fille du publiciste J. V. Jannsen, elle associa dans ses vers (Fleurs des champs, 1866 ; le Rossignol de l'Emajõgi, 1867) des notes nostalgiques et intimistes à l'expression de ses idéaux patriotiques, accompagnant la formation du sentiment national estonien. Elle écrivit également des récits dépeignant dans une langue fluide et imagée la vie et la condition des paysans. Sa comédie campagnarde le Cousin de Saaremaa, qu'elle mit en scène elle-même en 1870, marqua la naissance du théâtre estonien.

Kojiki
(Recueil des choses anciennes)

Chronique dynastique japonaise rédigée en 712 par O no Yasumaro.

L'ouvrage propose une généalogie divine et humaine remontant au commencement du monde et retrace l'histoire du pays jusqu'en 628. Compilé sur ordre impérial, cet ouvrage avait en effet pour but de légitimer le pouvoir de l'empereur en mettant en évidence l'origine divine de sa lignée. Outre cet enjeu idéologique, il constitue aussi le texte fondamental de la religion shinto et l'un des documents les plus anciens écrits en langue japonaise.

Kokin-Shu
abréviation de Kokin waka-shu (Recueil de poèmes de jadis et de maintenant)

Première anthologie poétique japonaise compilée sur ordre impérial (chokusen waka-shu).

En 905, l'empereur Daigo demanda à Ki no Tsurayuki de rassembler les meilleurs poèmes japonais (waka) de l'époque. L'ouvrage, d'une ampleur considérable puisqu'il comprend 20 volumes et plus de 1 000 poèmes, exerça une profonde influence sur la tradition postérieure, à la fois par la qualité de la sélection, son organisation et par sa célèbre préface, où Tsurayuki constituait le premier « art poétique » du waka.

kokkeibon (« livres comiques »)

Genre romanesque japonais décrivant avec humour, dans la langue parlée du temps, la vie quotidienne des petites gens au cours de la seconde moitié de l'époque d'Edo (1603-1867). Jippensha Ikku, avec son Voyage par le Tokaido sur l'alezan Genou (1802-1822), et Shikitei Samba, avec Au bain public (1809-1813) et Chez le barbier (1813-1814), en furent les représentants les plus notables.

Kolář (Jiří)

Poète et peintre tchécoslovaque (Protivín 1914 – Prague 2002).

Poète surréaliste, membre du « groupe 42 » (Limbes, 1945 ; Odes et Variations, 1946), il se consacre, à partir de la fin des années 1950, à la technique du collage, l'appliquant à de multiples domaines (objets, tableaux, environnements). Il a tenu un journal poétique des années 1949 (Témoin oculaire) et 1950 (le Foie de Prométhée).