Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
H

hispano-américaine (littérature) (suite)

Le fer de lance : le roman

Le roman, depuis 1920, connaît une vitalité plus grande encore peut-être. D'abord dans trois genres principaux : le roman indigéniste fleurit en particulier dans les pays andins, avec le Bolivien Alcides Árgüedas, l'Équatorien J. Icaza et les Péruviens C. Alegría et J. M. Arguedas ; le roman créole, à caractère social essentiellement, a pour chefs de file le Colombien J. E. Rivera, le Vénézuélien Rómulo Gallegos et l'Argentin R. Güiraldes ; le roman de témoignage est surtout lié aux événements de la révolution mexicaine (1910-1920), avec des auteurs tels M. Azuela, José Vasconcelos, M. L. Guzmán. Agustín Yáñez, pour sa part, s'interroge sur l'identité mexicaine.

   Avec Miguel Ángel Asturias, mêlant intimement poésie surréaliste et imaginaire indigène, apparaît le concept de réalisme magique, dont la fortune fut immense auprès de la critique et qui est aussi l'apanage du Cubain Alejo Carpentier, puissant romancier des Caraïbes. Ces « pères » du roman contemporain ont fait école avec les Mexicains Juan Rulfo et Carlos Fuentes, l'Argentin Julio Cortázar, les Péruviens J. R. Ribeyro, M. Vargas Llosa, A. Bryce Echenique et, le plus célèbre d'entre eux, Gabriel García Márquez. Tous ces écrivains, depuis Asturias, ont en commun à la fois leur préoccupation pour une écriture conçue comme un art et leur volonté de témoigner du monde qui les entoure, pour en exalter les beautés et la grandeur mais aussi pour en dénoncer les tares, à commencer par la dictature.

Histoire Auguste
(Historia augusta)

Recueil des biographies des empereurs romains, d'Hadrien à Numérien (238).

Ce recueil, qui rassemble anecdotes et détails insolites, souvent sujets à caution, sur la vie des empereurs, se présente comme l'œuvre d'historiographes latins du IVe s. (Aelius Spartianus, Flavius Vopiscus, Julius Capitolinus, Trebellius Pollio, Vulcatius Gallicanus), même s'il est parfois attribué à un auteur unique.

Histoires qui sont maintenant du passé

Recueil anonyme d'anecdotes japonaises datant sans doute du début du XIIe s.

Sommet de la littérature narrative, cette œuvre relève du genre du setsuwa, qui regroupe de courts récits à visée édifiante et le plus souvent à forte coloration bouddhique. Réparties sur 31 livres, ses quelque 1 065 historiettes parcourent le monde connu d'alors, l'Inde, la Chine et le Japon, en suivant le bouddhisme au cours de sa lente transmission à travers l'Asie. Vies de saints ou récits de miracles, légendes locales, épisodes de la vie de gens célèbres ou faits étranges, ces témoignages édifiants étaient sans doute pour leur valeur exemplaire destinés à illustrer les sermons des moines, mais si l'ensemble des contes relatifs aux affaires profanes trahit un même attrait pour l'insolite et le merveilleux, il en est aussi où l'humour s'allie à une savoureuse crudité. Depuis sa redécouverte au début du XXe s., ce recueil n'a cessé d'étonner par la variété de son inspiration et sa richesse littéraire.

hittite

La connaissance de la civilisation – et de la littérature – hittite, qui disparut brutalement sous l'assaut des Peuples de la Mer en 1191 av. J.-C., est due, pour l'essentiel, aux fouilles menées, de 1906 à 1913, par Hugo Winckler, sur le site de la capitale du royaume Hatti (Hattousa, auj. Bogazkale) et au déchiffrement d'une partie des 15 000 tablettes écrites en cunéiformes entrepris dès 1914-1917 par l'orientaliste tchèque Bedrich Hrozny. Ces tablettes sont rédigées en sept langues : hatti, nésite, palaïte, louvite, hourrite, akkadien, sumérien. Les textes officiels (chroniques royales, traités, protocoles, etc.) n'emploient que le nésite ou l'akkadien. Le hatti, ou proto-hittite (IIIe millénaire-XVIIe s. av. J.-C.), est conservé dans des textes religieux comme langue sacrée et rituelle. À partir du XVe s. av. J.-C., les rois hittites emploient pour les inscriptions sur leurs monuments ou sur leurs sceaux une écriture hiéroglyphique transcrivant un dialecte louvite, qui serait, pour certains spécialistes, la seule langue vivante des Hittites dès le XIVe s. av. J.-C.

   Les premiers documents littéraires, que l'on peut dater du XVIe s. av. J.-C., sont avant tout des écrits pratiques et historiques. Les annales royales font des règnes des souverains une chronique précise et haute en couleur qui tranche sur les conventions adoptées pour le genre en Égypte ou à Babylone. La culture babylonienne a cependant fortement influencé la littérature hittite, tout spécialement dans le domaine religieux. Les scribes hittites, qui occupent un rang enviable dans la hiérarchie sociale, entreprennent, à l'imitation de leurs homologues mésopotamiens, de noter le détail des cérémonies religieuses et des rituels magiques (« inventaires » de Toudhaliya IV, v. 1265-v. 1235). Le modèle babylonien est particulièrement sensible dans l'établissement de dictionnaires trilingues (akkadien, sumérien, hittite) et dans les traductions de textes didactiques ou hymniques (Portrait lyrique, découvert à Ougarit). Mais il semble bien que cette perméabilité des Hittites, qui aboutit à un véritable patchwork culturel (comme dans les textes composites qui empruntent les prières du Shamash babylonien pour célébrer le dieu solaire Arinna), ait été singulièrement activée par l'intermédiaire hourrite.

Hlibov (Leonid Ivanovytch)

Poète ukrainien (Veselyï Podol 1827 – Tchernihiv 1893).

Auteur de Poésies (1847) et de comédies (le Juge de paix, 1862), les influences de Krylov, de La Fontaine et du folklore se conjuguent dans ses Fables (1863), qui dénoncent la bureaucratie, le servage et célèbrent les vertus du paysan.

Hochhuth (Rolf)

Auteur dramatique allemand (Eschwege 1931).

Sa première pièce, le Vicaire (1963), où il critique l'attitude du pape Pie XII face à l'Holocauste, le rendit célèbre et fit le tour du monde. Ses drames suivants traitent du rôle de Churchill pendant la guerre et du bombardement des populations civiles (les Soldats, 1967), de l'impérialisme américain (Guérillas, 1970), de la responsabilité des juges sous le IIIe Reich (les Juristes, 1979). Ses drames (plus récemment Wessis in Weimar, 1993 ; la Nuit d'Effi, 1996), ses comédies, poèmes et nouvelles révèlent un sens très sûr du sujet « brûlant » et suscitent des conflits d'opinions.