Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
G

Gill (Claes)

Poète norvégien (Eydehavn 1910 – Oslo 1973).

Marin, vagabond, comédien, metteur en scène, il n'a publié que deux recueils de poésie (Fragments d'une vie magique, 1939 ; Paroles de fer, 1942), où il se montre à la fois symboliste, inspiré de Yeats, et pionnier de la poésie moderne, marqué par T. S. Eliot. Cherchant « la seule, la vraie parole », il pratique un lyrisme métaphysique et extatique, en rupture avec la syntaxe courante. Il a exercé une grande influence sur la poésie norvégienne des années 1960.

Gill (Gagan)

Poétesse et essayiste indienne (Delhi 1959).

Elle est l'auteur de trois recueils de poésie hindie (Un jour reviendra la jeune fille, 1989 ; le Bouddha des ténèbres, 1996 ; le Temps n'est pas de l'espérance, 1998). Elle a contribué en anglais à l'ouvrage New Women Writing in Hindi (1995).

Gillès (Gillès de Pélichy, dit Daniel)

Écrivain belge de langue française (Bruges 1917 – Bruxelles 1981).

Il fit une satire sévère de la société belge contemporaine : milieux de la haute finance (Jetons de présence, 1954 ; le Coupon 44, 1956) ; crise coloniale (la Termitière, 1960) ; mœurs de province (les Brouillards de Bruges, 1962), laissant inachevée sa grande fresque romanesque, le Cinquième Commandement (1974), qui retrace le drame des années 1939-1945 . Il est aussi l'auteur de biographies.

Gilliams (Maurice)

Écrivain belge d'expression néerlandaise (Anvers 1900 – id. 1982).

Poète, marqué par la double angoisse de Rilke et de l'expressionnisme (Vita brevis, 1955-1959), il consacre sa solitude d'esthète à une analyse intérieure toujours reprise dont témoignent ses essais (Une visite au tombeau du prince, 1952), son journal (l'Homme à la fenêtre, 1943) et ses romans (Élias ou la Lutte avec les rossignols, 1936 ; Hiver à Anvers, 1953).

Gilliard (Edmond)

Écrivain, critique d'art et de littérature suisse de langue française (Fiez-sur-Grandson 1875 – Lausanne 1969).

Après une enfance campagnarde et des études de lettres à Lausanne, il séjourne à Paris, devient précepteur et enseignant, dirige, avec Ramuz et Budry, les Cahiers vaudois (1914). Pour la Gazette de Lausanne et la Bibliothèque universelle, il rédige de nombreuses critiques d'art et de littérature. Non-conformiste cultivé, Gilliard dénoncera les institutions qui abêtissent l'homme, l'école, qui tue l'esprit critique et ne transmet plus les beautés de la langue et les mystères de la littérature (Alchimie verbale, 1925 ; l'École contre la vie, 1942). Il s'attaque aussi à l'Église (protestante) et à son moralisme exsangue. Dans la Dramatique du moi (1936-1940) et dans le Journal (1945-1952), il met en pratique son goût de la liberté, son amour de l'art et de la littérature, toute sa volonté d'inventer, à son tour, une langue neuve et personnelle. Avec Ramuz, Gilliard a été l'un des représentants les plus importants de la vie culturelle romande dans la première moitié du XXe siècle.

Gils (August, dit Gust)

Écrivain belge d'expression néerlandaise (Anvers 1924 – Gils 2002).

Fondateur de la revue Gard Sivik, il crée avec sa « paraprose » (1964-1980) une forme littéraire qui fait songer à Borges, et où la réalité quotidienne s'inscrit dans de courtes nouvelles de tonalité burlesque ou fantastique. L'influence de la musique électronique est sensible dans sa poésie (Et voici une dame, 1957 ; Objet vivant, 1969 ; Cornac rusé, 1974 ; Un claquement de doigts, 1983).

Gimenez Caballero (Ernesto)

Écrivain espagnol (Madrid 1899 – id. 1988).

Il se fit connaître par ses Notes marocaines d'un soldat (1923), reportage sur la guerre du Rif. Il fonda la Gaceta literaria (1927). Après une brève période surréaliste (Moi, l'inspecteur des égouts, 1928), il fut séduit par le régime mussolinien (Circuit impérial, 1930) et se fit le porte-parole du fascisme espagnol (le Génie de l'Espagne, 1932), période qu'il évoque dans Mémoires d'un dictateur (1979).

Gimferrer (Pere)

Poète espagnol d'expression castillane et catalane (Barcelone 1945).

Classé parmi les poètes « provocants » de la nouvelle génération (Mer embrasée, 1966 ; Poèmes, 1969), il poursuit en catalan ses recherches phoniques et sémantiques, unissant les jeux sur les symboles à la virtuosité métrique (les Miroirs, 1970 ; Feu aveugle, 1973 ; l'Espace désert, 1977 ; Apparitions et autres poèmes, 1982). On lui doit aussi des essais sur la poésie.

Ginguené (Pierre Louis)

Écrivain français (Rennes 1748 – Paris 1816).

Après quelques contes et des poésies légères (Satire des satires, 1778 ; la Confession de Zulmé, 1779), il s'impose comme journaliste en participant aux feuilles girondines (De l'autorité de Rabelais dans la révolution présente, 1791), puis en devenant le rédacteur principal de la Décade philosophique (1795-1807). Son Histoire littéraire de l'Italie (1811-1819) le place aux côtés de Mme de Staël et de La Harpe parmi les fondateurs de l'histoire littéraire moderne.

Ginsberg (Allen)

Poète américain (Newark, New Jersey, 1926 – New York 1997).

Figure emblématique de la Beat generation, porte-parole de la contestation des années 1960, poète de l'espace et de la rue, il exprime sa haine de l'Amérique matérialiste dans une recherche rythmique et suivant un imaginaire où la banalité abhorrée du pays natal s'allie aux chants inspirés de l'Orient et de l'énergie du sujet, livré à son inspiration mystique et à son mouvement psychique. Le titre de son premier recueil, Hurlement (1956), indique la volonté de rupture et de protestation et la lutte contre les conventions. Kaddish (1958-1960), le Miroir vide (1961), Réalité sandwiches (1963), Nouvelles de la planète (1968) accentuent cette emprise d'une réalité déceptive que mine le pouvoir d'un langage perverti (Journaux indiens, 1970 ; la Chute de l'Amérique, 1973). Le souffle poétique de l'image du poète-mage s'impose dans Compétition des bardes (1977) et Souffle de l'esprit (1978), en un jeu littéraire où se conjuguent les influences hallucinatoires de Blake, le détachement du bouddhisme et la tradition américaine (de Whitman à Hart Crane et William Carlos Williams) : Plutonium, Ode, Poèmes, 1977-1980 (1982) ; Poèmes complets, 1947-1980 (1984) ; Salutations cosmopolites, poèmes 1986-1992 (traduction française 1996).