Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
S

Sophonie

Il fait partie des douze Petits Prophètes. Son nom hébreu signifie « Yahvé a protégé ». Son activité prophétique date des premières années du règne de Josiasc (640-609), avant la grande réforme de 622, ce qui fait de lui un contemporain de Jérémie. Sophonie annonce le jour de Yahvé qui atteindra les nations aussi bien que Juda, dont il dénonce les fautes religieuses et morales (III, 1-11). Ces pages, qui sont parmi les plus sombres de la Bible, s'achèvent sur une note de joie : un « reste » composé d'humbles et de pauvres (cf. III, 12) sera sauvé.

sorabe

Les Sorabes (aussi appelés Wendes) font partie des Slaves orientaux. Ils habitent la Lusace, province vassale de la Couronne de Bohême pendant quatre siècles, cédée à la Saxe en 1635, puis à la Prusse en 1815. À l'exception d'une traduction du Nouveau Testament (1548) et un catéchisme (1574), la langue sorabe ne connaît jusqu'au XVIIe s. qu'une expression orale et liturgique. La conscience nationale slave et l'intérêt de grammairiens pour la langue sorabe commencent alors à se manifester, mais l'activité littéraire ne débute qu'au XIXe s., quand paraît la première revue sorabe, Serbski Powedar a Kurer (1809-1812). Le poète romantique Handrij Zejler (1804-1872) publie Saisons, cycle mis en musique par K. A. Kocor. Après 1870 se forme le mouvement des Jeunes Sorabes, mené par J. Bart-Cisinski (1856-1909), auteur de l'épopée le Fiancé (1876-1877). Ils éditent la revue Lipa Serbska. Au début du XXe s. apparaissent de nombreux écrivains : J. Winger (1872-1918), J. Lorenc-Zaleski (1874-1939), Josef Nowak (1895-1976). En 1912 naît la Domowina, organisation qui regroupe les activités culturelles animée par Bogumil Swjela (1873-1948), J. Hajes (1873-1960) et J. Slodenk. Sous le national-socialisme, les Sorabes subissent des déportations massives ; la Domowina, interdite en 1937, est recréée dès le 24 avril 1945, et une loi de 1948 donne à la communauté sorabe une autonomie culturelle (bilinguisme, enseignement du sorabe). De nouvelles voix se font entendre (Jurij Brezan, Jurij Koch, etc.).

Sorel (Charles) , sieur de Souvigny

Écrivain français (Paris 1582 – id. 1674).

On sait assez peu de chose de sa vie, sinon qu'il fut secrétaire du comte de Cramail (1621), qu'il acheta (1635) la charge d'historiographe du roi à son oncle, qu'il se fit plus connaître par ses parodies et pamphlets que par ses témoignages d'amitié : contre-épreuve de son indépendance d'esprit. Son œuvre est vaste, diverse, et difficile à maîtriser tant il multiplia les pseudonymes et les masques, et pratiqua l'ambiguïté avec délectation. Il débuta avec des romans (Histoire amoureuse de Cléagénor et de Doristée, 1622) qui témoignent rapidement d'un souci de vraisemblance et de réalisme (Nouvelles françaises, 1623), non sans soupçon critique porté sur la possibilité pour le romanesque de décrire le réel. Il développa cette veine avec la Vraie Histoire comique de Francion, plusieurs fois remaniée (1623, 1626, 1633). Dans la tradition picaresque espagnole et la veine satirique néolatine, cet étonnant tableau des mœurs du siècle (au collège, à la campagne, chez les écrivains, à la cour...) témoigne d'une grande audace intellectuelle, exprimée dans une langue d'une richesse singulière : «  Dans mon livre, on peut trouver la langue française tout entière » (Advertissement de 1626) ; il défend d'ailleurs le droit à la diversité lexicale dans un pamphlet contre le purisme académique, le Rôle des présentations (1634). On lui doit aussi une satire du romanesque pastoral, dans la lignée du Don Quichotte (le Berger extravagant, 1627), un tableau caricatural de la société parisienne (Polyandre, 1648) et de railleuses Lois de la galanterie (1644). Son œuvre de critique et d'histoire littéraire (la Bibliothèque française, 1664 ; De la connaissance des bons livres, 1671), ses ouvrages historiques (Histoire de la monarchie française sous Louis XIV, 1662) et encyclopédiques (la Science universelle, 1641-1664) sont un témoignage important sur la vie intellectuelle du XVIIe s.

Sørensen (Villy)

Écrivain danois (Copenhague 1929 – id. 2001).

Conteur, il étudie les structures du mythe et des légendes dont il éclaire, exploite et dévie le symbolisme. Mi-philosophiques, mi-fantastiques, ses contes et nouvelles (Étranges Histoires, 1953 ; Histoires sans danger, 1955 ; Conte de tutelle, 1964) se situent dans le prolongement de Kafka, tout en restant ancrés dans une tradition qui est celle d'Andersen et de Kierkegaard. Ses essais philosophiques tentent de préserver un idéal humaniste.

Sorescu (Marin)

Écrivain roumain (Bulzesti 1936 – Bucarest 1996).

Transgressant les conventions poétiques et empruntant ses moyens expressifs à la vie et au langage quotidiens – à travers une esthétique de l'ironie – il compose des vers où la réflexion sur la condition humaine l'emporte sur la confession lyrique (Poèmes, 1964 ; Toussez, 1970). Sa création ultérieure évoque la vie de la collectivité villageoise (A Lilieci, 6 volumes 1973-1995), tandis que ses pièces de théâtre abordent le thème de l'homme face à l'absurdité du destin (Jonas, 1968 ; le Sacristain, 1970 ; le Lit de la rivière, 1976 ; le Cousin de Shakespeare, 1987).

Sorge (Reinhard Johannes)

Écrivain allemand (Rixdorf, près de Berlin, 1892 – Ablaincourt, Somme, 1916).

Après des études à Iéna, il fit deux voyages en Italie et s'y convertit au catholicisme. Mobilisé en 1914, il fut tué au combat. Il est, par son refus du matérialisme et du naturalisme, un représentant typique de l'expressionnisme. Le Mendiant (1912), où se mêlent vers et prose, est un drame symbolique et lyrique où le jeune héros parricide s'élève au ciel en se détachant des liens terrestres. Sorge a publié ensuite des drames imités des mystères médiévaux (Metanoeite, trois mystères, 1915), et de brèves épopées sur des thèmes religieux (Mère des cieux, 1917).

soshi

Le terme désigne, dans la littérature japonaise, des œuvres de prose qui, à partir du XVIe s., assurent la transition entre le roman médiéval, ou monogatari, dont elles ne se distinguent guère à l'origine, et le roman moderne tel qu'il sera pratiqué par Ihara Saikaku (1642-1693). Au début du XVIIe s., la naissance de l'imprimerie commerciale impose auprès du grand public les kanazoshi, ivres en kana (syllabaire japonais), c'est-à-dire en japonais, qui abordent les domaines et les genres les plus divers, dans le double but de distraire et d'instruire : fiction romanesque, traductions du chinois (et même d'une œuvre occidentale telle que les fables d'Ésope), littérature didactique ou pratique, guides de voyage ou des quartiers de plaisirs (les hyôbanki), manuels épistolaires... Des écrivains apparaissent, tel le moine polygraphe Asai Ryoi (? – 1691), qui, en marge de ses travaux religieux, publie de très nombreux kanazoshi de tous genres.