Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Levertov (Denise)

Poétesse américaine d'origine anglaise (Ilford, Essex, 1923 – Seattle 1997).

Après avoir été infirmière à Londres pendant le Blitz, elle émigre en Amérique en 1948, où elle enseigne à Brandeis et au MIT, avant de s'installer près de Seattle et de devenir professeur à Stanford University en 1989. Très marquée par son histoire familiale de descendants de hasidim de Russie et par la conversion de son père à l'anglicanisme, elle s'est intéressée à la politique et aux droits de l'homme, domaines qu'elle lie étroitement à la pratique poétique. Influencée par les imagistes, par William Carlos Williams et les objectivistes, gravitant dans le cercle du Black Mountain College, elle s'attache à rendre directement une expérience et à rapporter l'expression verbale à la singularité de l'objet, sans en perdre les significations mythiques et mystiques, dans une manière proche de celle de Robert Duncan. À la fois artisan et voyant, le poète, selon Levertov, révèle le monde et prend part aux débats, de la guerre du Viêt Nam aux dangers du nucléaire en passant par la place des femmes dans la vie privée comme dans la vie publique. Poétique de la perception et de la joie, le travail de Levertov pense le poème avant tout en termes d'exploration physique et mentale (Ici et maintenant, 1957 ; l'Échelle de Jacob, 1961 ; Ô goûtez et voyez, 1964 ; Survivre, 1971 ; la Vie dans la forêt, 1978 ; Chandelles de Babylone, 1982 ; Tesserae, 1995). Elle a traduit Guillevic.

Levi (Carlo)

Peintre, écrivain et journaliste italien (Turin 1902 – Rome 1975).

Romancier (Peur de la liberté, 1946 ; la Montre, 1950 ; Mafia et Politique, 1962 ; Tout le miel est fini, 1964), directeur de l'Italia Libera (1945-1946), son nom est surtout lié au récit autobiographique le Christ s'est arrêté à Eboli (1945), consacré à son séjour d'exilé politique (1935-36) pour activité antifasciste dans un petit village de Lucanie.

Levi (Primo)

Écrivain italien (Turin 1919 – id. 1990).

Chimiste juif, il fut déporté dans les camps de concentration en Allemagne. Marqué par son expérience à Auschwitz, il devient écrivain. Ses récits autobiographiques, qui lui valurent de nombreux prix littéraires, ont la valeur d'un témoignage urgent, douloureux, impulsif et violent (Si c'est un homme, 1947 ; la Trêve, 1963). Il a publié des nouvelles (Lilith, 1975-1981) et des romans anecdotiques (la Clé à molette, 1978 ; Maintenant ou jamais, 1982). Son dernier roman les Naufragés et les rescapés, 1986, écrit quatre ans avant son suicide, est une tentative de comprendre et d'expliquer le génocide de la Seconde Guerre mondiale. Dans ce livre, Levi va au-delà du très grand témoignage que constitue Si c'est un homme, en ce sens qu'il s'agit pour lui de comprendre et surtout de répondre à une grande question (qui depuis hante toute la culture contemporaine internationale) : comment peut-on survivre à la honte d'Auschwitz ?

Levin (Hanoch)

Auteur dramatique israélien (Tel Aviv 1943 – id. 1999).

Il débuta par des satires politiques après la guerre des Six Jours (Toi, moi et la prochaine guerre, 1968 ; la Reine des cabinets, 1970). Puis il commença à mettre lui-même en scène ses pièces (Yaakobi et Leidental, 1972 ; Hefetz, 1972 ; Kroom, 1975 ; les Marchands de caoutchouc, 1978) : ses personnages rêvent de trouver le bonheur dans le cadre d'une famille, mais n'y parviennent jamais ; ils n'éprouvent de joie que lorsqu'ils rencontrent quelqu'un de plus malheureux qu'eux, qu'ils peuvent alors piétiner. L'humiliation et le ressentiment forment l'essence d'une œuvre dont l'amertume est tempérée par le recours aux situations comiques et par l'accompagnement de mélodies sentimentales. Les dernières pièces marquent un intérêt pour la mythologie (les Tourments de Job, 1981 ; la Grande Prostituée de Babylone, 1982). Un œuvre en prose (Un homme tient débout derrière une femme assise, 1992) résume l'univers grotesque de l'auteur. Il a publié aussi des recueils poétiques, tels que la Vie des morts, 1999.

Lévitique (livre du)

Troisième livre du Pentateuque, en hébreu : Wayyiqrâ' (« Il appela »). La tradition rabbinique le désigne par « Torat cohanim », « Manuel des prêtres », en référence au contenu du livre. C'est ce terme qui est à l'origine du titre grec Levitikos. Le mot « lévite » désigne le prêtre à l'époque de la traduction de la Septante. C'est par ce texte que tout jeune juif commence à lire les Écritures. Le Lévitique présente une plus grande unité de style que le livre de l'Exode et les Nombres du fait que le texte relève de la rédaction sacerdotale désignée par le sigle « P ». Selon certains critiques, les chapitres XVII à XXVI constituent le « Code de sainteté » et viendraient d'une autre source appelée « H », bien plus ancienne que « P » . Israël a tout juste vécu l'exode d'Égypte et le peuple vit dans le désert. Dans le Lévitique, cette expérience d'exode reçoit une nouvelle interprétation : quand Dieu a fait sortir Israël d'Égypte, il l'a séparé des pratiques idolâtres des autres nations. Cet exode devient synonyme de « sanctification ». La sanctification n'a pas de connotation mystique. Il s'agit plutôt d'une séparation en vue d'une mission auprès des autres nations. Le peuple qui a été « sanctifié », c'est-à-dire mis à part pour servir Dieu, ne peut vivre comme les autres nations dont il a été « séparé » (Lv XI, 47 ; XVIII, 3-5 ; XX, 22-26 ; XXIII, 32-33). Le Lévitique réunit divers recueils de lois, marqués parfois par une conclusion propre (VII, 35-38 ; XXVI, 46) et dans lesquels les textes législatifs ont été le plus souvent groupés par identité de sujet. Les lois sur les années chabbatiques et les années jubilaires (XXV, 1-XXV, 55) présentent des parallèles avec les lois paléo-babyloniennes. Toutefois, la compilation finale de ces textes, difficiles à dater, se serait effectuée à la fin du VIe s. av. J.-C.

Lewes (George Henry)

Philosophe et écrivain anglais (Londres 1817 – id. 1878).

Représentant de la philosophie évolutionniste, traducteur d'Auguste Comte, biographe de Goethe (1855), auteur d'ouvrages d'esthétique littéraire (les Acteurs et l'Art dramatique, 1875), il fonda, avec T. L. Hunt, la Fortnightly Review (1865). Il vécut avec Mary Ann Evans (George Eliot) une « liaison » de vingt-huit années qui fit scandale.