Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
K

Koch (Kenneth)

Écrivain américain (Cincinnati, Ohio, 1925 – New York 2002).

Lié à l'école poétique de New York et à la revue Locus solus, influencé par Raymond Roussel, Gertrude Stein, Pierre Reverdy et Max Jacob, il voue sa poésie antisymbolique à des jeux de déconstruction (Poèmes, 1953 ; Ko, une saison sur Terre, 1959 ; Coucher avec des femmes, 1969 ; l'Art de l'amour, 1975 ; les Duplications, 1977 ; Nuits et jours, 1983).

Kochanowski (Jan)

Poète polonais (Sycyna 1530 – Lublin 1584).

Né non loin de Radom, après des études dans les universités polonaises de Cracovie et de Królewiec (1544-1552), points-frontières orientaux de la Renaissance européenne, Kochanowski effectue un long voyage à la rencontre de l'humanisme et s'arrête à Padoue, où il suit l'enseignement de Francesco Robotello, Rome et Naples, où il écrit ses premiers vers dans le latin du Siècle d'Or comme le préconisent les règles de l'époque. Il est le grand écrivain de langue latine de la littérature polonaise. Impressionné par Pietro Bembo, imprégné de cultures latine et grecque, il s'applique à l'imitation créatrice d'Horace, admire Pétrarque. Aussi est-ce à Paris (1559) qu'il compose le premier de ses chefs-d'œuvre en langue polonaise, « Qu'attends-tu de nous Seigneur pour tes dons généreux », qui ouvre le recueil de ses Chants conçus tout au long de sa vie, et publiés à titre posthume (Chants, livres I et II, suivi du Chant de la Saint-Jean, 1586). En France, il aurait rencontré Ronsard, ses écrits (Ronsardum vidi) signalent qu'il prit connaissance de l'impulsion que donnait le poète français à la littérature de son pays. À son exemple, Kochanowski élabore les règles de la versification polonaise : il soumet à une règle la position de l'accent tonique, impose l'emploi du paroxyton pour les deux dernières syllabes du vers, rend nécessaire qu'il y ait une fin de mot après la septième syllabe dans les vers de plus de huit pieds, et initie la tendance à soumettre l'accent tonique des syllabes qui précèdent cette césure à une règle, notamment dans le vers à treize pieds, équivalent polonais de l'alexandrin. À son retour en Pologne (1560), Kochanowski vit à la cour du roi Sigismond Auguste, dont il est le secrétaire. En humaniste, il s'implique dans les débats de la démocratie nobiliaire des deux nations du royaume de Pologne qui est à son apogée. En accord avec la philosophie de Sigismond Auguste, qui se refusait à « être le monarque de la conscience de ses sujets », l'auteur de la Concorde (1562) et du Satyre ou l'Homme sauvage (1564) adopte une attitude explicitement tolérante : la liberté religieuse est l'un des privilèges dont bénéficie le citoyen qui se doit d'œuvrer pour le bien de la nation. Si, en 1564, le Poème sur le jeu d'échec est une épopée humoristique, la Muse, en 1567, est le manifeste poétique de l'individualisme humaniste hautement apprécié par la noblesse polonaise. Les très spirituelles Bagatelles (courts poèmes, anecdotes, épitaphes) publiées en 1580, comme les Foricoenia sive epigrammatum parues en 1584, circulent dans les cercles cultivés de la cour des grands nobles. En 1574, Kochanowski quitte Cracovie pour cultiver son art sur ses terres de Czarnolas, en alliant la tradition grecque et latine à celle de la Bible, « sous son tilleul, loin des bruits du monde »... dont il reste pourtant à l'écoute comme en témoigne son unique pièce, le Renvoi des ambassadeurs grecs (1578). La réflexion éthique sur la guerre et la paix, telle que l'envisagent Cicéron, saint Augustin et Érasme de Rotterdam, y est illustrée par l'histoire troyenne. Sans intérêt dramatique réel, cette tragédie est surtout le prétexte pour Kochanowski de formuler un avis critique sur le manque d'enthousiasme de la noblesse polonaise à prendre les armes. La grande œuvre de Kochanowski, à côté des Chants, ce sont les Thrènes (1580), écrits après la mort de sa fille Urszula. Les dix-neuf poèmes sont parmi les pages les plus originales de la Renaissance polonaise. Kochanowski s'y réfère directement à Pétrarque. Ainsi par exemple, comme dans le Canzoniere, la consolation intervient à la fin du recueil : le thrène XIX intitulé le Rêve correspond au sonnet CCCLIX ou Canzone. Pétrarque s'y « entretient en songe avec sa dame » qui revient le consoler, Kochanowski revoit en songe sa fille dans les bras de sa propre mère, disparue elle aussi. Laure veut sécher les larmes de Francesco Petrarca en l'incitant à se fier à Dieu qu'elle ne cesse de prier pour le salut de son amant. Le poète polonais est également rassuré dans son rêve : « Parmi les anges et les esprits la douce Urszula est lumineuse comme l'aurore » et « elle y prie pour ses parents avec les paroles qu'elle ne savait encore prononcer lorsqu'elle était auprès d'eux ». L'économie des deux textes est parallèle, mais l'émouvante simplicité des sentiments authentiques fait accéder ces vers aux sommets de l'art humaniste de la Renaissance européenne. Le Psautier de David (1579), adaptation polonaise en vers des Psaumes, fruit d'un travail de plus de dix années, est adopté pour leur pratique tant par les catholiques que par les protestants polonais. Dans la dédicace du Psautier, adressée à son protecteur l'évêque Pierre Myszkowski, Kochanowski inscrit avec fierté les paroles qui présentent son rôle historique dans le développement de la littérature polonaise : « Et j'ai abordé le rocher de la Belle Calliope. / Où jusqu'alors aucun pied polonais n'avait laissé sa trace. » Il se voulait le créateur d'une œuvre qui allait défier le temps et les civilisations. « Moscou entendra parler de moi et les Tatars / Et les Anglais, habitants d'un monde différent. / L'Allemand et le vaillant Espagnol me connaîtront, / Et ceux qui boivent au courant profond du Tibre. » Jusqu'à l'aube du XIXe s., il fut considéré comme le plus grand poète slave. La célébration du quatrième centenaire de sa mort (1984) fut censurée en Pologne sur ordre du Kremlin tant il reste un auteur phare de la culture polonaise.

Kock (Charles-Paul de)

Écrivain français (Passy 1793 – Romainville 1871).

Auteur de plus de 400 romans et pièces de théâtre : l'Enfant de ma femme (1813), Gustave le mauvais sujet (1821), la Laitière de Montfermeil (1827), le Cocu (1832), la Pucelle de Belleville (1834), l'Homme aux trois culottes (1842) sont autant de succès où se mêlent les situations scabreuses, une certaine grivoiserie et un moralisme bien pensant. Proche du mélodrame, il use habilement des recettes de la littérature populaire et représente un formidable phénomène d'édition.