Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Du Maurier (George Louis Palmella Busson)

Écrivain et dessinateur anglais (Paris 1834 – Londres 1896).

Devant renoncer à la carrière de peintre pour des raisons de santé, il devient illustrateur. Ses dessins satiriques paraissent dans Punch à partir de 1864. Outre d'innombrables caricatures aux légendes spirituelles, on lui doit trois romans. Il évoque son enfance heureuse à Passy dans Peter Ibbetson (1891) et connaît un immense succès avec Trilby (1894), où une étrange histoire de possession médiumnique se greffe sur les souvenirs de sa vie de bohème au Quartier latin. Il fait une incursion dans la science-fiction avec la Martienne (1896).

Du Plaisir

Écrivain français.

Cet auteur mal connu a joué un rôle non négligeable dans la théorie de l'écriture romanesque à la fin du XVIIe siècle. Il publia avec quelque succès la Duchesse d'Estramène (1682), conforme au modèle de la nouvelle historique et galante : opposition des devoirs sociaux et des aspirations individuelles au « sentiment », mais victoire de l'ordre moral et social, avec l'appui des personnages, tendus vers un certain héroïsme. Il signe surtout les Sentiments sur les lettres et sur l'histoire (1683) : cet essai critique érige en modèle la nouvelle galante (la Princesse de Clèves en est la référence implicite), insistant sur la brièveté, le naturel du style, le détachement du narrateur, l'analyse du cœur humain et la recherche d'un « vraisemblable extraordinaire ».

Du Ryer (Pierre)

Écrivain français (Paris 1605 – id. 1658).

À ce traducteur des Anciens (Hérodote, Isocrate, Ovide) on doit aussi, outre une comédie (les Vendanges de Suresnes, 1633), de nombreuses tragi-comédies romanesques (Argénis et Poliarque, 1630 ; Clarigène, 1637). Fasciné par Corneille, il se plie ensuite aux règles de la tragédie classique (Lucrèce, 1636 ; Alcionée, 1637 ; Saül, 1639). Son plus grand succès, Scévola (1642), oppose le patriotisme républicain à la magnanimité royale.

Duaji (Ali al-)

Écrivain tunisien (1909 – 1949).

Auteur autodidacte, bohème, anticonformiste plein d'humour, il publia un récit de voyage au style vif et alerte (Périple autour des tavernes de la Méditerranée, 1935). Il fonda en 1936 un éphémère journal, al-Surûr (la Joie), et laissa des poèmes et des pièces de théâtre dont certaines, en dialecte tunisien, sont destinées à la radio.

Dubillard (Roland)

Acteur et auteur dramatique français (Paris 1923).

Étudiant en philosophie, il écrit des pièces de théâtre pour des étudiants amateurs, puis, influencé par Vian, Tardieu, Ionesco, il monte un numéro radiophonique de duettistes, « Grégoire et Amédée » (1953). Ces sketches, regroupés dans les Diablogues (1974), abordent tous les sujet dans un esprit de « nonsens » délirant. Souvent acteur et metteur en scène de ses propres œuvres, il entreprend d'animer l'« espace du dedans » (Naïves Hirondelles, 1961, pièce applaudie aussi bien par les virtuoses du comique traditionnel comme André Roussin que par les représentants du théâtre de l'absurde ; la Maison d'os, 1962) et préside à l'agonie de l'intrigue (le Jardin aux betteraves, 1969 ; Où boivent les vaches, 1972 ; le Bain de vapeur, 1976) dans une sorte d'entraînement fou vers la destruction iconoclaste de tout art reconnu. Cependant, les nouvelles d'Olga ma vache (1974) content un amour malaisé mais troublant qui lui vaut le grand prix de l'Humour noir. Dans Je dirai que je suis tombé (1966), il se révèle poète, sur le thème du vertige où nous jettent les lois physiques, sans parler des morales (Méditation sur la difficulté d'être en bronze, 1973). L'incarnation est décidément, pour ce « grotesque », une passe difficile, même s'il entreprend d'aborder le monde avec une Boîte à outils (1985). En 1989, il publie les Nouveaux Diablogues. En 1998 paraît Carnet en marge.

Dubos (Jean-Baptiste, abbé)

Écrivain français (Beauvais 1670 – Paris 1742).

Célèbre par sa passion de l'opéra et son goût du luxe, négociateur de la paix d'Utrecht, conseiller du cardinal Dubois et de Voltaire, il appliqua son esprit critique à l'histoire et à l'esthétique. Ses travaux portent sur l'Antiquité (Histoire des quatre Gordiens prouvée et illustrée par les médailles, 1695), mais aussi sur le passé national (Histoire de la ligue faite à Cambrai, 1709 ; Histoire critique de l'établissement de la monarchie française dans les Gaules, 1734). Son œuvre majeure reste les Réflexions critiques sur la poésie et la peinture, parues en 1719. S'inscrivant dans le fil de la querelle des Anciens et des Modernes, elle tente d'expliquer les productions artistiques à partir du climat, du milieu et de l'époque. Dubos montre que le sentiment joue en art un rôle aussi important que la raison, car l'art doit « toucher ». Il insiste sur le « sixième sens » intervenant en matière esthétique, mêlant sentiment et sentimentalité.

Dubuisson (Paul Ulric)

Auteur dramatique français (Laval 1746 – Paris 1794).

Il partit pour les États-Unis lors de la guerre de l'Indépendance et publia à son retour un Abrégé de la révolution de l'Amérique anglaise (1778). Au théâtre, il donna une tragédie (Nadir, 1780), des comédies (le Vieux Garçon, 1783), des drames (Zélia, 1793). Exilé à Bruxelles en 1783, il joua un rôle sous la Révolution (contre les Girondins et dans la surveillance de Dumouriez et de Custine) et fut guillotiné avec les hébertistes.

Ducange (Victor Henri Brahain)

Écrivain français (La Haye, Pays-Bas, 1783 – Paris 1833).

Ayant eu maille à partir avec les autorités en raison du libéralisme de ses premiers écrits (Agathe, 1819 ; Valentine, 1820 ; le Diable rose ou le Petit Courrier de Lucifer, 1822), il fut emprisonné et s'exila à plusieurs reprises. S'étant tourné vers le théâtre, il composa de nombreux mélodrames, dont Trente Ans ou la Vie d'un joueur (1827, avec Dinaux) qui reste l'une des œuvres les plus achevées d'un genre populaire, à la fois édifiant et pathétique.

Duchamp (Marcel)

Peintre et écrivain français (Blainville, Seine-Maritime, 1887 – Neuilly-sur-Seine 1968).

Sous le nom de « Rrose Sélavy », il signa de rares aphorismes énonçant une grammaire paradoxale. Érotisant la langue, bousculant sa logique, ses jeux verbaux, autant que les titres de ses tableaux, influencèrent dada et le surréalisme. Rassemblés en 1958 (Marchand du sel) puis complétés en 1975 (Duchamp du signe), ses écrits sont le contrepoint littéraire de son « Grand Verre ».