Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
T

Tharaud (les)

Écrivains français, Ernest, dit Jérôme (Saint-Junien, Haute-Vienne, 1874 – Varandeville-sur-Mer 1953), et Charles, dit Jean (Saint-Junien 1877 – Paris 1952).

Écrivant ensemble, ils connurent le succès avec Dingley, l'illustre écrivain (1902), roman évoquant la guerre des Boers. Outre un roman naturaliste (la Maîtresse servante, 1911), ils publièrent des livres marqués par leur temps, sur les milieux juifs en Europe et au Moyen-Orient (À l'ombre de la Croix, 1917 ; Quand Israël est roi, 1920 ; l'An prochain à Jérusalem, 1924) et des récits de voyage en Afrique du Nord et en Palestine, au pittoresque souvent stéréotypé, très représentatifs de la bonne conscience coloniale (la Fête arabe, 1912 ; Marrakech ou les Seigneurs de l'Atlas, 1920 ; Fez ou les Bourgeois de l'Islam, 1930). Dans Notre cher Péguy (1926) et Mes années chez Barrès (1928), ils évoquent leurs souvenirs de ces deux écrivains.

T'hart (Maarten)

Écrivain hollandais (Maassluis 1944).

Éthologiste de formation, il est devenu un des romanciers et nouvellistes les plus productifs de sa génération (J'avais un camarade, 1973 ; le Peuple pie, 1975 ; Dernière Nuit d'été, 1977 ; les Croque-Morts, 1979 ; la Reine de rêve, 1980 ; l'Amant assoiffé, 1981), tout en étant un brillant essayiste (la Révolte critique, 1976 ; la Somme des malentendus, 1978 ; La femme n'existe pas, 1983). Il a également publié des récits autobiographiques (On peut changer six fois de cap, 1984).

Théocrite

Poète grec (Syracuse ? v. 315 – 250 av. J.-C.).

Il a séjourné à Alexandrie, à la cour de Ptolémée Philadelphe et à Cos, où il composa l'essentiel de son œuvre. Il reste de lui, sous le titre d'Idylles, un recueil de poèmes aux formes et aux thèmes variés : mimes dialogués (les Syracusaines), monologue lyrique (les Magiciennes), épopées miniatures (les Dioscures), éloges, épigrammes et, surtout, poèmes bucoliques (Chevrier et berger). Certains textes sont apocryphes. Les pièces les plus connues évoquent la nature, l'amour et la poésie, mais ses bergers ne sont pas aussi idéalisés que ceux des églogues de Virgile et des poètes qui se réclament de lui. Son expression virtuose, dans un style vif et coloré, savant et expressif, fait de Théocrite le meilleur représentant d'un genre qu'il a créé.

Théodore le Studite (saint)

Moine byzantin (Byzance 759 – Büyük ada, île des Princes, 826).

Réformateur de la vie monastique, il composa pour ses moines du monastère de Stoudios à Constantinople deux Catéchèses et des Discours spirituels. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages qui témoignent de sa lutte contre les iconoclastes (Antirrhétikos et Réfutations des poèmes iconomaques). Il a laissé une correspondance importante et est considéré comme un des maîtres de l'épigramme byzantine.

Théophraste

Philosophe grec (Érésos v. 372 – Athènes v. 285 av. J.-C.).

Theophrastos (« qui parle divinement ») est le surnom que donna Aristote à son disciple Tyrtamos, qui dirigea le Lycée de 323 à sa mort. D'une œuvre encyclopédique comme celle d'Aristote, il nous reste certains fragments d'un recueil des opinions de ses prédécesseurs, Opinions des physiciens, Des sens, ainsi que les Recherches sur les plantes, l'Explication des plantes, la Métaphysique et les Caractères. Ce dernier ouvrage, dont s'est inspiré La Bruyère, est célèbre, mais nous ne savons pas si les trente portraits qui illustrent des défauts caractéristiques appartiennent à une œuvre morale, à un traité de rhétorique ou s'ils constituent des exemples de caricatures comiques.

Theotokas (Georges)

Écrivain grec (Constantinople 1905 – Athènes 1966).

Dans Esprit libre (1929), « manifeste » de la génération de 1930, il exprime sa volonté de créer le roman grec de la modernité. Il applique ses principes dans Argo (1933-1936), fresque sociale et roman familial dans l'esprit de Galsworthy ou de Martin du Gard.

Theotokis (Constantin)

Romancier grec (Corfou 1872 – Athènes 1923).

L'un des principaux représentants du naturalisme grec, il peint de manière très critique la société contemporaine dans ses Nouvelles (1898-1912) et ses romans (l'Honneur et l'argent, 1914 ; Condamné, 1919 ; Vie et mort de Karavélas, 1920 ; les Esclaves dans leurs chaînes, 1922).

Thérèse (sainte) d'Ávila (Teresa de Cepeda y Ahumada)

Mystique espagnole (Ávila 1515 – Alba de Tormes 1582).

Entrée au Carmel en 1534, elle fonda en 1562 à Ávila le premier couvent de son ordre, où elle introduisit des réformes qui lui valurent de graves démêlés avec les autorités ecclésiastiques. Son premier ouvrage, le Livre de la vie, sorte d'autobiographie spirituelle, fut dénoncé à l'Inquisition, qui la relaxa. Ses Relations spirituelles forment la suite du précédent. Dans le Livre des fondations, elle parle des couvents qu'elle fonda, et son Chemin de perfection est un recueil de conseils destinés aux religieuses. Son ouvrage le plus important est le Livre des demeures ou le Château de l'âme où elle décrit les sept « demeures » correspondant aux sept degrés de la prière, qui mènent à l'union intime avec Dieu. L'amour qu'elle porte au Christ n'est pas sans rapports, au moins dans l'expression qu'elle lui donne, chargée d'émotion et de ferveur, avec l'amour courtois.

Thériault (Yves)

Écrivain québécois (Québec 1915 – Montréal 1983).

Après d'inquiétants Contes pour un homme seul (1944), ses premiers romans sont empreints d'un naturisme à la manière de Giono (la Fille laide 1950 ; le Dompteur d'ours, 1951). Il trouve sa voie et son originalité dans la peinture des minorités ethniques, Juifs de Montréal (Aaron, 1954), Inuits (Agaguk, 1958), Amérindiens (Ashini, 1960). Il multiplie les romans, récits et nouvelles où domine le culte d'une énergie poussée parfois jusqu'à une extrême violence (le Temps du Carcajou, 1965 ; Kesten, 1968).

Thérive (Roger Puthoste, dit André)

Écrivain français (Limoges 1891 – Paris 1967).

Critique littéraire, il publia des essais sur le style (Querelle de langage, 1929-1940), des travaux critiques (J. K. Huysmans, 1924 ; Galerie de ce temps, 1931) et des romans populistes (le Charbon ardent, 1929 ; les Voix du sang, 1955 ; l'Homme fidèle, 1963) – il fonda d'ailleurs, avec Léon Lemonnier, le prix Populiste (1930). On lui doit des pastiches (Supplément aux « Caractères » de La Bruyère, 1930), des souvenirs (l'Envers du décor, 1948) et une biographie (Clotilde de Vaux ou la Déesse morte, 1957).