En 966, Mieszko Ier se convertit au christianisme. Les tribus slaves qui l'ont choisi pour chef ignorent l'écriture, mais possèdent un patrimoine artistique développé, une littérature orale polonaise, empruntant souvent la forme du récitatif (consignée dans les documents religieux plus tardifs comme cantus paganici). Les moines bénédictins et cisterciens, venus souvent de France, introduisent le latin, apportent des livres religieux, mais aussi ceux des auteurs de l'Antiquité, créent des écoles autour des cathédrales où ils alphabétisent des cercles de plus en plus vastes de la population et forment le fleuron des érudits polonais (litterati). Une prière, l'Hymne à la mère de Dieu, est le plus ancien texte connu en vers de langue polonaise. Il est conservé dans un manuscrit de 1407, mais sa composition daterait de la fin du Xe s. À partir de 1350, il devient l'hymne dynastique des Jagellons avant de devenir le « carmen patrium » au XVe s. Au moment de son entrée dans l'Europe chrétienne, le premier prince des Polanes fait rédiger le Dagome iudex, une description du territoire qu'il confie à la protection de la papauté. Ce premier écrit en latin conçu en Pologne avant 992 est conservé au Vatican. Les Sermons de Sainte-Croix (XIVe s.) et les Sermons de Gniezno (XVe s.) sont les plus anciens textes polonais en prose. Les traductions de la Bible (le Psautier du monastère de Saint-Florian et la Bible de la reine Sophie, XIVe-XVe s.), la Légende de saint Alexis (XVe s.), un poème didactique témoignant des aspirations à la sainteté des hommes du Moyen Âge, la Conversation de Maître Policarpe avec la Mort, un dialogue du XVe s., constituent les ouvrages de référence sur la naissance d'une littérature de langue polonaise à la recherche de son expression par rapport au latin. Des satires comme Sur les paysans paresseux, Sur les prêtres ou De la manière de se tenir à table sont l'expression d'une littérature laïque qui, par ailleurs, développe amplement en langue vernaculaire les chants d'amour et les frivolités. Les plus belles œuvres latines précoces sont rédigées par des moines étrangers : les Annales de Jordan (fin du Xe s.), écrites sur le modèle des Annales de Fulda, sont attribuées au premier évêque venu en Pologne ; un moine bénédictin, originaire du couvent de Saint-Gilles en Provence, élève de Hildeberg de Lavardin, connu comme « Gall anonim » [le Gaulois anonyme], compose les Chroniques (XIIe s.). Les trois livres relatent l'histoire de son pays d'adoption : des débuts mythiques, en passant par l'ascendance de Mieszko, jusqu'à l'époque qui lui est contemporaine et s'arrêtent en 1113. Wincenty Kadłubek est le premier auteur polonais de langue latine dont l'œuvre soit parvenue jusqu'à nous. Après des études à Cracovie, il parfait sa formation à Paris. Il rédige sa Chronique polonaise de 1190 à 1205 (l'histoire de la Pologne de ses débuts à 1202) avec une immense érudition méthodologique et dans un style parfait (ornatus difficilis). Le premier à être considéré comme un historien est Jan Długosz (1415-1480), auteur des Annales seu Regni Poloniae (1455-1480), qui envisagent l'histoire polonaise jusqu'en 1480. Poésies de circonstances, épitaphes, pièces de théâtres, vies de saints, récits amusants et satiriques d'étudiants circulent pendant toute l'époque médiévale. Parmi les chants, le plus ancien est le Gaude Mater Polonia, écrit en latin par Vincent de Kielce pour la canonisation de saint Stanislas (XIII).