Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Delille (abbé Jacques)

Poète français (Aigueperse 1738 – Paris 1813).

Enfant naturel, il fait de brillantes études à Paris, devient professeur et se donne le titre d'abbé. Sa traduction des Géorgiques (1770) lui vaut l'admiration de Voltaire et de Frédéric II, la chaire de poésie latine au Collège de France (1773) et un fauteuil d'académicien (1774). Il se fait alors une spécialité de la poésie descriptive (les Jardins, 1782) et philosophique (l'Imagination, 1784, publiée en 1806). Son Dithyrambe sur l'immortalité de l'âme (1794) n'est pas l'hymne que Robespierre attend pour la fête de l'Être suprême : Delille émigre et donne à Londres l'Homme des champs (1798), apologie du bonheur rural, avant de rentrer régler ses comptes avec la Révolution (la Pitié, 1803). Sous l'Empire, il fait figure de patriarche et c'est contre lui, contre son idéal d'une nature maîtrisée et d'une écriture soumise aux conventions de la diction littéraire, que se définira le renouveau poétique des années 1820.

Delisle De La Drevetière (Louis François)

Auteur dramatique (Suze-la-Rousse, Drôme, 1682 – Paris 1756).

Deux de ses pièces, Arlequin sauvage (1721) et Timon le Misanthrope (1722), furent parmi les meilleures du répertoire du Théâtre-Italien. Elles présentent un aspect philosophique qui les situe bien dans l'esprit des Lumières : ainsi, dans Arlequin sauvage, l'introduction d'un ingénu et le détour par un regard « persan » permettent une critique de la société. La pièce est empreinte d'une émotion qui la rapproche du registre de Goldoni et de Marivaux.

Delisle de Sales (Jean-Baptiste Isoard, dit)

Écrivain français (Lyon 1741 – Paris 1816).

Oratorien, il abandonna son ordre pour se jeter dans la mêlée littéraire parisienne. Il se fit connaître par une audacieuse synthèse sur la Philosophie de la nature, très influencée par Diderot et éditée sous plusieurs formes successives (en 1770, 1774 et 1777), qui lui attira les foudres de la censure et la sympathie du parti philosophique. Il publia alors de nombreux ouvrages qui témoignent de son enthousiasme encyclopédique, dont une imposante Histoire des hommes (1780-1785).

Dell (Floyd)

Écrivain américain (Barry, Illinois, 1887 – Bethesda, Maryland, 1969).

Lié à Carl Sandburg et à Ben Hecht, figure de l'école littéraire de Chicago, puis de Greenwich Village, il édite la revue socialiste The Masses et se fait connaître par deux romans autobiographiques, Moon-Calf (1920) et Briary Busch (1921). Janet March (1923) et En fuite (1925) évoquent la bohème new-yorkaise. Son autobiographie (Retour au foyer, 1933) témoigne de la situation de l'intelligentsia au début du XXe siècle.

Della Casa (Giovanni)

Écrivain italien (Mugello 1503 – Rome 1556).

Il fut nonce apostolique à Venise et secrétaire d'État du pape Paul IV. On lui doit des discours politiques, des dialogues licencieux, des poèmes pétrarquistes (Rimes) et un traité pédagogique sur les bienséances (le Galatée, 1558) qui définit le comportement d'un jeune homme bien né dans chacune des circonstances de la vie de cour.

Della Porta (Giambattista)

Philosophe et écrivain italien (Naples 1535 – id. 1615).

À mi-chemin entre philosophie et science, sa production latine, dont le chef-d'œuvre est la Magie naturelle(1558, puis 1589), mêle le fantastique et l'irrationnel aux intuitions scientifiques les plus modernes. Il est également l'auteur de 29 comédies en italien – dont 14 seulement nous sont parvenues – où le style et la sensibilité annoncent lebaroque.

Della Valle (Federico)

Écrivain italien (Asti v. 1565 – Milan 1628).

Ses tragédies bibliques (Judith, Esther, publiées en 1627) et surtout la Reine d'Écosse (1628), inspirée par le personnage de Marie Stuart, sont considérées, depuis B. Croce, comme les chefs-d'œuvre du théâtre de la Contre-Réforme.

Delly

Pseudonyme de Marie Petitjean de La Rosière (Avignon 1875 – Versailles 1947) et de son frère Frédéric (Vannes 1876 – Versailles 1949).

Ils signèrent ainsi une centaine de romans populaires moralisants (Esclave ou Reine, 1909 ; Magali, 1910), parfois proches de l'univers de Perrault (Ma robe couleur du temps, 1933 ; Un marquis de Carabas, 1935), ou teintés d'exotisme (le Roi des Andes, 1910 ; Des plaintes dans la nuit, 1937). Le succès de ces romans « à l'eau de rose » n'a pas cessé depuis 1907.

Deloney (Thomas)

Écrivain anglais (Londres v. 1543 – Norwich v. 1600).

Tisseur de soie, il a écrit des complaintes (Ballade sur la disette du blé, 1596), raillées par Nashe, et des romans consacrés aux drapiers (Jacques de Newbury, 1597) et aux cordonniers (le Noble Métier, 1597-1598), qui évoquent le langage et la vie des ouvriers anglais du XVIe siècle et forment un des premiers exemples de littérature populaire. Son Thomas de Reading (vers 1599) inspira Thomas Dekker.

Delorme (Demesvar)

Homme politique et écrivain haïtien (Cap-Haïtien 1831 – Paris 1901).

Sa carrière mouvementée a été marquée par une alternance entre de hautes fonctions (député, ministre) et des périodes d'exil. Il est l'auteur d'essais historiques et sociologiques (les Théoriciens au pouvoir, 1870) et de deux romans, Francesca (1873) et le Damné (1877), qui narrent des aventures mouvementées dans une Renaissance de fantaisie : les Haïtiens ont d'ailleurs reproché à Delorme de mettre en scène la culture occidentale plus que la sienne propre.

Delorme (Philibert)

Architecte et écrivain français (Lyon v. 1510 – Paris 1570).

Il apprit le latin, le grec, la théologie, et l'anatomie à l'hôtel-Dieu de Lyon, avec Rabelais. Parti étudier les antiquités à Rome dans la suite du cardinal Jean du Bellay, il devient architecte militaire (il s'occupera de la défense de Brest) puis surintendant des bâtiments du roi Henri II (1548-1559), avant d'être chargé par Catherine de Médicis de la construction des Tuileries. On lui doit les premiers traités d'architecture français : les Nouvelles Inventions pour bien bastir (1561) et l'Architecture (1567).

Delpastre (Marcelle)

Écrivain français d'expression française et occitane (Chambaret 1925 – id. 1998).

Ayant poursuivi des études jusqu'au baccalauréat, elle dirigea ensuite l'exploitation familiale de Germont, faisant de l'écriture une sorte de défoulement à son labeur quotidien de cultivatrice. Elle collabora assidûment aux revues Lemouzi et Lo Leberaubre, qui publièrent beaucoup de ses œuvres. Elle accomplit un remarquable travail d'ethnographe en recueillant et en restituant de nombreux contes : Contes populaires du Limousin (1970), Nouveaux Contes populaires et proverbes du Limousin (1974), Sorcellerie et magie en Limousin (1982), Los contes dau Pueg Garjan (1988), etc. Poète à ses heures avec la Vigne dans le jardin (1967) ou Psaumes païens (1974), elle rédigea en français et en oc, sa vie durant, une sorte de livre de raison où voisinent réflexions philosophiques, souvenirs d'enfance, élans poétiques, considérations diverses et peintures de mœurs qui bénéficièrent d'une audience nationale : le Passage (1989), le Livre de l'herbe et des arbres, Paroles pour cette terre, les Chemins creux (1993), le Jeu de patience (1998). Son Œuvre poétique complète a été publiée après sa mort.