Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
K

Kagame (Alexis)

Philosophe et poète rwandais (Kiyanza 1912 – Nairobi 1981).

Prêtre en 1941 et professeur d'ethno-histoire, il a joué un rôle considérable dans la sauvegarde des traditions orales en kinyarwanda (la Philosophie bantoue-rwandaise de l'être, 1956 ; Introduction aux grands genres lyriques de l'ancien Rwanda, 1969). Son œuvre poétique, écrite dans sa langue maternelle, s'inspire de la littérature orale.

Kahana-Carmon (Amalia)

Écrivain israélienne (Ein-Harod 1930).

Élevée dans son kibboutz natal puis à Tel-Aviv, elle participe aux combats pendant la guerre d'Indépendance. Dans ses nouvelles (Dans le même panier, 1966) et ses romans (Et la lune dans la vallée d'Ayalon, 1971 ; Champs magnétiques, 1977 ; Haut sur le Montifer, 1985 ; Je l'ai accompagné chez elle, 1991 ; Nous habiterons ici, 1996), elle met l'accent sur une certaine vision de la condition humaine. Disciple de Martin Buber, la « rencontre » devient le sujet principal de ses œuvres qui mettent en scène une expérience mystique et une sanctification du quotidien, exprimées dans une langue riche de réminiscences bibliques sur un rythme poétique. En 2000, elle a obtenu le prix d'Israël pour son œuvre littéraire.

Kahn (Gustave)

Écrivain français (Metz 1859 – Paris 1936).

Poète et théoricien du symbolisme, il joua un rôle important dans la constitution et la diffusion du mouvement, dont il fut aussi l'historien précoce (Symbolistes et décadents, 1902 ; les Origines du symbolisme, 1936). L'un des premiers disciples de Mallarmé (1879), ami de Jules Laforgue dont il publia les premiers textes, il fut l'un des pionniers des « petites revues », contribuant notamment, avec Paul Adam et Jean Moréas, à la fondation de la Vogue et du Symboliste (1886), et collaborant à la Revue indépendante. Dans ses recueils (Palais nomades, 1887 ; Chansons d'amants, 1891 ; Domaine de fées, 1895), il confie ses visions étranges et raffinées au vers-libre, dont il se veut l'inventeur et le théoricien (« préface sur le vers-libre » in Premiers Poèmes, 1897). Son activité littéraire et critique (il se révéla un critique d'art pénétrant, sur le néo-impressionnisme notamment) fut intense dans les revues, y compris en Belgique, où il vécut de 1890 à 1995. Fidèle tout au long de sa carrière au symbolisme, mais soucieux d'en élargir les perspectives, il s'éloigna du poème à la fin du siècle, pour s'essayer au récit poétique dans ses romans (le Roi fou, 1896 ; le Cirque solaire, 1898) et dans ses contes (les Contes de l'or et du silence, 1898 ; Contes hollandais, 1903 ; Contes juifs, 1926).

Kaiko Takeshi

Romancier japonais (Osaka 1930 – Tokyo 1989).

Ayant perdu son père à 13 ans, il pratique divers métiers après la guerre, et finit par entrer dans la publicité. En 1957, sa première nouvelle, la Panique, le projeta d'emblée sur la scène littéraire. Il publia la même année le Géant et le Jouet et le Roi nu, qui remporta le prix Akutagawa. Vinrent ensuite l'Opéra des gueux (1959), la Muraille de Chine (1959) et les Descendants de Robinson (1960). Grand voyageur à travers le monde, notamment en Chine (1960), et envoyé spécial au Viêt-nam à partir de 1964, il fit une série de reportages, dont Journal de guerre du Viêt-nam (1965), et continue ses réflexions sur ces expériences vécues dans les Ténèbres étincelantes (1968), les Ténèbres de l'été (1971), et la Mur ou la mort (1978). Sa dernière œuvre autobiographique fait revivre son Osaka natal : Histoire de l'oreille (1983-1985) ; sous les titres le Cocon déchiré et la Nuit et le miroitement, 1986).

Kaiser (Georg)

Écrivain allemand (Magdebourg 1878 – Ascona, Suisse, 1945).

Après un premier grand succès avec les Bourgeois de Calais (1917), il devient le représentant le plus joué du théâtre expressionniste. Ses pièces à la construction presque mathématique opposent la vision d'un « homme nouveau » à une description critique du monde moderne, dominé par la technique et le profit (la Veuve juive, 1911 ; Du matin à minuit, 1916 ; Gaz, 1918-1920 ; la Fuite à Venise, 1923). Persécuté par les nazis, il s'exile à Amsterdam puis en Suisse, où il se tourne vers les sujets bibliques et le drame grec (Amphitryon, Pygmalion, Bellérophon, 1948).

Kajii Motojiro

Écrivain japonais (Osaka 1901 – Izu 1932).

Il était encore en propédeutique à Kyoto, lorsqu'il fut atteint de la tuberculose qui l'emportera à 31 ans. Admirateur de Shiga Naoya et de Tanizaki Junnichiro, ainsi que d'auteurs européens comme Tolstoï, Dostoïevski et Nietzsche, il fonda, dès son entrée à l'Université de Tokyo, la revue Aozora (le Ciel bleu) avec ses camarades de Kyoto. Aussitôt, il y publia deux nouvelles importantes : le Citron et Dans une ville où se trouve un château, mais sans retentissement. Il laissa une vingtaine de nouvelles, nées de la lucidité claire et raffinée d'un visionnaire, dont Un paysage intérieur (1926) et Sous le cerisier (1928). Cependant, ce n'est qu'après sa mort qu'il fut reconnu, notamment par Kobayashi Hideo qui salua son talent exceptionnel.

Kakhkhar (Abdulle)

Écrivain ouzbek (Kokand-Tachkent 1907 – id. 1968).

Auteur de nombreuses nouvelles où revivent la société prérévolutionnaire, la transfiguration du Turkestan et l'émancipation féminine (Le monde rajeunit, 1933 ; Années, 1947 ; le Petit Oiseau, 1958 ; Contes du passé, 1967), il consacra aussi des romans à la satire du nationalisme (le Mirage, 1937) et aux luttes de la collectivisation (les Feux de Kochtchinar, 1951-52), stigmatisant avec humour dans ses comédies la persistance d'attitudes périmées (Sur la terre nouvelle, 1949 ; le Mal de dents, 1954).

Kakinomoto No Hitomaro

Poète japonais (vers 660 – v. 710).

Fonctionnaire subalterne à la cour, il excella notamment dans les compositions à la gloire de la lignée impériale. Son rôle fut déterminant au cours de cette période de transition qui marque, d'une part, le passage de la poésie populaire à la poésie de cour et, d'autre part, l'assimilation progressive de certains procédés formels chinois. Considéré comme le plus grand des poètes du Man yo-shu, il traça de nouvelles voies à la poésie japonaise et fut révéré à l'égal d'un saint par la postérité.