Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Parny (Évariste-Désiré de Forges, chevalier puis vicomte de)

Écrivain français (La Réunion 1753 – Paris 1814).

Né à l'île Bourbon, il se détourna de la religion et embrassa la carrière des armes. Il célébra la jouissance de l'amour dans ses Poésies érotiques (1778-1781). L'expérience des tropiques nourrit les Chansons madécasses (1787). La Révolution ruina Parny sans le rejeter dans le camp de ses adversaires. Il occupa ses loisirs d'employé par de vastes poèmes. Un libertinage voltairien inspire son épopée ironique de la Guerre des dieux anciens et modernes (1799), comme les Galanteries de la Bible (1805) ou le Voyage de Céline (1806). Ces œuvres firent scandale mais leur auteur fut reçu à l'Institut en 1803.

parodie

Imitation à vocation comique, touchant à la fois à la caricature, au pastiche et au burlesque, qui ridiculise un texte littéraire sérieux et célèbre, ou tout système codifié (parodies de cérémonies, de textes de loi, de textes religieux...). La parodie peut avoir seulement une fonction ludique et de défoulement, mais, en présentant les valeurs et les normes des genres nobles comme fallacieuses, elle s'expose à énoncer le tragique résultant de leur liquidation – d'où il vient que son comique est souvent amer.

Parsipour (Chahrnouche)

Romancière iranienne (Téhéran 1946).

Établie en France, elle s'est fait connaître par deux romans : le Chien et le long hiver (1976) décrit l'atmosphère d'oppression politique de la fin du règne des Pahlavis et le carcan des traditions de la classe moyenne ; Touba et la signification de la nuit (1987) montre comment divers facteurs politiques, sociaux et religieux influent sur le destin individuel d'une jeune fille ballottée entre tradition et modernité. Elle a également écrit des nouvelles imprégnées de féminisme.

Partenopeus de Blois

Ce roman d'aventures, anonyme, de près de 11 000 octosyllabes, composé sans doute avant 1188, reprend au début le motif de Psyché. Séduit par la fée Mélior, future impératrice de Byzance, le héros, neveu du roi de France Clovis, transgresse l'interdit et se voit rejeté par la fée. Après de très nombreuses aventures que développent encore les deux « continuations », Partonopeus parvient à retrouver Mélior et à l'épouser en remportant le tournoi dont elle est le prix. Au terme de son parcours initiatique, Partonopeus parvient ainsi à concilier l'amour de la fée et le mariage avec la reine et à devenir le maître de Byzance. Situé dans le temps de l'Histoire, le règne de Clovis, le roman s'ouvre aussi à la diversité des espaces, du comté de Blois et de la très sauvage forêt d'Ardenne à Byzance, les personnages secondaires, chrétiens et sarrasins réunis, affluant de tout l'univers connu. S'essayant à toutes les variétés de discours, et notamment le discours amoureux, et de motifs romanesques, le récit progresse au rythme que lui impose un narrateur amoureux et soumis au bon vouloir de sa dame. Contemporain de l'œuvre de Chrétien de Troyes, Partonopeus a connu de très nombreuses traductions et adaptations et a aussi exercé son influence sur des œuvres comme Florimont ou le Bel Inconnu.

Parthe

Langue de la famille iranienne, parlée par un peuple issu du nord-est de l'Iran, les Pahlavân, le parthe est attesté sous les Arsacides (250 av. J.-C. – 224 apr. J.-C.) par des parchemins, des monnaies et des inscriptions, écrits dans un alphabet dérivé de l'écriture araméenne. D'autre part, des écrits manichéens, datant des IIIe-VIIe s. environ et conservés dans des manuscrits en écriture manichéenne des VIIIe-IXe s. ont été découverts à Tourfan, dans le Turkestan chinois. Le parthe a été finalement supplanté par le moyen perse.

Pascal (Blaise)

Mathématicien, physicien, philosophe et écrivain français (Clermont-Ferrand 1623 – Paris 1662).

Fils d'un président à la cour des aides de Clermont, Blaise Pascal fait partie de l'élite sociale et intellectuelle de la province. Il perd sa mère en 1626. En 1631, son père, féru de mathématiques, quitte Clermont pour Paris, et vend sa charge. En même temps, il décide de s'occuper personnellement de l'éducation de ses enfants – outre Blaise, ses deux filles Gilberte et Jacqueline. La décision était, en soi, originale : pas de collège ni de précepteur. Point de latin ni de grec avant l'âge de 12 ans, et de même pour les mathématiques. Il développa d'abord les facultés d'observation et de réflexion, par de multiples « leçons de choses » abordant les sujets scientifiques. Blaise est ainsi formé à ce qu'il appellera plus tard « l'esprit géométrique », qui remonte aux principes et réduit en règles son objet. Une légende veut qu'il ait retrouvé seul, à 12 ans, la « mathématique », avec des mots d'enfant et un charbon sur les dalles. L'affaire lui ouvre en tous cas les séances de l'académie à 16 ans. Son père et ses amis Mersenne, Roberval, Fermat, l'encouragent. Ils représentent un courant scientifique préconisant le développement de l'expérimentation et de la recherche pratique.

   En 1638, une réduction des rentes sur l'Hôtel de Ville ruine Étienne Pascal. Il sait alors utiliser les relations qu'il s'était faites dans la haute société : une amie fait participer la jeune Jacqueline à une comédie enfantine jouée devant Richelieu. Le ministre apprécie le talent de l'enfant, et le père est chargé d'une mission en Normandie. Cette province s'était insurgée, il fallait y rétablir l'ordre et la collecte des impôts. Étienne Pascal fut un des responsables de cette seconde tâche, avec la charge de commissaire des Tailles (1639). Pour faciliter à son père les calculs de répartition de l'impôt, Blaise mit au point une machine à calculer (1642). Le père obtint une promotion au rang de conseiller d'État.

Sciences et christianisme

Au lendemain de sa vingtième année, Blaise Pascal se trouvait donc au sein d'une famille en situation sociale avantageuse, et commençait à jouir d'une réputation de savant. La vocation de Blaise prend deux directions, celle du calcul automatique et celle de la physique avec les expériences sur le vide fin 1642. Mais il est aussi devenu chrétien. La famille Pascal se convertit à la spiritualité de Saint-Cyran, ami de Jansénius et directeur spirituel de Port-Royal. Blaise Pascal défend sa spiritualité exigeante contre le système théologique hyperrationaliste de Saint-Ange.

   Durant ces années, sa notoriété grandit très vite. Il publie en octobre 1647 ses Expériences nouvelles concernant le vide, imagine l'expérience du Puy-de-Dôme que réalise son beau-frère Florin Périer, et qu'il raconte dans le Récit de l'expérience de l'équilibre des liqueurs, en octobre 1648. Certes, Pascal avait en ce domaine un précurseur, Torricelli, mais il prenait néanmoins place à l'avant-garde de la science. En effet, les traditionalistes défendaient le principe de l'horreur du vide qu'il dénonce comme une chimère. Pascal ne pouvait donc manquer de se trouver en butte à des attaques de la part des conformistes scientifiques et des religieux. Ses premières polémiques avec les jésuites eurent lieu à ce sujet.

   En 1647, Blaise tombe malade. Les médecins lui conseillent du repos et de la distraction. Il quitte Rouen pour Paris. Il prend dès lors l'habitude, accompagné de sa sœur Jacqueline, d'aller écouter les sermons de Singlin au monastère de Port-Royal, foyer du jansénisme. Jacqueline désire s'y faire religieuse. Malgré les réticences de son père et de son frère, elle accomplit son projet : Étienne Pascal meurt en 1651, elle prend le voile en 1652.

   Resté seul, Pascal fréquente les milieux mondains où il cherche la gloire par l'exploitation de ses recherches savantes. Il renoue avec le duc de Roannez, avec deux « libertins » Mitton et le chevalier de Méré, qui sera le théoricien du modèle mondain de l'« honnête homme ». À leur contact, Pascal puise de nouvelles orientations pour ses recherches mathématiques : ses amis aiment le jeu, il travaille sur « la règle des partis », le calcul des probabilités. Mais il trouve aussi des sujets d'interrogation sur la foi religieuse. Au contact de ces incroyants (qui oscillent entre l'indifférence, l'athéisme et le déisme), il rencontre ce personnage du « libertin », le destinataire privilégié des futures Pensées. Il découvre aussi Montaigne et son pyrrhonisme. Entre vie mondaine, recherches scientifiques et sensibilité religieuse, Blaise Pascal entre dans une période douloureuse de doute.

   À la suite de la nuit du 23 au 24 novembre 1654, le Dieu caché se fait « sensible au cœur », comme il l'écrira plus tard dans ses Pensées. Pascal se convertit une deuxième fois et se fait en même temps convertisseur. Il note sa conversion sur un parchemin qu'il conservera toujours sur lui, son Mémorial. Dès ce moment, en retraite à Port-Royal, il compose ce qui sera reconstitué comme l'Entretien de Pascal avec M. de Sacy. Ce qui naît alors, c'est le dessein futur des Pensées, cet usage stratégique, en vue de son apologétique, de la philosophie sceptique.

   Mais, quoique menant une existence discrète, il continue à fréquenter ses amis mondains. Dans les années 1655-1656, il rédige l'opuscule De l'esprit géométrique, où il pose les principes rhétoriques de son art de persuader, et des Écrits sur la grâce, où il présente son augustinisme.