Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Lemaire (Jean-Pierre)

Poète français (Sallanches 1948).

Sa poésie, d'un lyrisme simple et délicat, s'inscrit dans une visée chrétienne autant que dans une thématique quotidienne et urbaine marquée par l'influence de Vladimir Holan. Faisant suite à Dans les marges du jour (1981), Visitation (1985) est l'occasion de dialogues avec la Sagesse, finement lumineuse, en même temps que le lieu d'une conversion intime bouleversée sur laquelle reviendra le Chemin du cap (1993). Poursuivant une recherche ouverte au doute, l'Annonciade (1997) est aussi le livre du père.

Lemaire de Belges (Jean)

Poète et chroniqueur hennuyer de langue française (Belges, auj. Bavay, 1473 – apr. 1515).

Neveu de Jean Molinet, c'est à la mort du duc Pierre de Bourbon, son protecteur, qu'il compose, en 1503, le Temple d'Honneur et de Vertu, poème allégorique où sont figurées, sous la forme de six statues, les vertus cardinales du duc. En 1503, il dédie à la mémoire de Louis de Luxembourg une déploration allégorisante, la Plainte du désiré. En 1505, pour commémorer la mort de l'époux de la duchesse de Savoie, il compose la Couronne margaritique, poème mettant en scène dix nymphes désignant les dix qualités éminentes de la princesse. La même année, il succède à son oncle Jean Molinet comme historiographe de Philippe le Beau et dédie à sa souveraine les Épîtres de l'amant vert, poème galant ayant pour prétexte la mort du perroquet de la duchesse, que le poète transforme en amant succombant au chagrin. En 1507, la mort de Philippe le Beau fournit l'occasion d'une nouvelle complainte : les Regrets de sa Dame infortunée sur le trépas de son cher frère unique. Puis des troubles survenus dans la ville de Namur inspirent à Jean Lemaire un poème à sujet politique, les Chansons de Namur ; le sujet de la Légende des Vénitiens (1509) est également politique. La même année paraît le premier livre des Illustrations de Gaule et singularités de Troie, récit légendaire des pseudo-origines communes des Troyens et des Celtes, de la fondation d'un royaume celte par Francus, fils d'Hector, et des faits et gestes de ses descendants, dont Ronsard devait s'inspirer largement dans la Franciade. En 1511, nouveau pamphlet politique : le Traité de la différence des schismes, dirigé contre le pape Jules II. Devenu historiographe de la reine Anne de Bretagne, Jean Lemaire décrit en 1513, dans la Concorde des deux langages, le temple de Vénus en vers italiens, puis en prose et en vers français le temple de Minerve, espérant voir ainsi s'opérer la « concorde » des deux langues. La dernière œuvre du poète, publiée en 1525, après sa mort, les Contes d'Atropos et de Cupidon, marque un retour au genre idyllique.

   « Rhétoriqueur » tant par les genres qu'il pratique que par ses procédés d'écriture, Jean Lemaire est aussi un préhumaniste. Les Illustrations, notamment, s'inspirent des Italiens et des Anciens, et puisent largement aux sources de la mythologie antique.

Lemaistre de Sacy (Isaac)

Écrivain français (Paris 1613 – Pomponne 1684).

Prêtre en1649, directeur spirituel des religieuses de Port-Royal, il fut au cœur de la tourmente du jansénisme et son emprisonnement entre 1666 et 1668 déclencha la première grande vague de polémiques autour de cette question politico-religieuse. Il collabora, avec son frère Antoine, à la traduction de la Bible dans l'« édition de Mons » (1667) qui suscita de violentes controverses. Il a laissé également des traductions de l'Énéide, des fables de Phèdre et des comédies de Térence (1647).

Lemaitre (Jules)

Écrivain français (Vennecy, Loiret, 1853 – Tavers, Loiret, 1914).

Il se rendit célèbre par ses critiques littéraires et dramatiques, réunies dans les Contemporains (1885-1889) et les Impressions de théâtre (1888-1898). Il parle des auteurs qu'il aime en conférencier mondain, boulevardier de la critique, puis édite ses causeries (Racine, 1908 ; Chateaubriand, 1912). Nouvelliste et conteur (Dix Contes, 1889 ; la Vieillesse d'Hélène, 1914), il relate son itinéraire culturel (En marge des vieux livres, 1905-1907) et donne au théâtre plusieurs drames (Révoltée, 1889 ; le Député Leveau, 1891 ; Flipote, 1893 ; le Pardon, 1895 ; la Massière, 1904). À partir de 1891, il se jette à fond dans l'antiparlementarisme puis dans l'antidreyfusisme. En 1899, il devient président de la ligue de la Patrie française et publie de nombreux articles politiques dans l'Écho de Paris. Après l'échec du mouvement, il se tourna vers Maurras et se fit royaliste.

Lemelin (Roger)

Écrivain québécois (Québec 1919 – 1992).

Sa peinture des mœurs des quartiers pauvres du Québec (Au pied de la pente douce, 1944 ; les Plouffe, 1948) lui valut une célébrité accrue par l'adaptation de ses romans à la télévision, puis au théâtre. Il exerça ensuite sa verve satirique sur les bien-pensants, les faux artistes (Fantaisies sur les péchés capitaux, 1949), les politiciens (Pierre le Magnifique, 1952). Directeur du quotidien montréalais la Presse, élu à l'Académie Goncourt à titre de membre étranger (1974), il a donné diverses chroniques et contes traditionnels, voire traditionalistes. Le Crime d'Ovide Plouffe (1982) est un appendice un peu artificiel aux deux premiers romans.

Lemercier (Népomucène)

Écrivain français (Paris 1771 – id. 1840).

Auteur précoce, il annonce le théâtre romantique, dont il se fera pourtant le pourfendeur inlassable (Agamemnon, 1794 ; Christophe Colomb, 1809 ; Charlemagne, 1814). On lui doit la première « comédie historique » française (Pinto, 1799) et un Cours analytique de littérature générale (1817). Républicain convaincu, il n'accepta aucune compromission ni avec l'Empire ni avec la monarchie restaurée, et publia un poème satirique au titre évocateur, la Panhypocrisiade (1819-1832).

Lemierre (Antoine)

Écrivain français (Paris 1723 – Saint-Germain-en-Laye 1793).

Secrétaire du fermier général Dupin, il s'illustre dans la poésie descriptive (la Peinture, 1769 ; les Fastes, 1779) et au théâtre : plaidoyers déclamatoires contre le despotisme et les prêtres ; ses tragédies (Hypermnestre, 1759 ; Idoménée, 1764 ; Guillaume Tell, 1766 ; la Veuve du Malabar, 1770 ; Barneveldt, 1790) tentent de renouveler le genre par le pittoresque et la couleur locale.