Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
H

Hansen (Martin Alfred)

Écrivain danois (Strøby 1909 – Copenhague 1955).

Ses premiers récits s'inspirent de son expérience du monde agricole. Le Voyage de Jonathan (1941) et Heureux Christophe (1945) opposent, dans une tonalité picaresque, le bon sens paysan à l'inquiétude du citadin. Hansen demande à l'homme contemporain de dépasser le nihilisme en s'appuyant sur la foi chrétienne : le Menteur (1950). Très impliqué dans la revue Heretica, il a exercé une grande influence après-guerre.

Hansen (Thorkild)

Écrivain danois (Copenhague 1927 – au large d'Antigua 1989).

Critique littéraire (il commenta Jacob Paludan et Knut Hamsun), grand voyageur, il publie des récits d'un genre original, à mi-chemin entre le roman, l'histoire et le compte-rendu archéologique (la Mort en Arabie, 1962 ; Jens Munk, 1965 ; la Côte des esclaves, 1967-1970 ; Cap sur le couchant, 1982 ; les Bateaux négriers, 1996). Ces immenses fresques mêlent péripéties scientifiques et dramatiques, espérance et mort.

Haoran (Liang Jiankuang, dit)

Écrivain chinois (né en 1932).

Autodidacte, membre du P.C.C. à 16 ans, promu romancier-paysan à la faveur des grandes campagnes lancées par le pouvoir, il connaît, pendant la Révolution culturelle, de fabuleux tirages pour de gros romans exaltant l'avenir radieux promis aux travailleurs de la terre (Jours ensoleillés, la Grande Voie radieuse).

haoussa

La langue haoussa, langue du nord du Nigeria, est parlée par plus de cinquante millions de locuteurs. Paysans, les Haoussa, qui vivent entre le Sahara et le Niger, sont fondateurs de villes : Kano, la grande métropole haoussa, commerçait avec l'Europe au XVIe siècle. Islamisés au XIXe siècle, sous l'impulsion d'Ousmane Dan Fodio, ils ont assimilé les conquérants peuls, et leurs émirats contrôlent la Fédération nigériane depuis la guerrre civile (1967). Dan Fodio et sa fille Nana Asmau ont laissé des œuvres théologiques et didactiques en haoussa, écrit en graphie arabe, dite ajami. Toute une tradition de poésie gnomique, satirique, didactique s'est poursuivie dans les villes du nord du pays. Les colonisateurs anglais ont voulu écrire en graphie latine, dite boko, la langue haoussa pour en faire un instrument d'alphabétisation. Des concours littéraires ont promu ce projet. L'un des premiers textes primés (1934) est encore aujourd'hui le plus célèbre : c'est l'histoire d'un ancien esclave revenu au pays et devenu un maître écouté, Shaihu Umar. Son auteur, A. Tafewa Balewa, à l'époque instituteur, deviendra Premier ministre du Nigeria en 1966. Un mouvement de transcription des contes et des récits oraux, de rédaction de textes de fiction s'en est suivi (Magana Jari Ce, 1936). La maîtrise des formes de la métrique arabe et la verve de la poésie orale haoussa ont produit plusieurs œuvres de qualité, comme celles d'Akilu Haliyu ou de Mudi Sipikin. Une pensée politique de réforme sociale s'est exprimée ainsi chez des auteurs comme Saadu Zungur ou Aminu Kano, et elle travaille en profondeur la société et la littérature haoussa contemporaines. Coexistent ainsi une création souvent manuscrite ou photocopiée en graphie arabe, une poésie et des récits imprimés qui essaient de raconter la vie des grandes villes du nord du Nigeria, ancienne zone de contact entre musulmans et chrétiens dans laquelle la littérature exprime des enjeux moraux et politiques essentiels (Turmin Danya de S. I. Katsina, 1982). Une littérature populaire, en caractère latin, vendue dans les rues, polycopiée souvent, a émergé dans la métropole haoussa (Larkin in Newell, 2001).

Hapdé (Jean-Baptiste)

Écrivain français (Paris 1774 – id. 1839).

Il mena une double carrière d'administrateur (il fut directeur des hôpitaux de la Grande Armée) et d'auteur de féeries et de mélodrames (le Pont du diable, 1806 ; le Colosse de Rhodes, 1809 ; les Visions de Macbeth, 1817). Il se rallia aux Bourbons (Deux Heures avec Henri IV ou le Délassement du bon Français, 1815) et se réfugia en Angleterre pendant les Cent-Jours. Ses dernières pièces témoignent de l'empreinte du romantisme (le Passage de la mer Rouge, 1817 ; le Déluge, 1830).

Haqqi (Yahya)

Romancier égyptien (Le Caire 1905 – 1992).

Secrétaire de préfecture à Manfalout (1925-1927), il apprend à connaître le monde rural. Diplomate, haut fonctionnaire au ministère de l'Éducation et à la Bibliothèque nationale du Caire, il fut rédacteur en chef de la revue al-Majalla (1962-1970). On lui doit des romans et des nouvelles qui décrivent d'abord les contrastes entre l'Orient et l'Occident (la Lampe d'Umm Hachim, 1944) et les mœurs des milieux populaires égyptiens avec réalisme, mais aussi un attrait pour le fantastique et l'allégorie (Sang et Boue, 1955 ; Umm al-'awâjiz, 1955 ; Bon Réveil, 1956 ; Antar et Juliette, nouvelles et tableaux, 1960). Le Lit vacant (1986) regroupe certaines de ses premières nouvelles. Il est aussi l'auteur d'une autobiographie (Khallîhâ 'alâ Allâh, 1959) et de très nombreux essais critiques.

Hardellet (André)

Écrivain français (Vincennes 1911 – Paris 1974).

Poète (la Cité Montgol, 1952 ; Sommeils, 1960), il est aussi l'auteur de nouvelles et de romans fantastiques qui dessinent une symbolique initiatique (le Seuil du jardin, 1958 ; le Parc des archers, 1961 ; la Promenade imaginaire, 1974), et présentent des héros capables d'appartenir simultanément à l'au-delà des apparences et à l'univers réel (Lourdes, lentes, 1969).

Hardy (Alexandre)

Auteur dramatique français (Paris v. 1570 – v. 1632).

Premier dramaturge professionnel des temps modernes, il fut le « poète à gages » de plusieurs troupes. D'une prodigieuse fécondité – il écrivit plus de 600 pièces –, il ne publia (entre 1624 et 1628) que 34 tragédies, tragi-comédies et pastorales. Sujets antiques, division en cinq actes, présence fréquente du chœur, goût des fleurs de rhétorique, la tragédie de Hardy reste proche de la tradition de la Renaissance, mais on tue (Aristoclée), voire on viole (Scédase), sur la scène. L'action se resserre parfois en quelques heures (Mariamne), mais se distend le plus souvent pour se déployer, dans les tragi-comédies, dans le temps (Théagène et Chariclée compte 8 « journées » de 5 actes chacune) et dans l'espace (Elmire). Si parfois s'esquisse un conflit intérieur (Didon), c'est dans le heurt de deux volontés que réside le plus souvent le ressort dramatique : passions sommaires, saisies dans leurs conséquences plus que dans leur évolution psychologique (Timoclée ou la Juste Vengeance, Penthée). Ce théâtre, passant de l'horreur tragique à la galanterie romanesque, revendique son absolue liberté et condamne (dans la préface au Ravissement de Proserpine) la « tyrannique réformation » de la langue et de la scène : il fut en effet la cible des critiques des partisans du théâtre « régulier », hostiles à son compromis entre la tragédie oratoire humaniste et la tragédie irrégulière des baroques.