Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
K

Karapentz (Hakob Karapetian, dit)

Écrivain arménien (Téhéran, 1925 – Watertown 1994).

Sa prose reflète le monde clivé et déchiré des Arméniens nés à l'étranger (la Fille de Carthagène, le Livre d'Adam). Ses essais littéraires consacrés aussi bien à Joyce et à Saroyan qu'à des écrivains arméniens (Deux Mondes, 1992) manifestent le double ancrage de son inspiration.

Karaslavov (Georgi)

Écrivain bulgare (Debabrever 1904 – Sofia 1980).

Issu d'une famille paysanne, il enseigna en 1924 dans son village natal. Expulsé de la faculté d'agronomie, il partit pour Prague, où il travailla comme ouvrier du bâtiment. De retour en Bulgarie (1931), il entra dans la vie littéraire avec des tableaux de mœurs paysannes (le Datura, 1938 ; la Bru, 1942). En 1944, il devient directeur du Théâtre national de Sofia, rédacteur en chef de la revue Septemvri, président de l'Union des écrivains, membre du Comité central du parti communiste. Il ne se limite pas cependant à la peinture des conflits sociaux mais explore avec une grande finesse psychologique les petits drames de l'univers quotidien (Tango, 1949 ; Des gens ordinaires, 1952-1966).

Karasu (Bilge)

Écrivain turc (Istanbul 1930 – id. 1995).

Nouvelliste et romancier expérimental, il a reçu une formation philosophique (il enseignait la logique à l'université d'Ankara), et s'attache, dans ses récits à des questions à teneur métaphysique (Au soir d'une longue journée, 1970 ; le Jardin des chats disparus, 1980 ; la Nuit, 1985 ; le Guide, 1991).

Karavelov (Ljuben)

Écrivain bulgare (Koprivstica v. 1835 – Ruse 1879).

« Comme l'air est indispensable aux animaux de la terre, et l'eau, aux poissons, ainsi à l'homme est nécessaire, avant tout, la liberté », proclama Karavelov dans son journal la Liberté (1869). Toute son énergie, son talent d'écrivain, de publiciste, d'organisateur seront orientés vers la libération de la Bulgarie du joug turc, sa transformation d'une province ottomane en pays européen souverain et indépendant. Ses multiples voyages, ses séjours en Russie (1858-1867), en Serbie, en Roumanie le confortent dans l'idée de la nécessité d'une Fédération balkanique rassemblant la Bulgarie, la Serbie, la Roumanie et la Grèce. À Bucarest, Karavelov devient le président du Comité central révolutionnaire bulgare et pendant cinq ans sera, avec H. Botev, le cerveau et le cœur de l'émigration bulgare. Les nombreux récits, nouvelles, articles, feuilletons, poèmes de Karavelov, publiés dans la presse russe, serbe, roumaine, familiarisent le public avec la situation dramatique du peuple bulgare : la plupart ont aujourd'hui une valeur de témoignage, mais certains comme les Bulgares du temps jadis (1867) ou Enfant gâté (1875), n'ont rien perdu de leur saveur, grâce au tendre humour de Karavelov et à son art de recréer le climat de la petite ville bulgare du siècle dernier.

Kareva (Doris)

Poétesse estonienne (Tallinn 1958).

Elle exprime avec une grande richesse de nuances toute la gamme des sentiments amoureux (Images nocturnes, 1980), en leur conférant des résonances de plus en plus sacrées et métaphysiques (l'Ombre et l'instant, 1986) et en raffinant à l'extrême la musicalité de ses vers grâce à l'emploi croissant d'allitérations inspirées de la poésie populaire estonienne (À la Place du monde, 1992 ; le Cercle de l'âme, 1997). Elle a traduit Emily Dickinson et Anna Akhmatova.

Karinthy (Frigyes)

Écrivain et publiciste hongrois (Budapest 1887 – Siófok 1938).

Appartenant au groupe de la revue Nyugat, il se fit connaître par des pastiches (Voilà comme vous écrivez, 1912), des œuvres humoristiques (M'sieur !, 1916), des récits fantastiques (Voyage au Farémido, 1916 ; Capillaria ou le Pays des femmes, 1921 ; Danse sur la corde, 1923 ; Reportage céleste, 1938), des nouvelles (le Cirque, 1915 ; Rencontre avec un jeune homme, 1921) et des drames de science-fiction (Demain matin, 1915). Poète, il joue de l'ironie sentimentale, rappelant Henri Heine dont il fut le traducteur (Je ne peux le dire à personne, 1929). Son célèbre Voyage autour de mon crâne (1937) relate sa cruelle maladie (une tumeur au cerveau) et son opération, avec une lucidité implacable. Esprit encyclopédique, Karinthy s'y livre à de nombreuses observations d'ordre psychologique, physiologique ou sociologique.

Karlfeldt (Erik Axel)

Poète suédois (Folkärna 1864 – Stockholm 1931).

Il débute avec le recueil romantique Chansons de la forêt et de l'amour (1895) et devient populaire grâce aux Chansons de Fridolin (1898) et au Jardin de Fridolin (1901), dont le héros ressemble à son auteur et où l'on trouve, transposés en vers, le respect des traditions et les peintures naïves des artistes paysans de sa province de Dalécarlie. Son art a été couronné du prix Nobel en 1931.

Karpenko-Karyï (Ivan Karpovytch Tobilevytch, dit)

Auteur dramatique ukrainien (Arsenivka 1845 – Berlin 1907).

Acteur et critique lié au monde des théâtres (P. Saksahanskyï, M. Kropyvnitskyï) et à l'intelligentsia démocratique, il est auteur de drames (Sans terre, 1883 ; la Servante, 1885 ; À qui la faute ?, 1886), de tragédies historiques (Savva Tchalyï, 1899) et de comédies satiriques (Martyn Boroulia, 1886 ; Cent Mille, 1890 ; le Maître, 1900) évoquant avec saveur le village ukrainien de la fin du XIXe s.

Karr (Alphonse)

Journaliste et écrivain français (Paris 1808 – Saint-Raphaël 1890).

Ses débuts romanesques sont prometteurs dans le goût excentrique du temps (Sous les tilleuls,1832), mais sa verve se déploie dans le journalisme (il sera rédacteur en chef du Figaro). Il publia chaque mois à partir de 1839 les Guêpes, séries de pensées acerbes sur le monde politique. Fondateur du Journal, créé pour soutenir Cavaignac contre Louis-Napoléon, il se retira après le coup d'État de 1851 à Nice, où il fonda un établissement d'horticulture.

Karr et Wehner

Écrivains allemands : Reinhard Jahn, dit H.P. Karr (Saalfeld, Thuringe, 1955), et Walter Wehner (Werdohl, Westphalie, 1949).

Auteurs de nouvelles policières, ils s'associent et remportent le succès avec leur antihéros, Gonzo, un vidéaste d'Essen, contraint à mener des enquêtes pour se tirer d'affaire (le Printemps du vautour, 1994). Jahn a établi un dictionnaire des auteurs de policiers allemands, régulièrement mis à jour.