Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
P

Panorama (O)

Revue littéraire portugaise (1837-1864).

Liée au mouvement romantique, elle fut animée par A. Herculano, qui y publia des articles sur l'Arioste, le Tasse, Machiavel. Elle joua un rôle didactique important auprès du grand public.

Pansaers (Clément)

Écrivain belge de langue française (Neerwinden 1885 – Anvers 1922).

Après avoir publié la très cosmopolite revue Résurrection (1917-1918), il contribue par son radicalisme au groupe Dada parisien. Il revient pour se faire l'initiateur du célèbre numéro de la revue anversoise Ca ira, Dada, sa naissance et sa mort. Violence destructrice et inertie taoïste alternent dans des écrits libertaires comme Pan-Pan au cul du nu nègre (1920) ou l'Apologie de la paresse (1921).

p'ansori (récit dramatique chanté)

Ce genre apparaît au début du XVIIIe s. dans le sud-ouest de la Corée. C'est une dramatisation, sous une forme mi-chantée mi-parlée, de récits et de contes populaires. Il met en scène deux interprètes : le kwangdae, récitant-chanteur, et un joueur de tambour qui l'accompagne et l'encourage de la voix.

pantun

Forme poétique malaise, dont l'origine est controversée. Poésie populaire, orale et chantée, elle semble se rattacher aux « chants alternés » des concours poétiques de l'Asie du Sud-Est. Elle apparaît pour la première fois sous une forme écrite dans la chronique malaise du XVIIe s. Sejarah Melayu et dans les hikayat de la même époque. Le pantun est un quatrain à rimes croisées (a b a b), avec parfois une rime intérieure ; chaque vers se compose généralement de 4 mots, les deux derniers vers étant souvent devenus (ou reprenant) des proverbes populaires. Le pantun évoque des faits historiques, des coutumes traditionnelles, des énigmes. Il en existe de mélancoliques comme de satiriques. C'est Hugo qui révéla en France la structure du pantun (appelé aussi pantoun ou pantoum) par une traduction donnée en note dans les Orientales. Il fut imité par Théophile Gautier, Théodore de Banville, Baudelaire (« Harmonie du soir » dans les Fleurs du mal), René Ghil (le Pantoun des pantouns, 1901). Le pantun « français » comprend un nombre non fixé de quatrains à rimes (embrassées chez Baudelaire avec alternance de la disposition à chaque nouvelle strophe), construits de telle sorte que le 2e vers de chaque strophe est repris comme vers initial, et le 4e comme 3e vers, de la suivante ; en principe, le 1er vers du poème en est aussi le dernier. Ce mouvement de reprise a ceci de particulier – par rapport au refrain qui revient à la même place – que les 2 vers répétés sont chaque fois décalés d'une position (de 2 à 1 et de 4 à 3) et passent des positions paires (2 et 4) aux positions impaires (1 et 3) ; que chaque quatrain nouveau ne comporte que 2 vers nouveaux, ce qui fait que la progression est très lente et la liaison d'une strophe à la précédente très étroite ; et qu'enfin, puisque chaque fois 2 vers sont repris en position initiale et médiane, chaque quatrain se trouve pour le sens nettement découpé en son centre en 2 parties égales.

Panzini (Alfredo)

Écrivain italien (Senigallia, Ancône, 1863 – Rome 1939).

Exprimant la répulsion fascinée que lui inspirait la modernité, ses meilleurs récits, réunis dans Six Romans entre deux siècles (1930) et Romans des deux sexes (1941) oscillent entre l'histoire et l'autobiographie (la Lanterne de Diogène, 1907 ; la Pucelle sans pucelage, 1925 ; le Baiser de Lesbie, 1937).

Paoustovski (Konstantin Gueorguievitch)

Écrivain soviétique (Moscou 1892 – id. 1968).

Après avoir interrompu ses études, il exerce divers métiers, puis se fait connaître comme un romantique, habile à manier les thèmes de l'évasion (Nuages étincelants, 1929 ; les Romantiques, 1935 ; Mer Noire, 1936). Il est pourvu d'un sens poétique que préserveront ses romans d'édification (Kara-Bougaz, 1932 ; Colchide, 1934) et qui s'épanouit dans ses meilleures nouvelles (Jours d'été, 1937) en évocations impalpables d'instants privilégiés. Il se tourne alors vers le passé pour composer des récits historiques (le Destin de Charles Lonceville, 1933 ; Récit du Nord, 1938), puis des biographies d'artistes (Kiprenski, Levitan, 1937 ; Chevtchenko, 1939) qui le conduisent à une méditation sur son métier d'écrivain (Histoire des forêts, 1949 ; la Rose d'or, 1955). L'Histoire de ma vie (1945-1963), monumentale autobiographie où revit la Russie révolutionnaire du début du siècle, couronne son œuvre.

Papadat-Bengescu (Hortensia)

Femme de lettres roumaine (Ivesti, près de Tecuci, 1876 – Bucarest 1955).

Poète et auteur dramatique, elle est surtout une romancière. Histoire d'une famille, fresque sociale et étude psychologique d'inspiration proustienne, son cycle romanesque les Hallipa (composé de 4 volumes, dont le Concert de Bach (1927) est le plus connu) porte un regard, d'un réalisme pénétrant et sans complaisance, sur la bourgeoisie bucarestoise d'entre les deux guerres.

Papadiamantis (Alexandre)

Écrivain grec (Skiathos 1851 – id. 1911).

Fils d'un pope de Skiathos, il vécut comme un tâcheron des lettres entre Athènes et son île natale, où il mourut dans la pauvreté. Ses débuts sont marqués par de médiocres romans historiques jusqu'à ce que, avec Christos Milionis (1885), il trouve enfin sa voie : la nouvelle. Il en écrit près de deux cents, publiées dans les journaux de l'époque. Conservateur, marqué par l'orthodoxie, il décrit, en un mélange unique de langue savante, liturgique et de dialecte, le destin de ses compatriotes. Beaucoup de ces textes sont purement alimentaires, et la construction est souvent négligée. Pourtant, certains récits sont des réussites, comme la Meurtrière (1903), considérée comme son chef-d'œuvre, où il évoque la situation de la femme dans la société grecque rurale, mais aussi le problème du mal, dans un esprit qui rappelle Dostoïevski, dont il a traduit Crime et châtiment à partir du français. Ses développements lyriques sur la nature, son évocation nostalgique de la vie rurale grecque et son attachement à la religion orthodoxe, dans lesquels les Grecs se retrouvent, ont fait de lui un écrivain national.