Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
W

Wagoner (David Russel)

Écrivain américain (Massillon, Ohio, 1926).

Ses recueils de poèmes, de Soleil chaud, vent chaud (1953) à Landfall (1981), ses romans, d'Entre deux feux (1955), à Première lueur (1983), posent des interrogations sur la culture occidentale et affirment la perplexité d'un individu sans repères. Les rituels des Indiens et les paysages de l'Ouest offerts au regard de l'artiste deviennent instruments pour une nouvelle orientation.

waka

Opposé au kanshi (« poème en chinois »), ce terme désigne à l'origine l'ensemble des formes poétiques de langue japonaise. Cependant, contrairement aux autres formes attestées dans le Man.yo-shu mais rapidement tombées en désuétude, le tanka ou « poème court » (31 syllabes réparties en 2 groupes de 5-7-5/7-7) connaîtra une fortune extraordinaire, au point de devenir synonyme de « poème japonais », et constitue l'une des formes les plus représentatives de la poésie japonaise.

Wakoski (Diane)

Femme de lettres américaine (Whittier, Californie, 1937).

Son abondante production poétique, Monnaies et Cercueils (1962), Poèmes George Washington (1967), Dans l'usine à sang (1968), Nuages de Magellan (1970), Estompes (1972), Séquences hivernales (1973), Lettres de banquet du magicien (1982), Avidité complète I-XIII (1984), Reine de glace (1994), répond à quelques principes esthétiques essentiels : l'organisation d'un poème est d'abord une organisation d'images, qui ne procède pas d'un arrangement formel mais de l'intuition et qui n'exclut pas une nette lisibilité. L'ouverture vers l'improvisation est souvent présente.

Walcott (Derek)

Écrivain antillais (Castries, Sainte Lucie, 1930).

Enseignant, journaliste, peintre et poète, il est l'auteur et le metteur en scène d'une quinzaine de pièces de théâtre, produites pour la radio ou la scène, à Trinidad, à la Jamaïque ou aux États-Unis : Henri Christophe (1950), drame historique ; Rêve sur la montagne au singe et d'autres pièces de la même époque (1970), mélanges de culture populaire et de références à de grands textes, dans divers registres allant du dialecte et de l'anglais créolisé jusqu'à l'anglais de la reine ; le Trompeur de Séville (1975), adaptation de Don Juan traitée dans le genre de la comédie musicale ; Oh, Babylone ! (1978), consacrée aux Rastafarians ; Ressouvenance (1980). Également poète (25 Poems, 1948 ; Épitaphe à l'adresse de la jeunesse (1949) ; Poèmes (1953) ; Dans une nuit verte ; Poèmes, 1948-1960, 1962 ; Poèmes choisis, 1964 ; le Naufragé et autres poèmes (1965) ; le Golfe et autres poèmes (1969) ; Une autre vie (1973) ; Varechs, 1976, autobiographie en vers), sa poésie, locale et enracinée, présente néanmoins une indéniable dimension d'universalité. Faisant figure de novateur, notamment au Trinidad Theatre Workshop qu'il fonde, où il allie avant-garde et respect du folklore, revendiquant, d'autre part, le titre de « mulâtre du style » (il est le fils d'un père britannique et d'une mère de couleur), il mêle harmonieusement diverses langues (latin, français, anglais soutenu et patois), diverses traditions, l'influence du catholicisme ambiant et du méthodisme familial, et sait évoquer la grandeur parfois poignante de ces conflits dans des métaphores chatoyantes. Ses recueils suivants témoignent toujours de son intérêt pour le palimpseste (Omeros, 1990), les relations entre terre maternelle et terre d'accueil (le Testament de l'Arkansas, 1987) ou les interactions entre les cultures du Nouveau Monde et de l'Europe (la Munificence, 1997, et le Jardin de Tieppolo, 2000). Il reçoit le prix Nobel de littérature en 1992.

Une autre vie, poème autobiographique (1973). L'information factuelle et la narration n'y entravent nullement la célébration lyrique ou l'attaque passionnée. En quatre parties, il retrace l'éveil d'une vocation artistique dans un milieu villageois où certains personnages deviennent des héros de la mythologie classique. Puis, l'influence de Dunstan St. Omer et Harry Simmons révèle au poète que son talent n'est pas pictural. À la suite du grand incendie de Castries et de sa passion pour la blonde Anna Andreuille, sa vocation littéraire, qui supplante l'amour, devient le thème d'une quête qui cesse à son départ de Sainte-Lucie et reprend avec la mort du mentor, Harry.

Walda Mâryâm (alaqâ)

Ecclésiastique et historien éthiopien (seconde moitié du XIXe s.), auteur d'une des chroniques de l'empereur Théodore (1855-1868).

Écrite en amharique, comme celle du dabtarâ Zannab, la chronique de Walda Mâryâm est moins riche en détails mais plus complète, puisqu'elle couvre toute la vie du souverain. C'est l'œuvre d'un témoin engagé ; il a assisté à la plupart des événements qu'il décrit. Tout en s'efforçant de suivre l'ordre chronologique, il se laisse souvent aller à des retours en arrière. Son récit est parfois elliptique, faisant allusion à des faits dont il n'a pas parlé, souvent abrupt. Cela nous fait pénétrer dans la technique de rédaction de l'œuvre : récit écrit, mais jamais relu. L'auteur se complaît à rapporter des anecdotes précises et très éclairantes, à citer des vers composés à l'occasion de tel ou tel événement. Lorsqu'il juge des comportements, il reflète l'opinion des milieux ecclésiastiques proches du métropolite. Il nous donne, dans le cours du texte, des indications sur l'œuvre et sur sa propre carrière. La chronique a été écrite en 1881, treize ans après la mort de Théodore, sans doute à la cour du roi du Choa Ménélik, ce qui explique l'attention bienveillante portée aux faits et gestes de ce dernier. Walda Mâryâm était, en effet, un Choan, originaire de Mehuy Qwollâ Warraw, et, bien qu'au service de Théodore, en relations secrètes avec Ménélik du vivant même de son maître.

Walden (Georg Levin, dit Herwarth)

Musicien et écrivain allemand (Berlin 1878 – Saratov, U.R.S.S., 1941 ?).

Il épousa (1901) Else Lasker-Schüler, dont il se sépara vite. Il fonda en 1909 la revue Der Sturm et fut un des animateurs du mouvement expressionniste artistique (la Nouvelle Peinture, 1919) et littéraire. En 1932, il émigra en Union soviétique et collabora aux revues de l'émigration allemande (Das Wort, Die Internationale Literatur). On lui doit des romans (le Livre de l'amour de l'humanité, 1916), des drames (Épouse, 1917 ; Premier Amour, 1918 ; Enfant, 1918) et des poèmes (Quand l'amour est muet, 1925).