Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Diop (Cheikh Anta)

Écrivain sénégalais (Diourbel 1933 – Dakar 1985).

Il fait ses études de philosophie à Paris, où, autour de la revue Présence africaine, s'élaborait le concept de négritude. Ses travaux visent à réhabiliter l'homme noir qui est à l'origine de l'humanité, à lui rendre son histoire antique en rattachant l'Égypte pharaonique aux civilisations négro-africaines par des arguments ethnologiques et linguistiques. Ils sont aussi un plaidoyer pour l'unité africaine (Nations nègres et Culture, 1954 ; l'Afrique noire précoloniale, 1960 ; l'Unité culturelle de l'Afrique noire, 1960 ; Antériorité des civilisations nègres : mythe ou vérité historique, 1967 ; Civilisation ou barbarie, 1981). Ses thèses ont trouvé en Afrique et dans la diaspora un écho retentissant. Il est certainement l'un des savants les plus célèbres et l'un de ceux qui ont marqué le plus profondément la pensée africaine. Il fut également un militant politique actif.

Diop (David)

Poète sénégalais (Bordeaux 1927 - 1960).

Mort prématurément dans un accident d'avion au large de Dakar, il a laissé un unique recueil de poèmes (Coups de pilon, 1956), où il dénonce avec violence les méfaits du colonialisme en idéalisant l'« Afrique des fiers guerriers dans les savanes ancestrales ».

Dish (Thomas Michael)

Écrivain américain (Iowa 1940).

Son nom demeura longtemps attaché au magazine britannique d'avant-garde New Worlds. Il y fit paraître en 1967 Camp de concentration, roman sur les liens entre l'intelligence, le pouvoir et la mort, où apparaissent plusieurs des thèmes que reprendra toute son œuvre : le camp ou la cage, symbole de toutes les persécutions totalitaires, la communication et ses pièges et les « futurs sans avenir ». Pourtant Dish n'est pas un pessimiste systématique : Génocides (1965), retournant la problématique habituelle des romans cataclysmiques, raconte la transformation de la Terre en un champ de semences venues d'ailleurs et offre le tableau d'une nature à la fois prodigue et impitoyable. Refus du spectaculaire et prédilection pour les « non-lieux » du drame qui rend celui-ci encore plus insoutenable sont deux procédés également sensibles dans ses nouvelles (Casablanca, 1967 ; l'Homme qui n'avait aucune idée, 1978). Sur les ailes du chant (On Wings of Song, 1979), souvent comparé au 1984 de George Orwell, a fait de Dish l'un des meilleurs « ironistes » de la nouvelle littérature américaine.

Disraeli (Benjamin)

Homme politique et écrivain anglais (Londres 1804 – id. 1881).

Fils du critique et historien de la littérature Isaac Disraeli (1766-1848), il donna des récits où le romantisme sentimental s'allie à la satire (Vivian Grey, 1826 ; Contarini Fleming, 1832), avant de plaider dans sa trilogie « Jeune Angleterre » pour la démocratie tory (Coningsby, 1844 ; Sybil, 1845 ; Tancred, 1847). Déjà les Voyages du capitaine Popanilla (1828) attestaient l'acuité de son regard sur le snobisme et l'ambition : la suite de son œuvre critique et romanesque (Endymion, 1880) prouve la consanguinité de l'écrivain et du politique.

dit

Le terme désigne au Moyen Âge un texte en vers, non chanté, énoncé par un « je » qui s'investit dans son propos. L'investissement peut prétendre renvoyer à la vie de son auteur – ainsi au XIIIe siècle, de nombreux dits de Rutebeuf, au XIVe, du Voir Dit de Guillaume de Machaut – et tendre vers une poésie personnelle. Le dit propose plus souvent une réflexion générale, à dimension didactique, moralisante, satirique. Le Dit des hérauts, court poème du XIVe siècle, imitant le Conte des hérauts de Vaudouin de Condé, critique ainsi les défauts des hérauts d'armes et la décadence des joutes et des tournois. Le dit peut aussi intégrer au discours du « je » des ballades, rondeaux, lais, etc., qui illustrent le talent poétique de son auteur. Cette pratique se retrouve chez Machaut, Froissart ou encore Villon dans son Testament.

Dit de l'Ost d'Igor (le)

Poème épique russe anonyme (fin XIIe s.).

C'est le récit historique, mais dans une tonalité lyrique, de la campagne entreprise en 1185 contre les nomades polovtsiens, et l'évocation de la défaite, de la captivité et de l'évasion du prince Igor. Bien que, le manuscrit étant perdu, certains y voient une contrefaçon (à l'imitation d'Ossian), la plupart des critiques s'accordent à reconnaître l'authenticité de l'œuvre dont l'auteur est sans doute un laïc, compagnon d'un prince imprégné de tradition orale et connaissant également les orateurs ecclésiastiques et les annalistes.

Ditlevsen (Tove)

Femme de lettres danoise (Copenhague 1918 – id. 1976).

Dès les débuts perce le thème principal de l'œuvre, la pression de la société sur la fécondité de l'individu : les Adultes (1969), la Chambre ronde (1973). Elle est la romancière de la souffrance concrète (On a fait du mal à un enfant 1941, histoire d'un viol, la Rue de l'enfance, 1943), comme de la souffrance morale (récits autobiographiques, ou de société : les Visages, 1968 ; Cherche mari, 1975 ; Printemps précoce, 1999).

diwan, en fr. divan

Mot arabe (dawwana : « enregistrer ») et qui désigne, en littérature, un recueil de poèmes d'un même auteur ou, plus rarement, d'une même tribu, rassemblant qasida et fragments divers.

Le terme de « diwan » a été également employé pour certains recueils de poèmes d'écrivains juifs de l'aire méditerranéenne ayant adopté la métrique de l'école judéo-espagnole.

Diyab (Mahmud)

Dramaturge égyptien (Ismâ'îliyya 1932 – 1983).

Juriste de formation, il se lança dans l'écriture de pièces réalistes à dimension sociale et politique. Son théâtre affectionne particulièrement le milieu campagnard des villages égyptiens, dont il utilisa largement le dialecte rural (la Vieille Maison, 1964 ; l'Orage, 1967 ; l'Étranger ; Nuits de moisson, 1968). Il revint ensuite à l'arabe littéraire dans Un homme bon, en trois histoires (1970) et Porte des victoires (1971), sur la guerre des Six Jours, pièce qui fut interdite par la censure.

Dizdar (Mak)

Poète bosniaque (Stolac, Herzégovine, 1917 – Sarajevo 1971).

Son recueil de poésie le plus connu, le Dormeur en pierre (1966), est inspiré par le passé bosniaque à l'époque des « bogomiles » et de ses stèles médiévales. Il évoque ce monde apocalyptique, en cherchant ses propres racines dans un passé perdu et mystérieux. Mak Dizdar fait dans ses poèmes une synthèse de la sagesse et de la philosophie moderne.