Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
I

Imitation de Jésus-Christ
(De imitatione Christi)

ouvrage de piété en latin, attribué au moine Thomas a Kempis (une copie du traité, écrite de sa main, date de 1441). Composé de quatre livres (Admonitions à la vie spirituelle, Admonitions à la vie intérieure, De la consolation intérieure, Dévote exhortation à la sainte communion), cet ouvrage de méditation souligne l'importance de l'humilité aux dépens de l'intellectualisme. Il fut le manuel d'édification morale le plus répandu après la Bible et exerça une profonde influence sur l'Europe chrétienne. Il fut souvent traduit en français, notamment par Pierre Corneille.

Immanuel de Rome (ben Salomon)

Poète d'expression hébraïque (Rome, deuxième moitié du XIIIe s. – av. 1336).

Son œuvre principale, Mahbarot Immanuel (les Cahiers d'Immanuel), adopte la structure de la Maqama arabe : prose rimée entrecoupée de poèmes traitant de l'amour spirituel ainsi que d'érotisme sensuel, de la mort et de la sagesse, et témoignant d'une rencontre parfaite entre la poétique andalouse et la culture italienne. Il est le premier à composer des sonnets en hébreu.

Immermann (Karl)

Écrivain allemand (Magdebourg 1796 – Düsseldorf 1840).

Après des études de droit, Immermann fit une double carrière d'homme de lettres et de juriste. Longtemps absorbé par la composition d'une poésie de caractère épigonal, il finit par trouver sa voie dans la prose narrative : les Épigones (1836) et Münchhausen (1838-1839), réalisant, en marge de la Jeune-Allemagne mais bien mieux qu'elle, une des revendications de ce mouvement : traduire dans le roman les questions de l'univers contemporain. Ses Mémoires inachevés (1840) constituent un précieux document sur l'époque du romantisme et du Biedermeier.

impromptu

L'impromptu poétique (petite pièce spirituelle improvisée, ou prétendue telle, composée parfois sur des rimes imposées, les bouts-rimés), fut très à la mode au XVe siècle en Italie, puis en France dans les salons des XVIIe et XVIIIe siècles : Voiture, Fontenelle, Voltaire l'illustrèrent. Hugo, Musset et Mallarmé (Éventails) y excellèrent aussi. L'impromptu théâtral, jeu de salon, est devenu depuis l'Impromptu de Versailles (Molière, 1663), un moyen de mettre en scène les rapports de l'auteur à sa pièce, à ses interprètes, à son public (Giraudoux, l'Impromptu de Paris, 1937 ; Ionesco, l'Impromptu de l'Alma, 1960).

Imru al-Qays ibn Hadjr

Poète arabe (Arabie centrale, première moitié du VIe s.).

Considéré comme l'un des plus grands poètes de la période préislamique, il a laissé une œuvre caractérisée par son lyrisme, sa richesse métaphorique, qui frappait les Anciens (tachbih), et sa violence sensuelle. Sa vie et son œuvre posent des problèmes quant à la part légendaire de l'une et apocryphe de l'autre. Cependant, sa grande mu'allaqa représente encore le poème le plus célèbre et sans doute le plus étudié du patrimoine arabe. Commençant au petit jour sur le site que la tribu abandonne, son ode se poursuit par des évocations sensuelles et naturalistes culminant, le soir, en une sorte d'orage d'une réelle beauté.

In-Zikh

courant de la littérature yiddish qui se développa autour de la revue new-yorkaise In Zikh (1920-1940), où J. Glatstein, A. Glanz-Leyelès et N. B. Minkoff firent paraître le manifeste du mouvement : les nouvelles tendances de l'esprit doivent être traduites par de nouveaux rythmes ; liberté dans le choix des thèmes et du vers ; images concrètes et denses ; expression de l'expérience personnelle et du moi intérieur. Les principaux adeptes du mouvement furent B. Alquit, B. Lewis, K. Heisler, R. Ludwig.

inca

Peuplant la zone andine à l'époque précolombienne, les Incas développèrent toute une littérature en quechua, parvenue jusqu'à nous – aucun système d'écriture n'ayant été relevé – par l'intermédiaire de lettrés espagnols sous forme de fragments ou de résumés de mythologies, légendes, hymnes, poésies, chants, maximes et expressions théâtrales. L'art étant étroitement soumis à l'État dans cette société très structurée, la littérature était d'abord une littérature officielle chargée de donner une cohésion nationale à cet immense empire, d'enseigner et perpétuer les traditions et l'histoire ; manifestations officielles, récitations collectives ponctuaient la vie quotidienne des habitants des Andes. Les hauts faits militaires, les prouesses des empereurs ou des ancêtres mythiques étaient exaltés dans des « tragédies » ; les scènes de la vie quotidienne, notamment de la vie agraire, étaient représentées dans des « comédies » plus légères. La civilisation incasique semble être la seule à avoir connu un théâtre de ce type comportant des récitations et des scènes mimées, soutenues le plus souvent par la présence d'un chœur et d'un accompagnement musical. De très longues compositions en vers ou en versets rythmés mêlant mythologie, légendes historiques ou para-historiques se transmettaient de génération en génération. La poésie religieuse était extrêmement abondante : le culte rendu aux grands dieux Viracocha et Pachacamac a donné naissance à un foisonnement d'hymnes sacrés, de prières, d'odes et de chants épiques dont un certain nombre furent recueillis et transcrits par des religieux espagnols. À côté de cette littérature « officielle », religieuse et dynastique, existe un domaine profane où l'imaginaire s'exprime plus spontanément et dont l'amour, la tristesse, la solitude sont les thèmes favoris. Il existe aussi un corpus de maximes dont l'esprit s'est maintenu à travers des proverbes et des devinettes jusqu'à nos jours.

Ince (Özdemir)

Écrivain turc (Mersin 1936).

Poète et essayiste, il poursuit un dialogue avec la tradition orientale (mystiques arabes et persans) tout comme avec la modernité française (Lautréamont, Rimbaud, Char), dont il sera l'un des principaux traducteurs. Ses Poèmes complets (quatre volumes couvrant les années de 1963 à 1994) ont paru en 1994.

Incha (Allah Khan)

Poète indien de langue urdu (Murchidabad entre 1756 et 1758 – Lucknow 1818).

Poète enclin à la satire, virtuose du ghazal, écrivant aussi bien en turc, en persan, en arabe, en bengali ou en hindi, il est l'auteur de la première grammaire de l'urdu (l'Océan d'éloquence, 1807).