Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
M

Martín Gaite (Carmen)

Femme de lettres espagnole (Salamanque 1925 – Madrid 2000).

Romancière existentielle et sociale, elle amène ses personnages, à travers des états de crise, à s'interroger sur le sens de la vie (À travers les persiennes, 1957 ; Rythme lent, 1963 ; Litanies, 1974 ; Fragments intérieurs, 1976 ; la Chambre du fond, 1978). Elle a publié une thèse sur les Usages amoureux au XVIIIe siècle (1972), des poèmes (Par rafales, 1976) et une pièce de théâtre (Sans rien, 1985).

Martin Santos (Luis)

Psychiatre et écrivain espagnol (Larache 1924 – Vitoria 1964).

Empruntant à la fois à son expérience de l'incommunicabilité et à la technique du « nouveau roman », il est l'auteur d'un roman capital, les Demeures du silence (1962), tableau critique de la société espagnole. Son roman inachevé, Temps de destruction (1975), constitue une tentative romanesque plus élaborée. Il a écrit des essais scientifiques et un recueil de ses notes et réflexions a été publié (Apologues, 1970).

Martínez de La Rosa (Francisco)

Écrivain et homme politique espagnol (Grenade 1787 – Madrid 1862).

Partisan du « juste milieu » en politique comme en littérature, il composa, outre des essais politiques, des comédies, des tragédies néoclassiques et une tragédie historique. En 1830, il fit jouer, à Paris et en français, son drame Aben Humeya ou la Révolte des Maures. Plus proche de Delavigne que de Hugo, la Conjuration de Venise (1834) fut quand même considérée comme le premier drame romantique espagnol.

Martínez Estrada (Ezequiel)

Écrivain argentin (San José de la Esquina, Santa Fe, 1895 – Bahía Blanca 1964).

Après des débuts de poète moderniste (Or et Pierre, 1918), il se tourne vers un expressionnisme pessimiste (Humoresca, 1929 ; Couplets d'aveugle, 1959), puis se consacre à l'essai avec Radiographie de la Pampa (1933), sur l'évolution de l'Argentine, la Tête de Goliath (1940), étude sur Buenos Aires, Mort et transfiguration de Martín Fierro (1948), Analyse fonctionnelle de la culture (1960). On lui doit aussi un drame en vers (1929).

Martínez Sierra (Gregorio)

Écrivain espagnol (Madrid 1881 – id. 1947).

Poète moderniste (la Maison du printemps, 1907), il dirigea la collection « Renacimiento » consacrée aux dramaturges contemporains, qu'il révéla à la tête du premier « Théâtre d'art » d'Espagne (Shaw, Pirandello, Maeterlinck). Auteur de comédies (Madame Pepita, 1913 ; Don Juan d'Espagne, 1921) et de romans (Tu es la paix, 1906), il composa pour Manuel de Falla le livret de l'Amour sorcier (1915).

Martini (Plinio)

Écrivain suisse de langue italienne (Cavergno 1923 – id. 1979).

Il n'a jamais quitté la vallée de Maggia, où il a grandi : c'est là toute l'authenticité de ce romancier, qui a fait de cette région son thème de prédilection. En témoignent ses deux romans : le Fond du sac (1970), récit autobiographique d'un habitant de la vallée, qui, après avoir émigré en Californie, revient définitivement en 1946 sur une terre en déclin ; Requiem pour ma tante Domenica (1977), qui, autour des funérailles d'une vieille bigote, dresse un réquisitoire contre le catholicisme, synonyme de soumission au destin et abstention des plaisirs. Un volume d'études historiques et littéraires (Sur les sorcières et autre) a été publié en 1979.

Martins (Joaquim Pedro de Oliveira)

Homme politique et écrivain portugais (Lisbonne 1845 – id. 1894).

Autodidacte, économiste, ministre des Finances (1892), il aborda le roman historique, mais l'essentiel de son œuvre relève des études historiques abordées dans une perspective sociologique et culturelle. Son Histoire du Portugal (1879), les Fils de D. João Ier (1891), la Vie de Nun'Álvares Pereira (1893) et le Prince parfait (1896) restent des œuvres de référence sur l'histoire de son pays.

Martins Pena (Luís Carlos)

Auteur dramatique brésilien (Rio de Janeiro 1815 – Lisbonne 1848).

Fondateur du théâtre comique brésilien, il est l'auteur de pièces mettant en scène des types populaires (le Juge de paix, 1842 ; les Trois Médecins, 1845).

Martinson (Harry)

Écrivain suédois (Jämshög 1904 – Stockholm 1978).

Enfant abandonné (les Orties fleurissent, 1935), marin curieux du monde et fondateur, à ce titre, du « nomadisme mondial » (le Vaisseau fantôme, 1929 ; Nomade, 1931 ; Voyages sans but, 1932), il s'exprime dans une langue où les images surréalistes, une passion sensuelle des couleurs et des formes (le Chemin de Klockrike, 1948) entraînent une véritable révolution de la poésie suédoise. Ses Poèmes sur la lumière et l'ombre (1971) en font le plus original des écrivains « prolétaires ». Il a partagé, en 1974, le prix Nobel avec Eyvind Johnson.

Martinson (Helga Maria, dite Moa)

Romancière suédoise (Vårdnäs 1890 – Södertälje 1964).

Fille d'ouvrière, elle dut travailler jeune et ne commença sa carrière littéraire qu'à 43 ans. Elle s'engagea aux côtés des « écrivains prolétaires ». Ses récits les plus connus, de nature plus ou moins autobiographique (Mère se marie, 1936 ; Noces, 1938 ; les Roses du roi, 1939), dépeignent un prolétariat féminin dans sa lutte contre la pauvreté et le pouvoir abusif des hommes. Dans les années 1970, la critique féministe a contribué à solidifier sa réputation.

Martorell (Joanot)

Écrivain catalan (Valence 1413 ou 1414 – id. 1468).

Il trouva dans une ancienne légende d'Angleterre la matière de Guillem de Varoich (1444 ou 1445), œuvre inachevée qui constituera, une fois refondue, la première partie de son célèbre roman de chevalerie Tirant le Blanc, entrepris en 1460, terminé après sa mort par Martí Joan de Galbà et publié en 1490. Apparenté par bien des traits aux romans de chevalerie classiques, Tirant le Blanc s'en distingue néanmoins par une absence presque totale d'éléments merveilleux – originalité qui lui vaut d'être épargné lors de la destruction de la bibliothèque de don Quichotte. Par contraste avec l'énorme invraisemblance qui consiste à faire reconquérir l'empire grec et évangéliser toute l'Afrique du Nord par Tirant le Blanc, le roman manifeste un certain souci de réalisme dans la précision de maints détails géographiques et historiques et présente de nombreuses similitudes avec les aventures du capitaine Roger de Flor (1262 ?-1305). La langue souvent familière, l'abondance de traits d'humour et le piquant des scènes érotiques achèvent de le rapprocher de la sensibilité moderne. Sa diffusion et son influence s'étendirent bien au-delà du domaine catalan : traduit en italien (1501, 1538), et de là en français sous une forme abrégée, il influença l'Arioste, Bandello et Shakespeare (Beaucoup de bruit pour rien).