Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
F

Fréret (Nicolas)

Écrivain français (Paris 1688 – id. 1749).

Sa vie se confond avec ses fonctions à l'Académie des inscriptions et belles-lettres, où il entre en 1714 et dont il devient secrétaire perpétuel en 1743. Il y présente des mémoires historiques, portant sur l'Antiquité. Son érudition servit de fondement à une activité philosophique hétérodoxe. Il fit circuler, dans les milieux protégés de grands aristocrates et d'érudits libertins, des manuscrits clandestins qui professent un matérialisme (la Lettre de Thrasybule à Leucippe, 1722).

Fréron (Élie Catherine)

Écrivain français (Quimper 1718 – Paris 1776).

Recruté par les jésuites comme professeur de collège, il entra ensuite dans l'équipe de Desfontaines, où il fit l'apprentissage du métier de journaliste. Après la mort de Desfontaines, il lança les Lettres sur quelques écrits de ce temps (1749-1754), puis l'Année littéraire (1754-1775), qui devint l'un des organes principaux de la lutte antiphilosophique. Il attaqua violemment Rousseau, d'Alembert, les innovations littéraires et artistiques. Sa cible favorite fut Voltaire, qui répliqua sans ménagement dans le Café ou l'Écossaise, où il créa le personnage de Frélon, dans les Anecdotes sur Fréron, qui exploitaient les incidents de sa vie, et dans une série de satires et d'épigrammes. Fréron s'appuyait sur le parti dévot de la Cour, mais ses nombreux ennemis obtinrent son incarcération à la Bastille en 1751 et le retrait du privilège de l'Année littéraire à la veille de sa mort.

Freyre (Gilberto de Melo)
ou Gilberto de Melo Freire

Écrivain et sociologue brésilien (Recife 1900 – id. 1987).

Il fonda et dirigea, de 1923 à 1928, le mouvement régionaliste de Recife, organisa le premier Congrès d'études afro-brésiliennes (1934) et représenta le Brésil à l'O.N.U. (1949). Il étudie au long de son œuvre l'évolution historique du Brésil, mettant l'accent sur le phénomène de l'esclavage et les rapports sociaux qui en découlent. Son ouvrage inaugural, Maîtres et Esclaves (1933), traite de la famille brésilienne, sous le régime d'économie patriarcale, dans les régions des grandes plantations de canne à sucre, thème qu'il amplifiera dans Terres du sucre (1937), le Portugais et les Tropiques (1961) et le Foyer brésilien (1971).

Freytag (Gustav)

Écrivain allemand (Kreuzburg 1816 – Wiesbaden 1895).

Sa comédie les Journalistes (1852) lui apporta une renommée consacrée par le succès de Doit et Avoir (1855), roman social inspiré de Dickens et « première fleur du réalisme moderne » (Fontane) en Allemagne : la bourgeoisie marchande y retrouvait un reflet flatteur d'elle-même, de ses valeurs et de ses préjugés antisémites et slavophobes. Son œuvre n'est plus considérée aujourd'hui que pour sa valeur documentaire et pour son influence sur la mentalité bourgeoise et le sentiment national en Allemagne (Tableaux du passé allemand, 1859-1867 ; les Ancêtres, 1872-1881).

Frič (Josef Václav)

Écrivain tchèque (Prague 1829 – id. 1890).

Ses activités de révolutionnaire lui firent connaître la prison autrichienne, la résidence surveillée et l'exil. Poète (Vampire, 1849 ; Choix de poèmes, 1861 ; Chansons du bastion, 1918), il a également laissé des Mémoires (1886-1887) et publié en France, en collaboration avec Louis Léger, la Bohême historique, pittoresque et littéraire (1867).

Friel (Brian)

Écrivain irlandais (Tyrone, Irlande du Nord, 1929).

Enraciné dans la réalité irlandaise, son théâtre aborde les problèmes du monde contemporain (l'Ennemi interne, 1962 ; Philadelphie, me voici, 1966 ; Amants, 1969), avant de devenir plus activement politique (Droit de cité, 1973, évoque le Dimanche sanglant de 1972). En 1979, deux pièces majeures, Aristocrates et le Guérisseur, placent Friel à la tête du nouveau théâtre irlandais ; Traductions (1980) est une réécriture de Roméo et Juliette dans l'Irlande victorienne. Accaparé par sa compagnie théâtrale, « The Field Day Theatre », fondée en 1980 à Londonderry, B. Friel fait son retour à l'écriture en 1988, avec Faire l'histoire, tandis que la Danse à Lughnasa (1990) confirme le caractère poétique de son théâtre, assez peu novateur du point de vue formel.

Frik

Pseudonyme d'un poète arménien (Siwnik v. 1231 – en Cilicie v. 1300).

Ses 51 poésies connues, notamment sa longue Requête à Dieu, témoignent d'une conscience chrétienne profondément angoissée par l'exil et les malheurs de sa nation.

Frisch (Max)

Écrivain suisse-allemand (Zurich 1911 – id. 1991).

Reporter puis architecte, Frisch devint écrivain après la faillite d'une culture à laquelle il se sentait appartenir. Son œuvre théâtrale, inspirée de Brecht, mais libre de toute idéologie, recourt souvent au burlesque pour analyser la crise morale (la Grande Muraille, 1947 ; Andorra, 1962 ; Don Juan ou l'Amour de la géométrie, 1953 ; Biedermann et les incendiaires, 1956). Il a eu très tôt recours à la technique du journal intime supposé (Blätter aus dem Brotsack, 1940) et publié deux importants fragments de son Journal (1946-1949 et 1966-1971), qui contiennent en germe son œuvre future. Le roman Je ne suis pas Stiller (1954) dépeint le tragi-comique d'une recherche identitaire, tandis que Homo faber (1957) précipite un ingénieur épris de science et de progrès dans une catastrophe incompréhensible. Dans sa pièce Andorra (1965), une communauté désigne l'un de ses membres comme juif. Progressivement, il devient l'« autre » en acceptant, jusqu'au sacrifice expiatoire, l'image que la communauté lui renvoie : une tentative didactique de déconstruire l'antisémitisme. Dans Biedermann et les incendiaires (1958), le personnage éponyme, accepte de donner asile à deux clochards. Même lorsqu'il devient évident qu'il s'agit d'incendiaires qui s'apprêtent à récidiver et à faire partir la ville en fumée, Biedermann préfère « faire confiance », dans l'espoir de détourner la catastrophe de ses biens : il va jusqu'à tendre les allumettes. L'obsession de la quête identitaire  fait écho à celle du dialogue impossible (Montauk, 1976), se charge de symbolisme dans L'homme apparaît au quaternaire (1979) ou se déroule au rythme du récit policier dans Barbe-Bleue (1982). Sa correspondance erratique avec Dürrenmatt (parue en 1999) résume un demi-siècle d'engagement et révèle l'humaine rivalité qui opposait les deux auteurs suisses.